Retrait militaire français: le personnel sénégalais manifeste son inquiétude


Quelques centaines de civils sénégalais ont manifesté leur inquiétude mercredi à Dakar concernant le départ annoncé de l'armée française qui les emploie, et ont réclamé de bonnes conditions de licenciement et de reclassement, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir en 2024 avec un agenda de rupture, a annoncé la fin en 2025 de toute présence militaire française et étrangère sur le sol national.

Le personnel attend de l’État français "de mettre l'humain au cœur des négociations par l'élaboration d'un plan social meilleur que celui de 2011", dit une déclaration publiée à l'occasion d'une réunion publique de quelques centaines d'employés et sous-traitants de l'armée française. A l'époque déjà, des centaines de personnes avaient perdu leur emploi dans le cadre d'un plan de réorganisation de l'armée française.

Du Sénégal, les travailleurs "attendent leur redéploiement dans les services de l’État ou à défaut de bénéficier d'un plan d'accompagnement pour leur réinsertion", a déclaré Djibril Ndiaye, secrétaire général du syndicat du personnel des Éléments français au Sénégal (EFS).

Les emprises militaires françaises à Dakar et dans sa périphérie emploient directement environ 170 personnes et font travailler entre 400 et 500 personnes au total en comptant les sous-traitants.

Plusieurs travailleurs locaux ont souligné auprès de l'AFP leur attachement à leur employeur et leur inquiétude pour l'avenir. Ils ne veulent pas être "les agneaux du sacrifice", disent les syndicats.

M. Ndiaye a aussi dit souhaiter "un départ apaisé et progressif tout en gardant une nouvelle forme de coopération dans l'intérêt des deux pays".

Interrogé par l'AFP, le commandant des EFS, le général de brigade Yves Aunis, s'est employé à rassurer.

Il a indiqué qu'en tant qu'employeur, l’État français était "très conscient des enjeux humains et des impacts sur les familles sénégalaises, qu'il se (conformerait) au droit du travail sénégalais, mais que les conditions de départ devraient être bonnes".

"Il y aura un plan de licenciement. Il n'y aura pas de mesquinerie", a-t-il dit, rappelant que les "personnels civils de recrutement local" ont toujours bénéficié de conditions favorables de la part des EFS.

La négociation devrait s'ouvrir dans les prochaines semaines, quand le calendrier et les conditions du retrait auront été précisés, a-t-il dit.

Le Sénégal est resté après son indépendance en 1960 l'un des alliés africains les plus sûrs de la France, ancienne puissance coloniale dominante en Afrique de l'Ouest. Mais les nouveaux dirigeants en fonction depuis 2024 ont promis de traiter désormais la France à l'égal des autres partenaires étrangers, au nom d'une souveraineté recouvrée.
Mercredi 15 Janvier 2025
Dakaractu