Le 29 novembre 2023, la commission de la Défense nationale et des forces armées de la XVI e Législature de l'Assemblée Nationale française a auditionné à huis clos, M Sylvain Itté, ambassadeur de France au Niger.
Ce dernier est revenu sur les derniers moments de la prise de pouvoir des militaires (Putschistes) au Niger et de son expulsion dans cet État de l'Afrique de l'Ouest, jadis dirigé par Mohamed Bazoum, un président élu démocratiquement.
Dans un rapport exploité par Dakaractu, l'Ambassadeur Sylvain Itté raconte lors de son audition devant Loic Kervran, vice-président de cette commission au parlement français, le déroulement des événements. "Le coup d’État du général Abdourahmane Tiani se déroule le 26 juillet. Je le rencontre le 28 juillet en compagnie de l’ancien président Issoufou. Le 29 juillet, la France suspend sa coopération et son appui budgétaire avec effet immédiat. Le 30 juillet a lieu l’attaque de l’ambassade de France, une des plus violentes qu’une représentation française ait eue à connaître", a-t-il révélé.
Ainsi, poursuit le diplomate, "Après quoi, le manuel du parfait putschiste a été appliqué. Les auteurs du coup d’État ont repris les étapes qui avaient été suivies au Mali et au Burkina Faso. Mais au Mali les putschistes ont mis huit mois pour mettre en œuvre leur programme, quatre mois au Burkina Faso et un peu moins d’un mois au Niger. Le 3 août, la diffusion de France 2, France 24 et RFI est suspendue, et les quatre accords militaires passés avec la France sont dénoncés : l’accord de défense-cadre de 1977, les deux accords concernant le stationnement des forces et les conditions dans lesquelles elles pouvaient intervenir, et un quatrième accord qui n’a jamais vraiment vu le jour puisqu’il concernait la force Takuba installée au nord au Mali et qui devait se développer au Niger, ce qui n’a jamais véritablement eu lieu", a indiqué l'ambassadeur Francais.
Son excellence Sylvain Itté, relate l'attaque de l'Ambassade de France et sa désignation comme personne indésirable au Niger et son expulsion du territoire national. "Le 7 août Ali Lamine Zeine, qui exerçait les fonctions de représentant de la Banque africaine de développement au Tchad, est nommé Premier ministre. Le 25 août, je suis déclaré persona non grata, avec obligation de quitter le territoire dans les 48 heures. Ensuite vient le blocus de l’ambassade et la période un peu compliquée que nous avons vécue. Les photos de l’attaque de l’ambassade projetées devant vous montrent que celle-ci n’était pas une plaisanterie. Il y a eu volonté d’entrer dans le bâtiment et de l’incendier. Le consulat, vous le voyez, a été entièrement saccagé", fustige-t-il.
En effet, se défend l'ex ambassadeur au Niger, "on prétend que nous refusons actuellement la délivrance de visas. C’est faux : il n’y a pas refus volontaire ni d’instructions qui vont dans ce sens, mais le consulat a été démoli, et donc le personnel n’est évidemment plus là et l’ambassade subit un blocus qui interdit toute entrée.
Mieux, précise le représentant de la France au Niger, "Vous noterez sur une autre photo un membre des forces de l’ordre nigériennes censées assurer la protection de l’ambassade juché sur un véhicule de la Garde nationale – d’ailleurs placé contre le mur de l’ambassade pour permettre aux manifestants de grimper plus facilement sur le mur – en train de haranguer la foule, tenant à la main un drapeau russe encore plié car à peine sorti de son emballage", a expliqué le français, qui détaille sur l'insécurité qui régnait en ce moment et à laquelle faisaient face les représentants diplomatiques au Niger. "Vous voyez aussi des photos du poste de sécurité que les manifestants ont essayé de brûler, et celles des milliers de pierres que nous avons reçues pendant près de deux heures", se désole-t-il.
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