Transition au Tchad : L'opposition et la société civile récusent Déby fils, la France et les Etats-Unis en déphasage, l’armée divisée.


Après la mort d’Idriss Déby Itno, c’est son fils Mahamat Déby qui a pris le pouvoir. Déby fils qui est un pur produit de l’armée, a été installé à la tête d’un comité militaire de transition pour diriger le pays. Mais cette instance peine même à convaincre au sein de l’armée. Le général Idriss Mahamat Abderahmane Diko a fait une déclaration sur VOA pour s'ériger contre ce qu’il appelle «un coup d’Etat» préparé par un «petit cercle amical militaire». 

Au nom de plusieurs généraux, d’officiers subalternes et d’hommes du rang, le Général Diko demande la restitution du pouvoir au «peuple» et s’aligne ainsi sur la position de la Coordination des actions citoyennes (Wakit Tama). «Nous représentons l’armée nationale républicaine (...) nous avons demandé à nos frères d’armes et nous appelons le comité militaire de transition à la raison pour qu’on puisse s’asseoir autour d’une table en incluant la société civile, les syndicats, toutes les organisations qui représentent le peuple tchadien dans sa diversité pour un dialogue inclusif».
 
De cette discussion devraient émerger, selon le Général Diko, des résolutions à même de garantir une transition dont la finalité est d’organiser des élections présidentielles indépendantes et libres. Il rappelle que le rôle de l’armée n’est pas de prendre le pouvoir, mais d’assurer la sécurité et l’intégrité du territoire. Cette déclaration acte la division de l’armée tchadienne. Laquelle division risque d’installer le chaos au Tchad.
Les partis politiques de l’opposition ont déjà choisi leur camp. Dans un communiqué, ils condamnent fermement le coup d’Etat institutionnel opéré par les généraux de l’armée après la mort d’Idriss Déby et appellent à l’instauration d’une transition dirigée par les civils dans le respect de l’ordre républicain à travers un dialogue inclusif.
 
Dans la même dynamique, le bureau exécutif de l’Union des Syndicats du Tchad «rejette que la transition soit assurée par les militaires» tandis que des organisations de jeunes de la société civile appellent à un dialogue inclusif sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.
 
Pour leur part, les présidents et secrétaires généraux des partis de l’opposition «mettent en garde la France, notamment Emmanuel Macron, le ministre des Affaires étrangères et les généraux de l’armée française de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures du Tchad».
 
Après avoir regretté la perte d’un «ami courageux», Paris qui exprime son ferme attachement à la stabilité du Tchad», dit prendre acte de l’installation d’un comité militaire de transition. La France rappelle cependant que la transition doit se dérouler dans «des conditions pacifiques, dans un esprit de dialogue avec tous les acteurs politiques et de la société civile, et permettre rapidement un retour rapide à une gouvernance inclusive s’appuyant sur les institutions civiles».
 
Plus exigeants, les États-Unis militent pour une transition respectant les dispositions de la Constitution tchadienne.
 
La version de 2018  qui reste la référence en la matière dispose en son article 81 qu’«en cas de vacance de la Présidence de la République pour quelque cause que ce soit ou d'empêchement définitif constaté par la Cour Suprême saisie par le Gouvernement et statuant à la majorité absolue de ses membres, les attributions du Président de la République, à l'exception des pouvoirs prévus aux articles 85, 88, 95 et 96 sont provisoirement exercées par le Président de l'Assemblée Nationale et, en cas d'empêchement de ce dernier, par le 1er Vice-président».
 
De leur côté, les rebelles dont les balles ont eu raison d’Idriss Deby promettent de marcher sur Ndjaména et donnent un ultimatum de 15 à 28 heures à Mahamat Idriss Deby pour enterrer son père. L’avenir du Tchad n’a jamais été aussi incertain...
Mercredi 21 Avril 2021




Dans la même rubrique :