Nous sommes à Yamoussoukro, quartier BelleVille précisément à Makora, où les vaillantes femmes bravent le soleil chaque matin pour s'adonner à leurs activités quotidiennes. Que ce soit le fumage du poisson ou la préparation du fameux attiékè, ces braves dames dirigent de petites entreprises familiales et contribuent de manière significative à la bonne marche de leurs foyers respectifs.
Donacienne, une femme dans la quarantaine, est l'une d'entre elles. Malgré son âge, elle est très active. On la voit arriver, un plat de poisson sur la tête, se dirigeant vers sa modeste baraque avec des installations rudimentaires qui lui permettent de fumer ses poissons (maquereaux.) Elle se lance minutieusement dans la préparation de ce produit très apprécié en Côte d'Ivoire.
Avec ses maigres moyens, Donacienne parvient à maintenir tant bien que mal son petit commerce et peut fumer jusqu'à 20 kg de poisson par jour. Cependant, la conservation de ce produit demeure encore un défi, car il se détériore rapidement. En attendant, son petit réfrigérateur fait l’affaire pour la conservation de son stock.
Mère de cinq enfants, Donacienne a décidé très tôt de contribuer financièrement aux dépenses familiales grâce à son activité. Elle ne compte pas dépendre de son mari. Au contraire, elle fait tout pour le soutenir de son mieux. Son commerce lui rapporte suffisamment pour subvenir en partie aux besoins de sa famille.
En attendant de peut-être obtenir un financement pour agrandir son entreprise, Donacienne fait de son mieux malgré les difficultés rencontrées au quotidien. Cette jeune femme nourrit de grandes ambitions.
Un peu moins d'un kilomètre plus loin, toujours dans le quartier de Makora, près de l'immeuble Sakho, d'autres femmes s'activent depuis le matin dans une autre activité : la préparation de l'attiéké ! C'est là que la magie opère ! Les tubercules de manioc subissent différentes transformations pour donner le délicieux attiéké.
Provenant des champs, il faut environ 75 000 FCFA pour acheter un chargement de manioc transporté à bord d'un tricycle nous explique Vitorine. Avant la cuisson, la pâte obtenue après le broyage est laissée en fermentation dans des sacs pendant au moins 12 à 15 heures, puis elle est essorée à l'aide d'une petite machine et cuite à la vapeur.
Dans cette fabrique traditionnelle chaque femme a une tâche bien précise : laver, éplucher, couper en morceaux et broyer le manioc. Au nombre de huit, elles sont payées à la journée de travail, soit 1.500 FCFA par personne. Une manière pour Vitorine de faire profiter le maximum de personnes de son business qui a démarré il y a dix avec deux personnes seulement !
Tout est naturel dans la préparation de l'attiéké ! Aucun produit chimique n'est utilisé insiste la responsable de la fabrique. De l'eau et de l'huile suffisent pour bien préparer ce couscous à base de manioc. D'après Vitorine, qui garde jalousement sa touche secrète, il n'y a rien de particulier dans le mode de cuisson de l'attiéké.
Par ailleurs, selon ses estimations, cette activité lui rapporte au moins 10 000 FCFA par jour, soit un minimum de 300 000 FCFA qui rentrent chaque mois dans les caisses de cette petite entreprise familiale.
Après dix ans d'activité pour Vitorine et deux ans concernent Donacienne, l'expérience et le savoir-faire sont présents. Mais, les moyens financiers manquent cruellement pour faire croître leurs entreprises familiales et leur permettre d’augmenter leur part de marché en exportant davantage tout en subvenant aux besoins de leurs foyers.