Il ne fait plus aucun doute, aujourd’hui, et cela n’a point besoin de sondages pour se démontrer, que les Sénégalais ne veulent plus de lui.
Maître jadis dans l’art de séduire sur parole, ravissant charisme et aura aux plus fins politiques de son rang, à la robe si élégamment cousue de millions de fibres dorées que jeunes et aînés, hommes et femmes ont eu la patience, l’abnégation et la confiance de tisser.
Toge d’espérance et symbole d’espoir, aux multiples galons rappelant l’exceptionnelle carrière d’un érudit hors classe. Qui aurait gagé qu’un si bel apparat finirait, rien qu’en une seule décennie de commande, en si laids haillons ? Déchiré sous le coup d’une dizaine de retouches constitutionnelles, de centaines de coups de marteau aux droits de l’Homme, de milliers de fautes de gestion budgétaire – si ce n’est de corruption on de concussion – et surtout mais alors vraiment des millions et des millions de désillusions de jeunes, de femmes, d’enfants, d’étudiants et de diplômés, de pêcheurs, pasteurs et paysans, de talibés et d’éboueurs, de tailleurs et de soudeurs qui n’en peuvent plus de ployer sous la misère de la chaude obscurité, attendant désespérément le retour du signal rouge pour faire tourner leurs machines.
Oui, il est vrai, j’ai encore une grand mère foncièrement nostalgique de cette saga du sopi, brillant aux mille et un feux, ameutant quartiers, villes et villages derrière le cortège d’un pape à l’époque quasi messianique. Hélas, Gorgui, ta jeunesse elle a bien fini de prendre à son compte, ta si belle rhétorique qui te fait préférer sa disponibilité, sa valeur elle entend, aux milliards de l’étranger.
L’an 2000 que le grand regretté poète président nous prédisait si généreusement d’ouverture de l’ère de grâce et de grande prospérité, n’aura en définitive accouché que d’une race de mutants politiques, cupides et égoïstes, d’une arrogance malséante, intellectuels concupiscents et antipathiques, à la morale souvent rattrapée aux confins de la dérive et de la trahison.
Mais évidemment, Sédar n’avait pas compté avec la miraculeuse consécration, que d’aucuns n’ont pas, à juste titre, hésité de qualifier « par défaut », de son illustre ami « Ndiombor ».
2012, douze ans après son accession à la magistrature suprême, élu de l’une des plus belles manières de l’histoire de la démocratie africaine, le Président Démocratique Sénégalais tient encore, chers concitoyens, à ce qu’on lui donne la fameuse « troisième chance » ! Sa loi : « silence, je sais ce qui est mieux pour vous !».
Désolé Papi, nous préférons garder encore le frêle souvenir de notre grand idole, que nous pardonnerons simplement d’avoir été insidieusement rattrapé par les vicissitudes et autres élucubrations de la politique politicienne à la sauce libéralo-transhumante. Epargnez-nous donc le supplice d’une Commission Vérité Réconciliation et le sombre tableau d’une audience avec à la barre, notre grand maître.
Dignement, vous n’avez jamais accepté de « marcher sur des cadavres pour rentrer au palais », n’attendez pas non plus que des cadavres marchent sur le palais pour vous en sortir.
Mais enfin stop ! L’alerte est donnée. Que désormais quiconque nourrit la lourde ambition tant noble qu’elle est, de présider aux destinées de plus de douze million de braves et valeureux sénégalaises et sénégalais, au pays ou dans la diaspora, que désormais celui-là sache que nous ne nous laisserons plus mener en bateau, ni couper les vivres, encore moins le courant.
Certes, là demeure mon inquiétude, tant je sens le spectre de notre pis-aller de 2000 encore peser sur nos têtes : qui diable peut tenir le gouvernail ?
L’ « homo senegalensis » a cela de particulier, de toujours se dire, lorsque le mal l’étreint « nafi djogué rek, lou gneuw geun liffi newoon »
Pour peu que nous sachions apprendre de nos erreurs, nous devrions bien nous entendre cette fois, que nous ne voulons plus d’un pis-aller, mais bien d’un mieux vivre, et que ceux-là qui n’ont pas les arguments clairs d’être capables de faire mieux, et largement mieux, s’abstiennent à jamais.
Il importe désormais que les sénégalais sachions que nous ne sommes pas que de simples électeurs, mais que nous devons exiger de ceux-là que nous avons à élire, des arguments d’éligibilité assez solides en amont, et des gages de sécurisation du contrat de gouvernance en aval. Ceci devrait se matérialiser à travers un programme non plus de simple alternance, comme le fut celui si mirobolant du sopi et de ses divers avatars, mais bien un programme d’alternative réelle. Pour se faire, il devrait être assorti, en closes claires, d’engagements fermes et inaliénables.
Ce programme devra essentiellement être soutenu par une politique sociale et économique traçant les grands axes et les grandes lignes de restructuration, de redynamisation et de développement durable de chacun des tissus économique et social de la vie nationale. Ce qui devrait naturellement se faire sur la base critique des grandes orientations actuelles déclinées dans les différentes politiques et stratégies nationales de développement, à travers notamment le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté DSRP et la Stratégie de Croissance Accélérée SCA, les différentes Lettres de Politique Sectorielle LPS des différents départements ministériels, arrimées ou à arrimer aux Cadres de Dépense Sectoriel à Moyen Terme CDSMT et Cadre de Dépense à Moyen Terme CDMT. Toutefois, l’objectif ici ne serait pas une plate continuité, mais un véritable toilettage d’une part du cadre théorique de ces différentes politiques et stratégies, et d’autre part, de leurs multiples dispositifs de pilotage.
Aussi, faudrait-il faire de la décentralisation, un véritable instrument d’impulsion et de pilotage du développement local, plutôt qu’un vulgaire cheval de bataille politique.
Entre autres exigences, cela me semble un impératif fondamental de réconciliation du citoyen sénégalais à la chose politique, et aussi à l’éthique, comme elle tenait tant à cœur à l’honorable regretté juge Kéba Mbaye, pour une Nation forte et unie, en marche résolument vers l’émergence économique durable.
Mais en attendant l’échéance, faisons ensemble le vœu pieux de préserver notre cher Sénégal, et n’acceptons que personne, de crainte de ne plus manger dans le bol de couscous commun, y jette du sable, ou encore nous pousse à y jeter du sable. Déjà que tout est bien sombre, il serait vraiment une gageur de vouloir consommer du couscous ensablé dans l’obscurité : une pierre s’y glisse, une dent s’en casse !
Sénégalaises, Sénégalais, unis, nous gagnerons le pari du développement.
Débarrassons-nous de lui d’abord, et advienne que pourra.
Papa Mangoné BASAL, sociologue.
E mail : papamangonebasal@yahoo.fr
Maître jadis dans l’art de séduire sur parole, ravissant charisme et aura aux plus fins politiques de son rang, à la robe si élégamment cousue de millions de fibres dorées que jeunes et aînés, hommes et femmes ont eu la patience, l’abnégation et la confiance de tisser.
Toge d’espérance et symbole d’espoir, aux multiples galons rappelant l’exceptionnelle carrière d’un érudit hors classe. Qui aurait gagé qu’un si bel apparat finirait, rien qu’en une seule décennie de commande, en si laids haillons ? Déchiré sous le coup d’une dizaine de retouches constitutionnelles, de centaines de coups de marteau aux droits de l’Homme, de milliers de fautes de gestion budgétaire – si ce n’est de corruption on de concussion – et surtout mais alors vraiment des millions et des millions de désillusions de jeunes, de femmes, d’enfants, d’étudiants et de diplômés, de pêcheurs, pasteurs et paysans, de talibés et d’éboueurs, de tailleurs et de soudeurs qui n’en peuvent plus de ployer sous la misère de la chaude obscurité, attendant désespérément le retour du signal rouge pour faire tourner leurs machines.
Oui, il est vrai, j’ai encore une grand mère foncièrement nostalgique de cette saga du sopi, brillant aux mille et un feux, ameutant quartiers, villes et villages derrière le cortège d’un pape à l’époque quasi messianique. Hélas, Gorgui, ta jeunesse elle a bien fini de prendre à son compte, ta si belle rhétorique qui te fait préférer sa disponibilité, sa valeur elle entend, aux milliards de l’étranger.
L’an 2000 que le grand regretté poète président nous prédisait si généreusement d’ouverture de l’ère de grâce et de grande prospérité, n’aura en définitive accouché que d’une race de mutants politiques, cupides et égoïstes, d’une arrogance malséante, intellectuels concupiscents et antipathiques, à la morale souvent rattrapée aux confins de la dérive et de la trahison.
Mais évidemment, Sédar n’avait pas compté avec la miraculeuse consécration, que d’aucuns n’ont pas, à juste titre, hésité de qualifier « par défaut », de son illustre ami « Ndiombor ».
2012, douze ans après son accession à la magistrature suprême, élu de l’une des plus belles manières de l’histoire de la démocratie africaine, le Président Démocratique Sénégalais tient encore, chers concitoyens, à ce qu’on lui donne la fameuse « troisième chance » ! Sa loi : « silence, je sais ce qui est mieux pour vous !».
Désolé Papi, nous préférons garder encore le frêle souvenir de notre grand idole, que nous pardonnerons simplement d’avoir été insidieusement rattrapé par les vicissitudes et autres élucubrations de la politique politicienne à la sauce libéralo-transhumante. Epargnez-nous donc le supplice d’une Commission Vérité Réconciliation et le sombre tableau d’une audience avec à la barre, notre grand maître.
Dignement, vous n’avez jamais accepté de « marcher sur des cadavres pour rentrer au palais », n’attendez pas non plus que des cadavres marchent sur le palais pour vous en sortir.
Mais enfin stop ! L’alerte est donnée. Que désormais quiconque nourrit la lourde ambition tant noble qu’elle est, de présider aux destinées de plus de douze million de braves et valeureux sénégalaises et sénégalais, au pays ou dans la diaspora, que désormais celui-là sache que nous ne nous laisserons plus mener en bateau, ni couper les vivres, encore moins le courant.
Certes, là demeure mon inquiétude, tant je sens le spectre de notre pis-aller de 2000 encore peser sur nos têtes : qui diable peut tenir le gouvernail ?
L’ « homo senegalensis » a cela de particulier, de toujours se dire, lorsque le mal l’étreint « nafi djogué rek, lou gneuw geun liffi newoon »
Pour peu que nous sachions apprendre de nos erreurs, nous devrions bien nous entendre cette fois, que nous ne voulons plus d’un pis-aller, mais bien d’un mieux vivre, et que ceux-là qui n’ont pas les arguments clairs d’être capables de faire mieux, et largement mieux, s’abstiennent à jamais.
Il importe désormais que les sénégalais sachions que nous ne sommes pas que de simples électeurs, mais que nous devons exiger de ceux-là que nous avons à élire, des arguments d’éligibilité assez solides en amont, et des gages de sécurisation du contrat de gouvernance en aval. Ceci devrait se matérialiser à travers un programme non plus de simple alternance, comme le fut celui si mirobolant du sopi et de ses divers avatars, mais bien un programme d’alternative réelle. Pour se faire, il devrait être assorti, en closes claires, d’engagements fermes et inaliénables.
Ce programme devra essentiellement être soutenu par une politique sociale et économique traçant les grands axes et les grandes lignes de restructuration, de redynamisation et de développement durable de chacun des tissus économique et social de la vie nationale. Ce qui devrait naturellement se faire sur la base critique des grandes orientations actuelles déclinées dans les différentes politiques et stratégies nationales de développement, à travers notamment le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté DSRP et la Stratégie de Croissance Accélérée SCA, les différentes Lettres de Politique Sectorielle LPS des différents départements ministériels, arrimées ou à arrimer aux Cadres de Dépense Sectoriel à Moyen Terme CDSMT et Cadre de Dépense à Moyen Terme CDMT. Toutefois, l’objectif ici ne serait pas une plate continuité, mais un véritable toilettage d’une part du cadre théorique de ces différentes politiques et stratégies, et d’autre part, de leurs multiples dispositifs de pilotage.
Aussi, faudrait-il faire de la décentralisation, un véritable instrument d’impulsion et de pilotage du développement local, plutôt qu’un vulgaire cheval de bataille politique.
Entre autres exigences, cela me semble un impératif fondamental de réconciliation du citoyen sénégalais à la chose politique, et aussi à l’éthique, comme elle tenait tant à cœur à l’honorable regretté juge Kéba Mbaye, pour une Nation forte et unie, en marche résolument vers l’émergence économique durable.
Mais en attendant l’échéance, faisons ensemble le vœu pieux de préserver notre cher Sénégal, et n’acceptons que personne, de crainte de ne plus manger dans le bol de couscous commun, y jette du sable, ou encore nous pousse à y jeter du sable. Déjà que tout est bien sombre, il serait vraiment une gageur de vouloir consommer du couscous ensablé dans l’obscurité : une pierre s’y glisse, une dent s’en casse !
Sénégalaises, Sénégalais, unis, nous gagnerons le pari du développement.
Débarrassons-nous de lui d’abord, et advienne que pourra.
Papa Mangoné BASAL, sociologue.
E mail : papamangonebasal@yahoo.fr