Un hôpital de Médecins sans Frontières bombardé en Afghanistan, les États-Unis peut-être responsables (Photos)


Un hôpital de Médecins sans Frontières bombardé en Afghanistan, les États-Unis peut-être responsables (Photos)
Le centre de soins de Médecins sans Frontières (MSF) à Kunduz, ville afghane reprise aux talibans par l'armée, a été "fortement endommagé" par un bombardement nocturne qui a tué plusieurs membres du personnel et pourrait être dû à une frappe américaine.

Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans ce centre de soins, situé à proximité du centre-ville de Kunduz.


Selon les dernières informations, au moins neuf membres du personnel sont décédés et près de 40 personnes sont blessées.


Cette grande ville du nord afghan a été le théâtre d'âpres combats entre les talibans et les forces de sécurité afghanes cette semaine.

Les coordonnées GPS avaient été communiquées maintes fois, selon MSF

En Afghanistan, les frappes aériennes de la coalition de l'Otan font l'objet d'une forte controverse quant à leur utilité et aux "dommages collatéraux" qu'elles engendrent. En juillet dernier, 10 soldats afghans avaient ainsi été tués par erreur dans un raid américain contre le barrage qu'ils tenaient dans la province orientale de Logar.

La frappe qui a touché l'hôpital de MSF a été menée au coeur de la nuit et visait des "personnes qui menaçaient les forces de la coalition", a indiqué le colonel Brian Tribus, porte-parole de "Soutien résolu", la mission de l'Alliance atlantique en Afghanistan. "Elle pourrait avoir causé des dommages collatéraux dans un centre médical qui se trouvait à proximité. Une enquête a été ouverte", a-t-il précisé.

Sur Twitter, MSF assure que tous les acteurs du conflit avaient les coordonnées exactes du centre de soin. Coordonnées qui ont été communiquées à plusieurs reprises à Washington et Kaboul, y compris pas plus tard que le 29 septembre.

Seul hôpital de la région capable de traiter des grands blessés

Le centre de soins de MSF a apporté une aide cruciale à la population civile depuis lundi et la prise de Kunduz par les talibans, puis la contre-offensive des forces de sécurité afghanes. C'est le seul hôpital dans cette région du nord de l'Afghanistan capable de traiter des grands blessés. Il a fonctionné "au-delà de ses capacités" ces derniers jours. "MSF a traité 394 blessés depuis lundi", a expliqué Bart Janssens, directeur des opérations de l'ONG. "Nous sommes profondément choqués par cette attaque", a-t-il ajouté.
 


Un habitant de Kunduz a raconté avoir tenté de joindre, en vain, six de ses amis, tous médecins et infirmiers à l'hôpital de MSF. "Je n'ai aucune nouvelle d'eux. Ils sont peut-être morts", a-t-il dit.


Le nord afghan en ligne de mire

Mais les frappes se sont avérées cruciales dans le soutien apporté par l'Otan à l'armée afghane dans sa contre-offensive pour reprendre Kunduz aux talibans. Les insurgés sont parvenus à s'emparer de la ville en quelques heures seulement lundi, remportant ainsi leur plus grande victoire depuis la chute de leur régime en 2001 et infligeant un grave revers au président Ashraf Ghani.

Les forces de sécurité afghanes ne leur ont opposé qu'une faible résistance, symptômatique des énormes difficultés qu'elles rencontrent pour contenir les combattants islamistes, actifs non seulement dans leurs fiefs du sud et de l'est mais aussi dans le nord désormais.

Outre Kunduz, les provinces du Badakhshan, de Baghlan et de Takhar sont le théâtre d'une offensive de plus en plus féroce des rebelles qui poussent pour tenter de prendre des centres urbains. Dans le Badakhshan, les talibans ont brièvement conquis vendredi le district de Baharak, proche de la capitale de la province Faizabad, avant d'être repoussés.

L'armée afghane est d'autant plus surmenée qu'elle ne peut plus compter sur l'appui au sol de l'Otan. Depuis la fin de sa mission de combat, l'Alliance compte 13.000 hommes cantonnés à des missions de soutien et de formation de leurs homologues afghans.

HuffPost / AFP

Samedi 3 Octobre 2015




Dans la même rubrique :