DAKARACTU.COM L’enquête sur l’assassinat de Malick Bâ, le 30 mai dernier à Sangalkam, lors des manifestations contre l’installation d’une délégation spéciale à la place du conseil rural élu, avance à grands pas. Selon une source proche des enquêteurs, sont aujourd’hui réunis suffisamment d’éléments pour permettre à la justice de statuer. Et toutes les pistes de l’investigation mènent vers Samba Sarr, le commandant de la brigade de Sangalkam muté en urgence à celle de Hann, comme étant l’auteur du coup de feu mortel. Pour le poursuivre, le parquet a besoin d’une autorisation du chef d’état-major de la gendarmerie, le général Abdoulaye Fall. Va-t-il la délivrer ? Va-t-il faire obstruction à la justice pour protéger un élément de son corps ? En tout état de cause, l’article 60 du Code de justice militaire lui fait obligation de se plier à cette formalité : donner son quitus pour poursuivre lorsque des faits accablent un gendarme.
Les résultats de l’enquête parlent d’eux-mêmes. Les enquêteurs ont établi avec certitude que le corps de Malick Bâ gisait, atteint du coup de feu mortel, à une centaine de mètres de la brigade de gendarmerie de Sangalkam. Ce constat est d’une importance capitale. Il contredit la thèse des gendarmes qui ont invoqué la légitime défense, arguant avoir été attaqués dans leur brigade et menacés dans leur vie par une foule incontrôlable. La légitime défense est d’autant moins applicable en l’espèce que les manifestants avaient les mains nues.
Malick Bâ a été atteint à l’œil gauche par une balle qui a pulvérisé une partie de son cerveau. Il est mort immédiatement des suites de cette blessure. L’engin qui a tiré est un PK33, une arme de guerre dont l’expertise balistique fustige l’utilisation contre un civil désarmé. D’un calibre de 5,5 mm, le PK33 est en effet généralement utilisé dans un contexte de guerre contre un ennemi armé. Dans toute l’unité intervenue le 30 mai pour réprimer la manifestation, seuls trois gendarmes, dont une femme et le commandant Samba Sarr, détenaient ce type d’arme.
Au cours des interrogatoires, Samba Sarr a déclaré n’avoir pas utilisé son arme. Qui a donc abattu Malick Bâ ? Les deux autres qui détenaient le PK33 ont fait des dépositions dans lesquelles ils affirment avoir fait des tirs de sommation en l’air. Ils assurent n’avoir pas dirigé leur arme contre les manifestants. Les enquêteurs croient en leurs dépositions corroborées par des témoins sur place. Les mêmes ont confié avoir vu le commandant Sarr tirer sur Malick Bâ.
Pareille piste a failli être brouillée sur l’insistance des autorités. Au tout début de l’enquête, dans le but de protéger les gendarmes, l’idée que le coup de feu ait été tiré par un manifestant avait été avancée. Cinq dirigeants de la manifestation avaient même été convoqués, auditionnés et gardés à vue. Mais Anta Ndiaye, la déléguée du procureur à Rufisque, s’est opposée à leur détention, estimant qu’aucun élément sérieux ne pouvait être retenu contre eux. A entendre l’un de ces rescapés, qui ont échappé de peu à la détention, ils n’étaient pas les seuls à être ciblés dans le cadre de cette cynique manœuvre de diversion. Ordre avait également été donné d’arrêter et d’inculper Oumar Guéye, président du conseil rural dissout au profit de la délégation spéciale. Le parquet de Dakar a refusé de déférer à cette instruction de la hiérarchie aussi inique que potentiellement explosive.
L’affaire de l’assassinat de Malick Bâ va connaître de nouveaux rebondissements avec la transmission du dossier d’enquête au parquet. Celui-ci devrait sauf coup de théâtre procéder à l’inculpation de Samba Sarr. Le meurtre d’un jeune père de famille ne doit pas rester impuni. L’opinion publique nationale, les organisations de défense des droits de l’homme, les chancelleries occidentales en poste à Dakar, la communauté internationale suivent de très près le traitement d’une affaire qui a provoqué un grave traumatisme. De son règlement équitable dépend la réputation du Sénégal en matière de respect des droits et de l’homme et de l’indépendance de la justice.
Les résultats de l’enquête parlent d’eux-mêmes. Les enquêteurs ont établi avec certitude que le corps de Malick Bâ gisait, atteint du coup de feu mortel, à une centaine de mètres de la brigade de gendarmerie de Sangalkam. Ce constat est d’une importance capitale. Il contredit la thèse des gendarmes qui ont invoqué la légitime défense, arguant avoir été attaqués dans leur brigade et menacés dans leur vie par une foule incontrôlable. La légitime défense est d’autant moins applicable en l’espèce que les manifestants avaient les mains nues.
Malick Bâ a été atteint à l’œil gauche par une balle qui a pulvérisé une partie de son cerveau. Il est mort immédiatement des suites de cette blessure. L’engin qui a tiré est un PK33, une arme de guerre dont l’expertise balistique fustige l’utilisation contre un civil désarmé. D’un calibre de 5,5 mm, le PK33 est en effet généralement utilisé dans un contexte de guerre contre un ennemi armé. Dans toute l’unité intervenue le 30 mai pour réprimer la manifestation, seuls trois gendarmes, dont une femme et le commandant Samba Sarr, détenaient ce type d’arme.
Au cours des interrogatoires, Samba Sarr a déclaré n’avoir pas utilisé son arme. Qui a donc abattu Malick Bâ ? Les deux autres qui détenaient le PK33 ont fait des dépositions dans lesquelles ils affirment avoir fait des tirs de sommation en l’air. Ils assurent n’avoir pas dirigé leur arme contre les manifestants. Les enquêteurs croient en leurs dépositions corroborées par des témoins sur place. Les mêmes ont confié avoir vu le commandant Sarr tirer sur Malick Bâ.
Pareille piste a failli être brouillée sur l’insistance des autorités. Au tout début de l’enquête, dans le but de protéger les gendarmes, l’idée que le coup de feu ait été tiré par un manifestant avait été avancée. Cinq dirigeants de la manifestation avaient même été convoqués, auditionnés et gardés à vue. Mais Anta Ndiaye, la déléguée du procureur à Rufisque, s’est opposée à leur détention, estimant qu’aucun élément sérieux ne pouvait être retenu contre eux. A entendre l’un de ces rescapés, qui ont échappé de peu à la détention, ils n’étaient pas les seuls à être ciblés dans le cadre de cette cynique manœuvre de diversion. Ordre avait également été donné d’arrêter et d’inculper Oumar Guéye, président du conseil rural dissout au profit de la délégation spéciale. Le parquet de Dakar a refusé de déférer à cette instruction de la hiérarchie aussi inique que potentiellement explosive.
L’affaire de l’assassinat de Malick Bâ va connaître de nouveaux rebondissements avec la transmission du dossier d’enquête au parquet. Celui-ci devrait sauf coup de théâtre procéder à l’inculpation de Samba Sarr. Le meurtre d’un jeune père de famille ne doit pas rester impuni. L’opinion publique nationale, les organisations de défense des droits de l’homme, les chancelleries occidentales en poste à Dakar, la communauté internationale suivent de très près le traitement d’une affaire qui a provoqué un grave traumatisme. De son règlement équitable dépend la réputation du Sénégal en matière de respect des droits et de l’homme et de l’indépendance de la justice.