Sénégal: Arrêtez le massacre ! (Par Cheikh Yérim Seck)


DAKARACTU.COM  Il ne se passe pas de jours ces derniers temps, comme une malédiction, sans que nous apprenions par des journaux qui s’en régalent, et qui en font des choux gras, d’indicibles catastrophes. Elles sont routières avec des drames qui coûtent la vie à des milliers de Sénégalais par an, transportés en toute indifférence étatique par des cercueils roulant en toute légalité, tous papiers en règle, et tuant des passagers en toute impunité. Pas de sanctions, mais des déclarations. L’Etat sénégalais connait mieux que quiconque les causes qui conduisent à ces meurtres perpétrés par des chauffards rigolards et cyniques, encouragés dans leurs tueries quotidiennes par une police et une maréchaussée qui ne pensent qu’à tirer profit de leurs fautes assassines, en discutant avec eux sur le bord de la route. On additionne les morts et on compte des blessés à jamais estropiés, mais jamais nous n’entendons dire que cela suffit, qu’il faut sévir. Les fumeurs de chanvre emplissent nos prisons, mais pas beaucoup de chauffeurs qui ont enlevé des vies à des passagers qui n’avaient eu que le tort de ne pouvoir prendre que leur véhicule pourri. L’Etat laisse faire et ne veut surtout pas réglementer ce secteur qui comporte des intérêts liés à des lobbies. Visites techniques nulles, permis vendus à des ignorants au vu et au su de tous, indiscipline caractérisée de ces derniers, corruption des policiers... font le lit de ce drame national. Que fait l’Etat ? Rien ! Ou plutôt si ! Il fait le mort, sans jeu de mots. Des morts, il y en a aussi du fait de cette violence qui se répand insidieusement dans notre société. Des meurtres horribles tous les jours et du sang, en-veux-tu en-voilà, à la une de nos journaux. On s’en repaît, mais jamais nous ne nous posons la question de notre droit à la protection par l’Etat, de la mission d’ordre public à défendre en préservant et sécurisant et nos biens et nos personnes. Faites le « 18 » pour voir si, en cas d’agression, vous allez être secourus. Et si, par miracle, vous avez un policier au bout du fil, vous apprendrez que les véhicules de la police n’ont pas d’essence, façon de vous signifier que "les forces de l'ordre" n’ont pas du tout envie d’aller se frotter à des agresseurs bodybuildés, alors que notre police n’a pas adapté son recrutement à cette évolution physique de notre population délinquante. Pour sécuriser, il faut d’abord être respecté. Or, voir toute la journée des flics qui quémandent leur surplus de salaire à des citoyens n’inspire pas le respect. Que font les préposés au service qui délivre les autorisations de construire ? Les condamne-t-on à la prison pour avoir délivré des autorisations à des charlatans qui vont rogner sur le matériel pour en détourner les sommes nécessaires à la solidité de leurs bâtisses, en se moquant comme de leur première truelle des morts qui vont sortir des décombres que leur insouciance criminelle aura causés ? Même pas en rêves ces salauds ne sont punis. Parce que la lâcheté de ces préposés à la sécurité de nos habitats ne sera jamais pointée du doigt, ni le soupçon sur une éventuelle enveloppe donnée en guise de permis de tuer des locataires, auxquels la pauvreté prive du droit d’ester en justice. Que fait l’Etat ? Rien. Discours, encore des discours impuissants, qui nous anesthésient. Alors, disons non ! Il serait plus que temps que cette indiscipline meurtrière soit taxée, elle nous ferait rentrer dans les caisses des centaines de milliards. Un immeuble à terre ? 10 ans par blessé ! 20 ans par mort ! Un accident mortel ? 10 ans par blessé ! 20 ans par mort ! Pourquoi l’Etat ne fait rien ? Parce qu’on n’a jamais réussi à balayer un escalier correctement en commençant par le bas. Tout simplement.
Samedi 25 Aout 2012
Dakar actu