Retour de bâton de la politique de blanchiment sous Wade à la police !


Notre police nationale est, ces jours derniers, secouée par l'affaire du recyclage de la drogue par de hauts gradés. Plusieurs événements ont ponctué l'actualité de ces dernières 72 heures. D'abord la divulgation de l'enregistrement de l'un des deux principaux protagonistes de cette affaire, le commissaire Keïta, puis la sortie du ministre de l'intérieur, le général Pathé Seck, suivie de celle du journaliste El Hadj Hamidou Kassé.

Que nous révèle l'enregistrement fait à son insu - pour des raisons qui sont à élucider - du commissaire Keïta qui, contrairement à ce qu'il laissait croire, n'est lui non plus pas un saint ? Que la revente de la drogue saisie sur les trafiquants est répandu au sein de la police nationale sénégalaise et que out le monde deal (s'adonne à ladite revente de drogue) dans la police !

Et le ministre de l'intérieur de rebondir en qualité de spectateur privilégié en nous informant qu'il s'agit-là d'un règlement de compte entre deux gradés de la police nationale dans lequel il ne compte pas intervenir. Simplement scandaleux ! Mais peut-être encore plus scandaleux est le silence de la société civile qui se doit de demander sa démission ! Comment le ministre de l'intérieur d'un pays se respectant peut-il tenir des propos aussi légers alors que deux des plus hauts gradés de la police nationale s'accusent mutuellement de trafic de drogue dure ?

Rien, à mon sens, ne peut expliquer pareille légèreté de la part du ministre de l'intérieur si ce n'est le fait de vouloir ménager des grosses pointures de l'appareil précédent ou actuel d'État dont il sait sans doute qu'une enquête poussée ne manquerait de faire apparaître leurs noms. Que l'on se souvienne du garde du corps du président Wade qui faisait l'objet d'une enquête de la part des autorités américaines avant l'alternance ou, plus récemment, de la requête américaine sollicitant le limogeage du ministre des affaires étrangères sénégalais nommé par l'actuel président en raison de ses accointances avec les milieux de la drogue.

Quant à la sortie du journaliste El Hadj Hamidou Kassé (proche du pouvoir actuel), elle tente de minimiser la portée de ce scandale en disculpant l'institution qu'est la police et, tout comme avait voulu nous le faire croire le général Pathé Seck, en confinant l'affaire à un banal règlement de compte entre les commissaires Niang et Keïta. Il réfute que l'on puisse, au stade actuel de l'enquête, parler d'affaire du trafic de drogue dans la police et invite à ne parler que d'affaire Niang et Keïta.

Divers articles journalistiques laissent de même entendre que le commissaire Niang risque de ne pas être inquiété en raison de la modicité de son patrimoine contrairement au commissaire Keïta dont la culpabilité est prouvée par l'enregistrement contenant ses aveux propres.

En clair, les autorités s'emploient à étouffer l'affaire en faisant de Keïta le seul et unique ripoux en mettant à contribution des journaux et journalistes qui roulent pour elles. Il est vrai que l'État du Sénégal a beaucoup a perdre en terme d'image à voir cette affaire tirée au clair. Aussi souhaitent-elles vraisemblablement faire de Keïta leur bouc émissaire afin de limiter les dégâts collatéraux des révélations fracassantes de son enregistrement.

Mais est-il raisonnable de ne poursuivre et de ne punir que lui sur la base de ses aveux propres (enregistrement) alors que ceux-ci portent atteinte à l'ensemble de l'institution policière ? N'est-il pas plus indiqué de conduire une enquête approfondie afin de déterminer l'ensemble des ramifications du réseau de revente de la drogue à propos duquel, rappelons-le, RFI avait déjà tiré la sonnette d'alarme à l'époque de Wade en soutenant que le Sénégal était devenu la plaque tournante d'un trafic international de drogue à destination de la sous-région.

Les implications présumées d'autres commissaires à l'image de Mbaye Séye de Dieuppeul - qui à l'époque où il servait à la Médina avait dû répondre de telle accusations devant la justice - de même que l'information, remontant à l'un des anciens présidents de l'Assemblée nationale par le biais de son épouse qui s'est confiée à l'un de mes proches, information donc qui m'est parvenue au moment de l'alternance selon laquelle Karim Wade aurait été pris au Maroc avec de l'argent de la drogue juxtaposées aux actuels remous qui secouent la police m'inclinent à penser que sous Wade le Sénégal était devenu un narco-État se servant d'institutions telles que la police nationale pour blanchir l'argent de la drogue.

L'attitude dilatoire de l'équipe actuelle - dont l'un des ministres avait des contacts avec ce même milieu - me laisse de même perplexe : l'enquête va vraisemblablement être bâclée et non indépendante. Et il y a d'autant plus à craindre qu'elle soit censurée voire même détournée pour sauver la tête de gens actuellement aux affaires, dans la police ou dans las arcanes du pouvoir.

J'affirme ici avec force que tout indique que notre police a gravement failli, et à une échelle globale, à la mission qui est la sienne ! Et pas seulement par rapport à la revente de la drogue, mais aussi par la protection voire l'entretien de réseau de prostitution et ce, avec la complicité de notre justice !

J'accuse personnellement le procureur Ousmane Diagne d'avoir protégé lesdits réseaux lorsqu'il était en exercice, et j'ai d'ores et déjà fourni des éléments de preuve au Président Macky Sall à travers un courrier que je lui ai adressé ; après ceux adressés à son prédécesseur pour dénoncer la corruption de notre plice nationale et de notre justice.

J'invite en conséquence la société civile et les religieux à faire preuve de vigilance dans ces affaires et à s'impliquer davantage pour le plus grand bien du Sénégal qui ne saurait prospérer au moyen de ces trafics et commerces infâmes !

J'invite de même le Président Macky Sall a faire preuve de responsabilité et de cohérence dans ces affaires et plus généralement dans l'ensemble de son action à la tête du pays. Est-il raisonnable qu'il parle à ses concitoyens de bonne gouvernance alors que l'homme qu'il a choisi pour diriger son gouvernement a les mains sales et empêtrées dans des affaires pour lesquelles il est établi qu'il a eu recours au faux en écritures bancaires lorsqu'il était à la tête d'une certaine institution bancaire ? C'est notamment le cas dans l'affaire opposant la CBAO à M. Feu Papa Gallo Thiam (ancien recordman de France de saut en hauteur et entrepreneur) ; les faits datant de l'époque où M. Abdoul Mbaye était à la tête de ladite banque (alors dénommée BIAO) ! Et l'affaire Habré ? Et les autres affaires ?

Vigilance ! Vigilance ! Vigilance, chers compatriotes ! Faute de quoi on fera semblant de régler le problème et continuera tranquillement les commerces illicites en tout genre en se servant de nos institutions !

A bon entendeur, salut !




Lundi 22 Juillet 2013
Dr Papa Gora Demba Thiam