Vol en réunion au centre-ville de Dakar : Le Parquet poursuit les complices et ignore «les filles à papa», auteurs du délit


Vol en réunion au centre-ville de Dakar : Le Parquet poursuit les complices et ignore «les filles à papa», auteurs du délit
Dans une affaire de vol en réunion jugée hier, le Parquet a décidé de poursuivre uniquement les présumés complices, le vigile et le gérant d’un immeuble loué à des filles, âgées entre 14 et 19 ans et présumées auteurs du délit, qui s’y étaient retrouvées avec leurs amants respectifs. La lutte des classes sociales tourne souvent en faveur de la bourgeoisie. L’affaire qui a atterri au Tribunal des flagrants délits de Dakar hier, a conforté cette thèse. En effet, les sieurs Mamadou Ndoye et Alpha Bâ, respectivement vigile et gérant d’un immeuble, sis au centre-ville, ont été envoyés en prison par des enfants «filles à papa».

En vertu de son pouvoir, le Parquet a décidé de ne pas déclencher de poursuites à l’encontre des présumées voleuses, C. Aw (16 ans), S. Dial­lo (14 ans) et Marie Bernadette (19 ans) pour une affaire de vol en réunion, un fait présentant les caractéristiques d’une infraction. Face aux nommées C. Aw, S. Diallo et M. Ber­na­dette, des voleuses qui assument leurs actes, le Parquet a décidé de ne pas les poursuivre. Trem­blantes à la barre, elles n’ont fait que témoigner.
Par contre, Mamadou Ndoye et Alpha Bâ sont poursuivis pour complicité de vol par le Parquet. Lorsque le procureur de la République a reçu le dossier qui leur vaut leur comparution, il en a décidé ainsi.

Profitant de la situation d’enfants nantis des jeunes filles, Mamadou Ndoye et Alpha Bâ s’étaient permis de leur louer des appartements. Ces enfants vont jusqu’à se constituer en groupe pour louer un appartement dans le seul but d’y amener leurs amants respectifs en toute discrétion.
Les fillettes se sont livrées à la cigarette, au chanvre indien et à l’alcool. C’était la débauche. Les trois mineures, habituées à la belle vie, du fait de leur situation sociale, habitent les quartiers les plus huppés de Dakar. Mais cette chance, ils ne vont pas la saisir et la mettre en valeur.
Les jeunes filles avaient l’habitude de fuguer de leur domicile, fuyant leurs parents. Lors de leur dernière fugue, elles ont loué un appartement au centre-ville pour quatre jours à hauteur de 100 000 francs Cfa en compagnie de leurs différents copains.

Le vigile et le gérant de cet immeuble les ont poussées à subtiliser des objets de valeur dans un autre appartement de l’immeuble qu’occupaient un ressortissant sénégalais et ses collaboratrices italiennes. Profitant de leur situation d’enfants «riches», ils les incitent à prendre les deux téléphones portables et les effets de toilette des Italiennes. Ceci, en leur remettant les clés de l’appartement. C’est ainsi que C. Aw, S. Diallo et Marie Bernadette ont chipé les objets de valeur de leur colocataire qu’elles vont essayer de revendre.
Ce qui a valu au vigile et au gérant de l’immeuble en location leur comparution à la barre, pour complicité de vol. Le Parquet a tenu à préciser que les faits de complicité de vol sont constants dans cette affaire, même si les prévenus tentent de nier les faits qui leur sont reprochés. Ainsi, il a requis 2 ans de prison dont 6 mois ferme pour Mamadou Ndoye et 6 mois ferme pour son présumé complice Alpha Bâ.

Le parquet avait tancé les présumées voleuses. Il les a invitées à arrêter les activités qu’elles mènent et d’aller poursuivre leurs études.
L’un des avocats de la défense s’est offusqué du fait que les principales auteures du délit ne soient pas poursuivies. Me Abdourahmane Sô dira ainsi : «Le Parquet apprécie l’opportunité des poursuites. Il a le droit de poursuivre ou de ne pas poursuivre. Mais sur le plan de l’étique et de l’équité, la balance de la justice a trébuché». Me Sô poursuivra en indiquant : «Même si les files sont mineures (C. Aw et S. Diallo), il y a des tribunaux pour les mineures, des prisons pour les mineures. Marie Bernadette Mansou a 19 ans, elle devait être poursuivie» devant le tribunal.
Les avocats de la défense ont finalement plaidé non coupables et de­mandé la relaxe de leurs clients.
Le Tribunal des flagrants délits de Dakar va rendre son délibéré, aujourd’hui.

( LE Quotidien )
Mardi 29 Novembre 2011




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