Pourquoi l’opposition doit dialoguer sans condition avec Abdoulaye Wade (Par Cheikh Yérim Seck)


DAKARACTU.COM  La situation politique du Sénégal est bloquée par les positions que défendent le camp du président Wade et celui de ses adversaires regroupés au sein du M23, lequel demande comme préalable à tout dialogue le retrait de la candidature de Wade à l’élection présidentielle de février 2012. Les deux camps campent sur leurs positions, et le président a déjà été investi par son parti qui ne peut plus présenter un autre candidat apte à concourir valablement à celle-ci. La candidature de Wade est celle de tous les dangers, quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel. Si elle est validée, il y a fort à parier que des désordres s’en suivront. Si elle est invalidée, les partisans du chef de l’Etat  crieront à la manipulation et mettront leurs forces dans la rue. Notre avenir immédiat dépend donc de cette décision cruciale, et déterminante pour notre démocratie. D’autant que les ambassades de nombreux pays occidentaux, alertées, sont inquiètes et ont mis leur personnel sous pression. La France et les Etats-Unis craignent que notre pays ne bascule dans une poudrière qui mettrait leurs intérêts en péril. Dans cette situation, nous n’avons pas de choix autre que de demander à nos dirigeants politiques de la mesure et de la magnanimité. Ou nous allons droit dans le mur, ou alors nous nous arrêtons et discutons entre hommes politiques responsables, doivent se dire ces personnes qui nous gouvernent ou y aspirent. C’est le moment de faire preuve de responsabilité. Wade a crié sur tous les toits que rien à part Dieu ne l’empêchera d’aller à l’élection. Il est sûr de la validité constitutionnelle de sa candidature. Ceux qui sont certains du contraire doivent, eux, faire preuve de lucidité politique et amener le président à s’asseoir avec eux et discuter de l’avenir en péril de ce pays. Les adversaires de Wade doivent lui parler, lui donner des garanties en échange du retrait de cette candidature dangereuse. L’avenir du Sénégal vaut bien que tous surmontent leur orgueil et négocient le passage sur cette route escarpée de l’élection présidentielle de février. Le départ de Wade passe par la négociation. Il n’entrevoit aucune porte de sortie. Que l’opposition lui ouvre quelques fenêtres aérées ! Abdoulaye Wade ne peut, après 12 années de pouvoir durant lesquelles ses partisans se sont rendus coupables de certaines maladresses de gestion, partir et les laisser ainsi à la merci d’adversaires vindicatifs. Il convient de le rassurer, l’avenir du pays vaut bien que l’opposition adopte une attitude conciliatrice et bienveillante à l’égard des compagnons d’Abdoulaye Wade. Certains y sont prêts. D’autres moins, et ceux-ci doivent tenir compte du caractère apaisant d’une telle décision quant au climat politique délétère qui règne aujourd’hui au Sénégal. L’opposition est en devoir pour le Sénégal de rassurer Wade et de l’inviter à la table de négociations qui ouvriraient à des compromis. Il y a de bons compromis si la vie de notre pays est en jeu, et que seuls les impératifs du développement sont pris en compte, et seuls aussi les désirs vitaux des populations sont interrogés. Le peuple est plus attiré par le règlement de ses inextricables problèmes que par le fait de juger Wade et ses compagnons qui auraient pu se rendre coupables de forfaitures. Que l’opposition ne laisse pas passer cette chance historique d’avoir au moins donné une chance à Wade de s’en sortir avec les honneurs. Si les termes de ces discussions sont bien posés sans faire preuve de rigidité doctrinale ou d’héroïsme politique vengeur, sans tenter d’humilier un homme qui veut peut-être qu’on lui entrouvre une porte de salut, sans en faire le mal absolu, ni la cause de tous nos maux, tout en reconnaissant l’importance du rôle que Wade a joué dans notre démocratie et dans un certain développement de nos infrastructures, alors il y a lieu de croire qu’un appel au dialogue sera entendu par le président. Et ses partisans qui veulent se servir de lui comme paravent se rendront alors à l’évidence. Il vaut bien mieux sauver le pays que leurs dérisoires avantages sociaux acquis on ne sait comment. Ou plutôt si !!!  Il convient à présent de dialoguer et d’arrêter d’épiloguer. L’urgence est à nos portes. La responsabilité politique vient rappeler à tous son sens.
Lundi 9 Janvier 2012
Cheikh Yerim Seck