Un ndigueul pour sortir de l'impasse politique


Nous avons tous en cette heure grave de l’histoire du Sénégal, un devoir que chaque acteur doit jouer pleinement à son niveau de responsabilité. Le nôtre en tant que citoyen est de participer, à la lutte sous toutes ses formes pour la défense de la démocratie, des libertés et de l’honneur des sénégalais que nous sommes. Cette action, nous l’avons toujours menée sans complexe de 1988 à 2000 comme des millions de sénégalais pour que triomphe l’alternance et ce ne sont pas des « wadistes » transhumants, arcboutés dans leurs hideuses certitudes qui nous feront renoncer à notre mission aujourd’hui.

Le Sénégal vit une heure grave. Déjà le sang d’innocents a été versé en quelques jours de manifestation et pour unique réponse, WADE déclare dans un air poétique de mauvais goût qu’«une brise est un léger vent qui remue les feuilles des arbres mais elle ne devient jamais un ouragan ». Alors faut-il pour ce vieil homme qu’une centaine de gens meurent dans les rues de Dakar et de l’intérieur du Sénégal pour que cet « ouragan funeste » le ramène à la raison ? Nous avions cru en WADE en l’élisant en 2000 mais douze ans après, cet homme est devenu un danger pour le Sénégal et nous avons le devoir de sauver ce pays.

Il y a des respirations populaires que tout croyant doit saisir au vol pour agir conformément aux prescriptions de DIEU car le sang de nos concitoyens tués par la police ne vaut pas moins celui de Karim Meissa Wade ou de Sindjely au point d’insulter nos morts en assimilant leur sacrifice à «un léger vent qui remue les feuilles des arbres ».

A 86 ans, Wade est un homme fini politiquement et il le sait. Ce combat n’est d’ailleurs plus le sien mais celui d’un clan aux abois qui compte mettre résolument sur la balance sa détermination à nous asservir et nous devons leur opposer la nôtre à vivre dignement, libres et dans un pays en paix. Car nous voulons tous la paix. Nous voulons que cette paix qui fait la singularité du Sénégal demeure, que nos femmes nos mères et nos enfants vaquent librement à leurs occupations sans se faire canarder comme des lapins. Mais la paix n'est pas un vain mot. Ce n’est pas non plus une incantation. C'est le fruit d'un engagement. Celui d’une Nation prête à se conformer aux règles communes à tous de quelque bord ou l’on trouve car, sans elles il n'y a pas de justice, sans justice pas d'ordre, sans justice pas d'équité sinon c'est la porte ouverte à toutes les dérives.

Une Nation ne peut prospérer que dans le jeu équitable des acteurs citoyens qui la composent et qui tous doivent se conformer aux lois dont le socle est notre constitution. Lorsque la loi devient un moyen pour la puissance publique d’asservir les faibles et qu’elle protège les forts, elle devient le bras armé de l’injustice pour l’embastillement d’honnêtes citoyens, et s’érige en rempart contre l’ordre. Les sénégalais qui manifestent contre un troisième mandat d’Abdoulaye Wade ne demandent pas grand-chose. Ils veulent uniquement le respect de notre constitution. Mais on ne leur donne pas d’autre choix que de l’exiger dans la rue. Lorsque la constitution n’est respectée ni par le premier magistrat de ce pays, ni par les membres du conseil constitutionnel, l’Etat hors la loi ne peut plus exiger de nous le respect d’aucune loi. Nous sommes obligés d’aller jusqu’au bout de notre engagement car la seule issue qui nous est donnée est le rapport de force pour contraindre Wade au renoncement.

Il eut été facile de résoudre cette équation qui n’en est en vérité pas une, si un sursaut d’orgueil avait animé ces « robes noires » et les avait conduit à dire le droit, rien que le droit. Mais Wade comme à son habitude avait tout prévu en s’assurant depuis longtemps la complicité des membres du conseil constitutionnel qui n’ont pas hésité un seul instant, à commettre l’irréparable malgré les risques qu’une telle décision faisait peser sur la stabilité politique de notre jeune Nation. Valider cette candidature illégale et inconstitutionnelle fut une forfaiture aux conséquences graves et ne pas motiver cette décision de manière claire et pertinente est un aveu de partialité.

L’honorable juge Kéba MBAYE disait de l’éthique, à l’université Cheikh Anta Diop et devant un parterre de personnalités de l’éthique parmi lesquels figurait Yankhoba Ndiaye actuel membre du conseil constitutionnel, qu’elle "devrait être adoptée par notre pays comme la mesure de toute chose car, accompagnant le travail, elle il est la condition sine qua non de la paix sociale, de l’harmonie nationale, de la solidarité et du développement." Cette invitation est d’une grande portée car nous vivons une période où seule compte la finalité, peu importe les moyens utilisés. C’est cette logique détestable que nous avions combattue pour mettre sur pied un nouveau régime en 2000, mais elle s’est hélas accentuée avec Wade comme chef d’Etat résolument engagé dans l’inversion de l’ordre traditionnel des valeurs et de la morale. Il a érigé la corruption et la soumission des populations à sa propre loi en règle, conférant les avantages à ses affidés dont le seul mérite est de courber l’échine en signe de fidélité au maître. Par le jeu de la transhumance politique, Wade a le recyclé ce que notre classe politique compte de plus détestable. Ce sont ces hommes et ces femmes, conscients du destin carcéral qui les attend pour la plupart qui bombent le torse aujourd’hui, décrétant par ces temps difficiles où le peuple sénégalais souffre, que Wade gagnera dès le premier tour le 26 février prochain. Tout cela est inacceptable. Puisque Wade a insidieusement inoculé la perversion dans la conscience collective, les citoyens ont le devoir impérieux de restaurer l’Etat dans ses missions nobles et pour cela aucun sacrifice n’est de trop.

A la veille du vote le 23 juin 2011 du projet de loi portant révision de la constitution, les citoyens ont interpellé tous les religieux afin qu’ils interviennent pour éviter que notre pays ne sombre dans le chaos. Et aujourd’hui plus que jamais ils ces religieux sont invités à prendre en main la problématique du dérèglement du dialogue politique pour sauver le Sénégal. Nous leur demandons de s’investir pour sauver le Sénégal car ils sont les garants naturels de l’ordre moral et c’est à ce niveau que toute la question politique s’articule au-delà de la problématique juridique que pose la candidature de Wade. Car on ne peut comprendre qu’un guide religieux puisse cautionner qu’un homme de 86 ans, président de la république de surcroit se parjure en public en disant « ma waxoon waxeet » sans que la sanction morale qui sied ne lui soit délivrée. On ne peut vivre dans un pays ou le gardien de la constitution foule aux pieds les principes de notre société et érige la corruption comme règle de gouvernement, sans saper les bases de ce que nos guides religieux rappellent quotidiennement à leurs disciples, c’est-à-dire le socle de notre morale individuelle et collective.

Mame Abdoul Aziz Sy n’est plus de ce monde mais ses enseignements sont encore présents dans nos mémoires. Pour vivifier son message et sauver ce pays, tous les sénégalais doivent s’y mettre et seule la vérité doit triompher. C’est pourquoi nous prions pour qu’au même titre que le khalif de Leona Niassenne et de Serigne Abass Sall de Louga, nos guides religieux invitent sagement Wade à retirer sans candidature pour un troisième mandat illégal et dangereux pour la stabilité de notre pays.

C’est un acte citoyen qui peut sauver le Sénégal.

Seydina Oumar MBENGUE
Paris France
seydinambengue@gmail.com
Vendredi 10 FĂ©vrier 2012
Seydina Oumar MBENGUE