La Norvège est sous le choc, samedi 23 juillet, au lendemain de la mort de près de 90 personnes dans deux attaques sanglantes qui ont frappé le pays vendredi. Un attentat à la bombe a dévasté un quartier abritant notamment le bureau du premier ministre Jens Stoltenberg, lequel n'était pas sur place au moment de la déflagration, à Olso faisant au moins sept morts selon la police.
Peu après, un homme s'est introduit dans un rassemblement de jeunes partisans du Parti travailliste, au pouvoir, sur l'île d'Utoeya près de la capitale. Prétendant vouloir s'assurer de la sécurité des participants après l'explosion d'Oslo, il a tiré sur les jeunes, faisant au moins 80 morts selon le dernier bilan fourni par la police samedi.
"Jamais depuis la seconde guerre mondiale, notre pays n'avait été frappé par un crime de cette ampleur", a déclaré samedi le premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, qualifiant les attaques de "tragédie nationale". "C'est un cauchemar", a-t-il ajouté, en évoquant "la peur, le sang et la mort" rencontrés par les jeunes sur l'île Utoeya.
Un suspect arrêté. La police a annoncé vendredi soir avoir arrêté un suspect, un Norvégien "de souche" âgé de 32 ans. Les éléments postés par le suspect sur Internet laissent penser qu'"il a certains traits politiques penchant vers la droite et antimusulmans mais il est trop tôt pour dire si cela a été un motif pour son geste", a déclaré le commissaire de police Sveinung Sponheim à la télévision publique NRK.
Selon la télévision TV2, le suspect est proche des milieux d'extrême-droite et avait deux armes enregistrées en son nom, dont un fusil automatique, des informations non confirmées par la police, qui refuse également de confirmer l'identité du suspect circulant dans certains médias. Plusieurs médias ont en effet identifié le suspect comme étant Anders Behring Breivik. D'après les médias norvégiens, il a créé un compte Twitter il y a quelques jours mais il n'y a posté qu'un seul message, le 17 juillet : "Une personne avec une conviction est aussi forte que 100 000 autres n'ayant que des intérêts."
Des attaques concertées. L'explosion d'une ou deux bombes de forte puissance près du siège du gouvernement et la fusillade sur une île des environs d'Oslo apparaissent comme une attaque concertée pour frapper au cœur le royaume scandinave.
Entendue à des kilomètres à la ronde, l'explosion à Olso a soufflé les fenêtres du bureau du premier ministre et l'imposante tour brune était endommagée sur toutes ses façades, ce qui permettait littéralement de voir de part en part du bâtiment. Les images des télévisions norvégiennes montraient des immeubles totalement défigurés, des trottoirs jonchés de débris de verre, de la fumée s'élevant du quartier, de nombreuses ambulances et des blessés ensanglantés.
La police a rapidement bouclé le quartier, où une voiture noire se trouvait sur le flanc et où les alarmes des bâtiments dévastés hurlaient dans le vide tandis que des pompiers tentaient de contenir un incendie. Un porte-parole de la police a rapidement appelé les habitants d'Oslo à "éviter les grands rassemblements" et à rentrer chez eux. "Plusieurs dizaines" de personnes ont été hospitalisées pour des blessures plus ou moins graves, a-t-il précisé. Des chiens policiers passaient le quartier au peigne fin à la recherche d'autres explosifs éventuels dans un paysage de désolation.
A Utoeya, des explosifs non détonés ont également été retrouvés, selon la police. Des témoins ont raconté que le suspect, qui portait au moment de son arrestation un pull estampillé avec le sigle de la police, tirait au hasard tout en progressant sur la petite île boisée et touristique. Alors que les coups de feu résonnaient, les jeunes paniqués cherchaient désespérément un abri, certains fuyant dans les bois, d'autres plongeant dans le lac. Dans la nuit, des bateaux aidés par des hélicoptères ont cherché des survivants dans les eaux ou sur les rives du lac, balayées par la lumière de projecteurs.
( Avec Le monde )