Dakaractu : Le Réseau italien pour la paix et le désarmement s’est fait l’écho de la saisie de munitions de guerre au Sénégal sur un navire en provenance d'Italie. Pourquoi ?
Francesco Vignarca : Nous avons vu la nouvelle rapportée par quelques sites journalistiques en Italie, et nous avons également reçu des informations de médias internationaux (notamment sénégalais, bien sûr). Et comme l'une de nos activités est le contrôle des exportations d'armements et de munitions italiennes, nous avons pensé intervenir avec quelques demandes et clarifications sur la transparence.
Avec l'association Weapon Watch, vous avez interpellé l'autorité italienne de régulation des armes et l'autorité portuaire. Avez-vous reçu une réponse ? Si oui, quel en est son contenu ?
Interrogé par nous et plusieurs journalistes, Maurizio Sommariva, président de l'autorité portuaire de La Spezia, la ville italienne d'où est partie la cargaison, a déclaré : "Je me suis assuré que toutes les procédures ont été suivies à La Spezia, tant en terme d'autorisation douanière que de sécurité. Ces procédures étaient conformes à toutes les normes requises. Il a ensuite confirmé ce que le capitaine du navire avait déclaré concernant la cargaison de munitions transportée dans le port italien de Ligurie. La nouvelle a ensuite été confirmée et M. Sommariva a lui-même déclaré que "ce qui s'est passé montre que le chargement de marchandises très délicates comme les armes, bien que régulièrement autorisé par les autorités compétentes, ne suffit pas à empêcher qu'elles ne deviennent l'objet d'un trafic illégal".
L'unité du ministère italien des Affaires étrangères qui autorise les exportations d'armes nous a indiqué qu'elle effectuait des vérifications pour comprendre la situation, notamment les raisons de la saisie par les autorités sénégalaises, confirmant indirectement que la destination finale des munitions était la République dominicaine.
Dans un communiqué transmis jeudi à notre rédaction, le fabricant Fiocchi confirme que la marchandise saisie est la sienne et affirme avoir obtenu l'autorisation des autorités italiennes. Quel est votre commentaire ?
La République Dominicaine a été confirmée aux journalistes italiens comme destination également par le président de la société produisant les munitions, Stefano Fiocchi, qui a déclaré que les munitions avaient reçu des autorisations régulières délivrées en 2021. Nous n'avions pas trouvé d'autorisations pour le même pays dans les années précédentes, et les données pour 2021 n'ont pas encore été publiées par le ministère des Affaires étrangères, donc nous demandons une double vérification mais nous n'avons pas d'indices que cela soit faux.
Dans le même communiqué, la compagnie précise que l'escale au Sénégal ne faisait pas partie de l'itinéraire du navire et qu'elle ne connaît pas les raisons de ces grands détournements. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Comme l'a souligné le président du port de La Spezia, les armes sont une marchandise délicate et le risque de mouvements illégaux est toujours présent, même lorsqu'une cargaison a reçu toutes les autorisations légales. Il faut également être prudent avec les transporteurs chargés de la cargaison : la société Fiocchi a en effet confirmé avoir commandé le transport avec une escale technique programmée en Espagne sans avoir été informée au préalable par le navire et le transporteur de la nécessité d'une escale à Dakar, dont elle dit ne pas connaître les raisons.
C'est pourquoi nous demandons une divulgation complète de la situation et dans ce cas, non seulement de la part de la compagnie mais aussi des autorités italiennes, en particulier du ministère des Affaires étrangères.
Cette nouvelle affaire, qui intervient après celle de « Bahri Yanbu » du nom du navire soupçonné de transporter des armes destinées à l’Arabie Saoudite depuis le port de La Spezia, ne révèle-t-elle pas l'existence d'un commerce d'armes qui risque d'éclabousser l'Italie ?
L'Italie étant l'un des principaux producteurs d'armes au monde, il existe un danger évident que le niveau élevé du commerce légal (déjà problématique et excessif, selon nous) ait également un côté illégal en se transformant en trafic. Cela est particulièrement vrai pour les armes légères et de petit calibre, qui sont plus faciles à voler et à passer en contrebande. La seule réponse est de contrôler précisément tout ce qui est exporté et d'arrêter toute vente problématique ou pouvant être suspectée de triangulation à la source.
Francesco Vignarca : Nous avons vu la nouvelle rapportée par quelques sites journalistiques en Italie, et nous avons également reçu des informations de médias internationaux (notamment sénégalais, bien sûr). Et comme l'une de nos activités est le contrôle des exportations d'armements et de munitions italiennes, nous avons pensé intervenir avec quelques demandes et clarifications sur la transparence.
Avec l'association Weapon Watch, vous avez interpellé l'autorité italienne de régulation des armes et l'autorité portuaire. Avez-vous reçu une réponse ? Si oui, quel en est son contenu ?
Interrogé par nous et plusieurs journalistes, Maurizio Sommariva, président de l'autorité portuaire de La Spezia, la ville italienne d'où est partie la cargaison, a déclaré : "Je me suis assuré que toutes les procédures ont été suivies à La Spezia, tant en terme d'autorisation douanière que de sécurité. Ces procédures étaient conformes à toutes les normes requises. Il a ensuite confirmé ce que le capitaine du navire avait déclaré concernant la cargaison de munitions transportée dans le port italien de Ligurie. La nouvelle a ensuite été confirmée et M. Sommariva a lui-même déclaré que "ce qui s'est passé montre que le chargement de marchandises très délicates comme les armes, bien que régulièrement autorisé par les autorités compétentes, ne suffit pas à empêcher qu'elles ne deviennent l'objet d'un trafic illégal".
L'unité du ministère italien des Affaires étrangères qui autorise les exportations d'armes nous a indiqué qu'elle effectuait des vérifications pour comprendre la situation, notamment les raisons de la saisie par les autorités sénégalaises, confirmant indirectement que la destination finale des munitions était la République dominicaine.
Dans un communiqué transmis jeudi à notre rédaction, le fabricant Fiocchi confirme que la marchandise saisie est la sienne et affirme avoir obtenu l'autorisation des autorités italiennes. Quel est votre commentaire ?
La République Dominicaine a été confirmée aux journalistes italiens comme destination également par le président de la société produisant les munitions, Stefano Fiocchi, qui a déclaré que les munitions avaient reçu des autorisations régulières délivrées en 2021. Nous n'avions pas trouvé d'autorisations pour le même pays dans les années précédentes, et les données pour 2021 n'ont pas encore été publiées par le ministère des Affaires étrangères, donc nous demandons une double vérification mais nous n'avons pas d'indices que cela soit faux.
Dans le même communiqué, la compagnie précise que l'escale au Sénégal ne faisait pas partie de l'itinéraire du navire et qu'elle ne connaît pas les raisons de ces grands détournements. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Comme l'a souligné le président du port de La Spezia, les armes sont une marchandise délicate et le risque de mouvements illégaux est toujours présent, même lorsqu'une cargaison a reçu toutes les autorisations légales. Il faut également être prudent avec les transporteurs chargés de la cargaison : la société Fiocchi a en effet confirmé avoir commandé le transport avec une escale technique programmée en Espagne sans avoir été informée au préalable par le navire et le transporteur de la nécessité d'une escale à Dakar, dont elle dit ne pas connaître les raisons.
C'est pourquoi nous demandons une divulgation complète de la situation et dans ce cas, non seulement de la part de la compagnie mais aussi des autorités italiennes, en particulier du ministère des Affaires étrangères.
Cette nouvelle affaire, qui intervient après celle de « Bahri Yanbu » du nom du navire soupçonné de transporter des armes destinées à l’Arabie Saoudite depuis le port de La Spezia, ne révèle-t-elle pas l'existence d'un commerce d'armes qui risque d'éclabousser l'Italie ?
L'Italie étant l'un des principaux producteurs d'armes au monde, il existe un danger évident que le niveau élevé du commerce légal (déjà problématique et excessif, selon nous) ait également un côté illégal en se transformant en trafic. Cela est particulièrement vrai pour les armes légères et de petit calibre, qui sont plus faciles à voler et à passer en contrebande. La seule réponse est de contrôler précisément tout ce qui est exporté et d'arrêter toute vente problématique ou pouvant être suspectée de triangulation à la source.