Si, dans la plupart des cas, le besoin d’immigrer correspond à la recherche d’un avenir meilleur pour soi-même et pour la famille immédiate, force est de constater que beaucoup de parents vivent un énorme désarroi et un malaise palpable lorsque surgissent des conflits relatifs à des choix cornéliens interpellant directement la culture d’origine ou la société d’accueil et qui concernent les enfants. Ainsi, il n’est pas rare de voir des parents, exposés continuellement aux comportements incompréhensibles de leur progéniture et qui sont souvent antagonistes aux valeurs transmises par la culture d’origine, de regretter amèrement le choix d’avoir tourné le dos à leur patrie. D’ailleurs ceux qui disposent des moyens financiers n’hésitent pas à envoyer les enfants se «ressourcer», c’est-à-dire leur permettre de renouer totalement avec la culture de leurs ancêtres. Ainsi, une certaine inquiétude habite beaucoup de parents immigrants à l’idée de voir leurs enfants épouser intégralement une culture qui n’est pas véritablement la leur.
Donc, il serait intéressant de s’interroger et de réfléchir sur la problématique de l’éducation des enfants qui naissent et /ou grandissent dans un pays différent de celui des parents. Quelle formule d’éducation utiliser? S’adapter aux us et coutumes du pays d’accueil et transmettre exclusivement à l’enfant cette nouvelle culture? Accepter l’intégration en gardant une partie de la culture d’origine des parents? Les questions restent entières et pour beaucoup de parents, la gestion de la dimension culturelle dans l’éducation des enfants est souvent embarrassante.
Lorsque le jeune commence à fréquenter l’école, c’est pour y acquérir, par le truchement des connaissances disciplinaires, des ressources académiques qui forgeront son potentiel cognitif et, passant, lui permettre, dans l’avenir, de devenir un individu capable de trouver pleinement sa place dans une société où les connaissances sont primordiales à tous les niveaux. Toutefois, les objectifs poursuivis par l’institution scolaire - surtout au secondaire- ne se limitent pas à une somme de connaissances que le jeune doit maitriser. L’école transmet également la culture de la société d’accueil avec toute sa composante sociologique (valeurs, croyances, coutumes, structure de la cellule familiale, etc.). Ainsi, si beaucoup de parents réussissent à avoir pleinement le contrôle sur l’éducation de leurs enfants de la naissance jusqu’à environ l’âge d’environ douze ans, il en est souvent autrement pendant l’adolescence.
Période délicate pendant laquelle les référents socioculturels sont souvent remis en question, l’adolescence constitue en effet un moment crucial dans la structuration de l’identité. Elle l’est d’autant plus que le jeune doit trouver un équilibre entre les visions souvent contradictoires des valeurs transmises par la famille et celle défendues par l’école et la société.
Comme dans une microsociété, l’école constitue en effet un lieu de contacts et d’échanges entre des adolescents qui sont souvent issus de milieu socioculturels divers. Et compte tenu du fait que les écoles publiques les plus défavorisées sont situées dans les quartiers qui cristallisent la plus grande concentration des immigrés, il est fort probable de voir davantage les jeunes issus de l’immigration s’exposer à un certain nombre de fléaux touchant les jeunes et pire, décrocher de l’école.
De plus, en entretenant des rapports plus ou moins ténus avec les pairs, des relations d’influences réciproques s’établissent inévitablement entre les adolescents. Du coup, des pratiques telles que l’usage de la drogue, le besoin précoce d’entretenir une relation amoureuse voire sexuelle, etc. peuvent se manifester chez le jeune. Pour le parent qui n’était nullement préparé à ces réalités sociales, le choc risque d’être brutal. S’en suivent généralement des rapports heurtés. Besoin d’imposer l’autorité parentale d’un côté et désir de laisser éclore sans retenue les pulsions juvéniles de l’autre. Le psychologue parlera souvent de «crise d’adolescence»…
Aussi, dans une société occidentale laïque et qui accorde une importance moindre à la religion comme c’est le cas du Québec depuis la Révolution tranquille des années 60, il va sans dire que le jeune pourrait vivre difficilement les consignes religieuses imposées ou souhaitées par les parents : port du voile, prières quotidiennes, fréquentation des lieux de culte, etc. car ce dernier ne trouve pas de référence religieuse prédominante en dehors de sa communauté.
De même, dans un pays qui accorde une très grande place à la liberté des individus et particulièrement à celle des enfants, en plus d’une garantie totale de liberté d’expression, un modèle éducatif basé exclusivement sur un rapport coercitif allant jusqu’à la punition corporelle risque de ne pas produire les résultats escomptés.
En octobre 2010, un drame familial à mis beaucoup de monde en émoi et a fait les choux gras de la presse pendant plusieurs jours. On nous apprend qu’un homme de 71 ans, d’origine guinéenne, aurait battu à mort sa fille de 13 ans à Longueuil lorsque cette dernière a refusé de se plier à la volonté du père qui lui demandait de faire la prière quotidienne.
En somme, il est clair que le jeune immigrant qui est appelé à suivre toute sa scolarité dans un pays d’accueil devra nécessairement composer avec la culture de cette société. Donc, il est de la responsabilité du parent de connaître et de prendre en compte cette réalité sociale. Tout en gardant une part des références à l’identité culturelle d’origine, il devrait s’engager dans une démarche d’ouverture critique et de tolérance qui, à terme, créera un sentiment d’appartenance du jeune à la société d’accueil sans pour autant tomber dans l’assimilationnisme. Et au delà de l’accumulation des richesses et les vicissitudes professionnelles, il importe de faire preuve d’une attention éclairée en ce qui concerne l’environnement socioéducatif dans lequel baigne et évolue l’enfant : choix du quartier et de l’école, nouvelles fréquentations,...et surtout d’entretenir une relation de confiance basée sur le dialogue et le respect mutuel.
Lamine Niang (Montréal)
nianlamine@hotmail.com
Donc, il serait intéressant de s’interroger et de réfléchir sur la problématique de l’éducation des enfants qui naissent et /ou grandissent dans un pays différent de celui des parents. Quelle formule d’éducation utiliser? S’adapter aux us et coutumes du pays d’accueil et transmettre exclusivement à l’enfant cette nouvelle culture? Accepter l’intégration en gardant une partie de la culture d’origine des parents? Les questions restent entières et pour beaucoup de parents, la gestion de la dimension culturelle dans l’éducation des enfants est souvent embarrassante.
Lorsque le jeune commence à fréquenter l’école, c’est pour y acquérir, par le truchement des connaissances disciplinaires, des ressources académiques qui forgeront son potentiel cognitif et, passant, lui permettre, dans l’avenir, de devenir un individu capable de trouver pleinement sa place dans une société où les connaissances sont primordiales à tous les niveaux. Toutefois, les objectifs poursuivis par l’institution scolaire - surtout au secondaire- ne se limitent pas à une somme de connaissances que le jeune doit maitriser. L’école transmet également la culture de la société d’accueil avec toute sa composante sociologique (valeurs, croyances, coutumes, structure de la cellule familiale, etc.). Ainsi, si beaucoup de parents réussissent à avoir pleinement le contrôle sur l’éducation de leurs enfants de la naissance jusqu’à environ l’âge d’environ douze ans, il en est souvent autrement pendant l’adolescence.
Période délicate pendant laquelle les référents socioculturels sont souvent remis en question, l’adolescence constitue en effet un moment crucial dans la structuration de l’identité. Elle l’est d’autant plus que le jeune doit trouver un équilibre entre les visions souvent contradictoires des valeurs transmises par la famille et celle défendues par l’école et la société.
Comme dans une microsociété, l’école constitue en effet un lieu de contacts et d’échanges entre des adolescents qui sont souvent issus de milieu socioculturels divers. Et compte tenu du fait que les écoles publiques les plus défavorisées sont situées dans les quartiers qui cristallisent la plus grande concentration des immigrés, il est fort probable de voir davantage les jeunes issus de l’immigration s’exposer à un certain nombre de fléaux touchant les jeunes et pire, décrocher de l’école.
De plus, en entretenant des rapports plus ou moins ténus avec les pairs, des relations d’influences réciproques s’établissent inévitablement entre les adolescents. Du coup, des pratiques telles que l’usage de la drogue, le besoin précoce d’entretenir une relation amoureuse voire sexuelle, etc. peuvent se manifester chez le jeune. Pour le parent qui n’était nullement préparé à ces réalités sociales, le choc risque d’être brutal. S’en suivent généralement des rapports heurtés. Besoin d’imposer l’autorité parentale d’un côté et désir de laisser éclore sans retenue les pulsions juvéniles de l’autre. Le psychologue parlera souvent de «crise d’adolescence»…
Aussi, dans une société occidentale laïque et qui accorde une importance moindre à la religion comme c’est le cas du Québec depuis la Révolution tranquille des années 60, il va sans dire que le jeune pourrait vivre difficilement les consignes religieuses imposées ou souhaitées par les parents : port du voile, prières quotidiennes, fréquentation des lieux de culte, etc. car ce dernier ne trouve pas de référence religieuse prédominante en dehors de sa communauté.
De même, dans un pays qui accorde une très grande place à la liberté des individus et particulièrement à celle des enfants, en plus d’une garantie totale de liberté d’expression, un modèle éducatif basé exclusivement sur un rapport coercitif allant jusqu’à la punition corporelle risque de ne pas produire les résultats escomptés.
En octobre 2010, un drame familial à mis beaucoup de monde en émoi et a fait les choux gras de la presse pendant plusieurs jours. On nous apprend qu’un homme de 71 ans, d’origine guinéenne, aurait battu à mort sa fille de 13 ans à Longueuil lorsque cette dernière a refusé de se plier à la volonté du père qui lui demandait de faire la prière quotidienne.
En somme, il est clair que le jeune immigrant qui est appelé à suivre toute sa scolarité dans un pays d’accueil devra nécessairement composer avec la culture de cette société. Donc, il est de la responsabilité du parent de connaître et de prendre en compte cette réalité sociale. Tout en gardant une part des références à l’identité culturelle d’origine, il devrait s’engager dans une démarche d’ouverture critique et de tolérance qui, à terme, créera un sentiment d’appartenance du jeune à la société d’accueil sans pour autant tomber dans l’assimilationnisme. Et au delà de l’accumulation des richesses et les vicissitudes professionnelles, il importe de faire preuve d’une attention éclairée en ce qui concerne l’environnement socioéducatif dans lequel baigne et évolue l’enfant : choix du quartier et de l’école, nouvelles fréquentations,...et surtout d’entretenir une relation de confiance basée sur le dialogue et le respect mutuel.
Lamine Niang (Montréal)
nianlamine@hotmail.com