Publication liste des navires : GAIPES déballe la mafia cachée au Sénégalais


En 2019 les acteurs du secteur avaient été alertés sur des attributions de licences « douteuses ». A cette époque, tous les acteurs ainsi que les services administratifs disposaient régulièrement de la version mise à jour de la liste des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise. Après analyse de la liste des licences de 2019, il avait été noté qu’une dizaine de bateaux, à partir du Dak 1286 détenait des licences en pêche démersale profonde option poisson et céphalopode. Une licence qui n’existe pas dans le code de la pêche du Sénégal ni dans son décret d’application. Depuis la levée de boucliers des acteurs pour dénoncer vigoureusement ces licences frauduleuses, il n’a plus été possible de recevoir la liste actualisée des bateaux jusqu’à ce 06 Mai 2024.


Listing des navires de 2024, où sont ces 49 chalutiers qui disposent d’un acte de nationalité sénégalaise


Il y a eu près d’une centaine de nouvelles immatriculations de navires sénégalais entre 2019 et 2024. Les immatriculations à partir du Dak 1286 au Dak 1386 feraient partie du lot des bateaux qui étaient délibérément cachés aux acteurs par les ministres qui étaient nommés entre 2019 et Mars 2024.

Il faut préciser que parmi ces nouvelles immatriculations, il y a quelques rares bateaux qui avaient fait l’objet d’une substitution.


Parmi les 101 chalutiers nouvellement immatriculés, il est noté ce qui suit : 52 bateaux ont des licences qui ont été renouvelées en 2024, 49 bateaux déjà immatriculés et battant pavillon Sénégal ne disposent pas de licences en 2024.

Où sont ces 49 chalutiers qui disposent d’un acte de nationalité sénégalaise ? Seraient-ils déjà radiés du pavillon ? Ou seraient-ils en train de profiter des accords du Sénégal avec les pays voisins pour y pêcher et jouir des avantages conférés par l’origine Sénégal ?

La liste publiée le 06 Mai 2024 révèle que la cinquantaine de licences qui devait être soumise à la commission d’attribution de licences en avril 2020 a finalement été introduite progressivement dans le pavillon. La convocation, pour une session en ligne, de la commission d’attribution des licences en avril 2020, avait soulevé la colère des acteurs majeurs du secteur : pêche artisanale, pêche industrielle, femmes transformatrices, ONG, etc. Toutes les activités étaient arrêtées à cause du COVID et personne n’avait compris l’empressement du Ministre d’alors à convoquer cette session en ligne.


Sur les 52 licences délivrées en 2024 à ces chalutiers nouvellement immatriculés, 41 bateaux, soit près de 80%, ont été attribués sur la pêcherie « pêche démersale profonde option poisson ». Les bateaux ayant de nouvelles licences dans une pêcherie différente de celle de la pêche démersale profonde option poisson devraient être, en général, des bateaux de substitution.


Avant l’année 2019, seuls 2 bateaux battant pavillon sénégalais, avaient une licence en pêche démersale profonde option poisson. En 2024, 43 bateaux ont obtenu une licence sur cette pêcherie alors qu’aucune étude du CRODT n’a confirmé à la commission d’attribution des licences une augmentation des ressources sur cette pêcherie qui pourrait justifier ces attributions.


La licence en pêche démersale profonde option poisson ne donne droit qu’à des captures de merlu principalement, mais cette cinquantaine de bateaux débarquait au quai de pêche du Môle 10 tout sauf du merlu . Et les chalutiers « traditionnels » de la pêche industrielle ainsi que les pêcheurs artisanaux les croisaient régulièrement en mer dans des zones loin de celles réservées à la pêche démersale profonde. Ne disposant pas de la liste des chalutiers, personne ne pouvait soutenir avec certitude que ces bateaux pêchaient hors de la zone qui devrait leur être affectée.

Que retenir ?

La présence massive de navires avec un passé de pêche INN dans sa flotte vaut aujourd’hui au Sénégal des menaces d’être classé comme pavillon de complaisance, ce qui aurait de lourdes conséquences dans toute la filière : Blocage des exportations vers l ‘ Union europeenne , les USA mais aussi vers les pays communautaires car la fraude sur l’origine n’est acceptée dans aucun pays. Des produits de haute valeur ajoutée comme les cephalopodes et les crustacées qui sont peu consommés au Sénégal n’auraient plus de débouchés ni pour la pêche artisanale ni pour la peche industrielle. Les conséquence sur toute l ‘économie seraient graves (baisse des devises rapatriées, pertes d'emplois, etc)

Au-delà de cette liste, il serait recommandé de faire la lumière sur les activités de tous les bateaux du pavillon Sénegal. Enfin, l’adage selon lequel «le poisson pourrit par la tête» trouve son sens dans le secteur de la Pêche ! Chaque fois que ce secteur a été en crise, cela a été le résultat d’un leadership trouble aux conséquences désastreuses.
Jeudi 30 Mai 2024
Dakaractu