Après les récompenses, l’heure des sanctions sous Alassane Ouattara, semble avoir sonné, notamment avec le limogeage, samedi dernier, du directeur général de la Radiodiffusion-Télévision ivoirienne, Pascal Brou Aka.
La période de grâce semble terminée ! Le président de la République, Alassane Ouattara, a commencé à sévir contre ceux qui rament à contre-courant du changement attendu par les Ivoiriens. Le premier à faire les frais de la nouvelle rigueur au sommet de l’Etat, est le directeur général de la Radiodiffusion-Télévision ivoirienne (Rti), Pascal Brou Aka. Il n’aurait pas pris les dispositions utiles pour assurer une bonne couverture de la visite du chef de l’Etat aux Etats-Unis d’Amérique. Réputé être un dirigeant rigoureux, Alassane Ouattara entend certainement démontrer aux Ivoiriens qui placent, en lui, un grand espoir de changement, qu’il ne se dérobera pas. Pas même avec ceux qui sont proches de lui. Cette profession de foi faite en ce qui concerne les coupables d’excès lors des violences post-électorales, devrait, selon M. Ouattara, valoir pour tous les autres manquements. « Que ce soient des personnes de mon bord, des personnes de Laurent Gbagbo. Nul ne sera au-dessus de la loi. Nous voulons un Etat de droit et nul ne fera exception à cette volonté d’assainir la situation en Côte d’Ivoire », a assuré le chef de l’Etat ivoirien dans une interview accordée le 21 mai dernier à Europe 1, un média français. 24 heures avant cet entretien, M. Ouattara avait laissé entendre à ses compatriotes à Paris de croire en l’avenir. « Je ne vous décevrai pas. Il faut, et je vous le prouverai, un exercice du pouvoir démocratique. Les droits humains seront respectés. Nul ne sera au-dessus de la loi, gouvernant comme gouverné, riche comme pauvre. Tout le monde sera traité de manière égale devant la loi », a-t-il renchéri. La traduction de cet assainissement de la Côte d’Ivoire en acte, a été d’abord matérialisée par le changement des horaires de travail sur fond de ponctualité. Même les ministres ont été invités à se conformer à ce changement des habitudes. Selon les anecdotes rapportées par la presse nationale, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, aurait manqué de peu de se faire renvoyer au premier conseil des ministres du 3 juin dernier, pour retard. Et, alors que les Ivoiriens n’avaient pas fini d’applaudir ce changement de mentalité, le nouveau chef de l’exécutif annonce que, dorénavant, les ministres seront notés. Une trouvaille qui laisse clairement deviner que les ‘’mauvais élèves’’ pourraient être renvoyés. C’est d’ailleurs pour encadrer l’action gouvernementale que le Premier ministre a initié, du 5 au 6 juillet dernier, un séminaire gouvernemental pour donner à chaque ministre, sa feuille de route. Une occasion mise à profit, par Alassane Ouattara, pour rappeler tous ses collaborateurs à plus de responsabilité dans la conduite des affaires de l’Etat. « Les six mois à venir seront une période d’actions. Je veux que ces actions soient visibles et profitables à tous nos concitoyens. Il y a beaucoup à faire, face aux grands défis du moment tels que le chômage des jeunes, la sécurité, l’éducation, et bien d’autres secteurs. Nous devons donc intervenir sur plusieurs fronts à la fois et dans l’urgence », avait argumenté Alassane Ouattara. Dans la foulée, le chef de l’Etat a enjoint ses ministres de la Défense et de l’Intérieur de mettre fin au racket, un mal qui gangrène l’économie ivoirienne, au plus haut point et irrite les citoyens. L’autre visage important du changement annoncé par Alassane Ouattara se perçoit à travers l’audit des entreprises publiques et para-publiques.
L’opinion en redemande
Si les Ivoiriens, de manière unanime, saluent ces actions fortes de changements, leur soif de changement est loin d’être complètement étanchée. Pour eux, un audit de l’administration publique, à commencer par les ministères, devrait être commandité pour comprendre ce qui s’y passe. « Le président Ouattara devrait éviter de faire comme son prédécesseur qui avait pour habitude de sacrifier les moutons chétifs en lieu et place des vaches grasses. C’est ce qu’il avait notamment fait dans le scandales de la filière café-cacao ou du Stade Félix Houphouet-Boigny », conseille un observateur de la scène politique ivoirienne. Un conseil qui est loin d’être dénué de tout fondement, selon Mme N.D., militante des droits de l’Homme. « On accuse l’ancien Dg de la Rti, Brou Aka de s’être entouré d’un nombre pléthorique de conseillers. A-t-on une idée des collaborateurs dont se sont entourés les ministres ? Faites-y un tour et vous verrez comment chacun a composé son cabinet », renseigne notre interlocutrice. Pour enfoncer le clou, elle dira d’ailleurs : « le président de la République doit vraiment faire attention à son entourage. La mauvaise publicité faite autour de son retour des Etats-Unis n’est pas loin de ressembler aux cafouillages constatés lors de la cérémonie d’investiture à Yamoussoukro. Il doit également songer à faire le ménage à ce niveau-là, sinon…» Mais, entre les attentes des militants, les vœux pieux et les réalités du terrain, il y a souvent un fossé pas toujours facile à enjamber. Alassane Ouattara ira-t-il jusqu’à faire ce qu’il n’a pu faire dans son propre parti, le Rassemblement des républicains ? « En la matière, le président de la République, Alassane Ouattara n’est pas à sa première action. Souvenez-vous, en 1992, un ministre a été révoqué par le Premier ministre Ouattara, parce qu’il aurait passé des marchés douteux. A l’époque, cela avait suscité presque le même émoi mais, aujourd’hui, beaucoup de personnes continuent de garder le limogeage de ce baron du Pdci-Rda (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, ndlr) comme un acte de rigueur gouvernemental », rappelle un conseiller du nouveau chef de l’Etat ivoirien. Toujours est-il qu’on attend de voir.
( avec Abidjan.net )
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