Position d'Ousmane Sonko sur l'homosexualité : les Sénégalais affichent leur fermeté

Le terme tolérance évoqué par le président du parti Pastef/Les Patriotes Ousmane Sonko dans son discours sur l’homosexualité risque de lui coûter très « cher ». En effet, répondant aux propos de son invité Jean-Luc Mélenchon, Ousmane Sonko a déclaré en ses termes : « Dans notre société, le phénomène dont je viens de parler n’est pas accepté, il est toléré », des propos qui ont fait réagir beaucoup de Sénégalais. Ils commencent à décocher leurs flèches pour manifester leur déception, car la criminalisation de cet acte est réclamée par ces Sénégalais.


Le Premier ministre Ousmane Sonko a reçu ce jeudi 16 mai 2024 au temple du savoir le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Abordant dans son discours la question de l’homosexualité, le leader du Pastef a produit un discours en demi-teinte sur la situation des homosexuels au Sénégal. Ainsi, les réactions sont nombreuses et chacun y va de sa propre analyse. Le sociologue Docteur Abdou Khadre Sanogo dans un entretien qu’il a accordé à Dakaractu a fait savoir que l’homosexualité ne sera jamais acceptée au Sénégal quel que soit le régime politique. « Un régime politique ne peut pas imposer aux Sénégalais même si la pratique commence à s’ancrer petit à petit. On le fait toujours en catimini. Les gens se cachent pour le faire », a-t-il déclaré avant de souligner que le fait d’accepter les choses comme cela se fait dans certains pays occidentaux est inadmissible au Sénégal.

M. Sanogo estime que les réalités sociales et cultuelles sénégalaises sont différentes des réalités occidentales. « Aujourd’hui, l’hétéro sexualité est le régime sexuel qui est le plus de mise au Sénégal. De ce point de vue, quelle que soit la popularité de n’importe quel leader politique on ne peut pas imposer aux Sénégalais cette pratique qui est mal acceptée par les Sénégalais », dit-il. 

Il poursuit : « Tous les gouvernements qui se succéderont quelle que soit la pression internationale et quel que soit ce discours de tolérance et de diversité entre les peuples, il faut que chacun reste campé sur ses propres croyances sociales et culturelles ». 

Concernant la visite de Jean-Luc Mélenchon, le Sociologue laisse entendre que le Sénégal est une société internationale compte tenu des relations stratégiques en politique qu’on peut avoir les uns après les autres. « Même s’il était homosexuel, on ne doit pas lui fermer nos territoires. Ce qui devrait nous intéresser, c’est de mettre le focus sur le travail qui l’amène ici. Il faut savoir que sa visite a une forte teneur politique », mentionne Abdou Khadre Sanogo.

          « Ousmane Sonko a menti sur la tolérance de l’homosexualité»

Selon Moustapha Diakhaté, ancien Président du Groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar, au Sénégal, l’homosexualité n’est pas tolérée. « Elle est interdite. C’est un délit».  L'homosexualité est juridiquement punie et pénalement réprimée au Sénégal en tant qu'attentat aux mœurs. Elle y est qualifiée juridiquement d'acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe et punie d'un à cinq ans de prison », a fait savoir Moustapha Diakhaté qui précise que Ousmane Sonko a menti sur la tolérance de l’homosexualité alors qu’elle est prohibée par le législateur sénégalais. 

    « Ce que l’on attend du régime est de voter une loi pour criminaliser l’homosexualité »


Par contre l’analyste politique Abdoulaye Mbow reste d’avis que la tolérance de l’homosexualité évoquée par le Premier ministre hier lors de la conférence à l’UCAD est bien réelle. « J’ai écouté l’intervention d’un imam dans une télévision de la place qui déclare qu’il était très satisfait de la réponse de Ousmane Sonko sur la question de l’homosexualité. Je crois bien que le fait qu’il soit toléré est une vérité », a-t-il déclaré. 

Selon lui, le Président Macky Sall lui-même l’avait rappelé au président Barack Obama et au Premier ministre canadien Justin Trudeau. « Quand on parle de tolérance, c’est un phénomène qu’on ne peut pas accepter, cependant, il y a des personnes qui sont dans ces pratiques », souligne Abdoulaye Mbow.

Toutefois, l’analyste politique a invité le régime à aller dans le sens d’une politique de criminalisation de l’homosexualité. « Ce que l’on attend véritablement du régime est d’aller dans le sens d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale afin de voter une loi pour criminaliser l’homosexualité », avance-t-il. Le Premier ministre Ousmane Sonko l’avait lui-même rappelé et cela est un souhait de plusieurs Sénégalais.

    « Les populations ont remarqué que l’Etat n’a pas toujours été ferme dans sa position»

Prenant le contre-pied de l’analyste, Imam Bachir Cissé précise que l’homosexualité est un phénomène qui n’a jamais été toléré par les Sénégalais. « Ceux qui sont dans la pratique de l’homosexualité sont rejetés par les populations. Ce qui s’est passé récemment à Kaolack doit édifier sur la conception de ce phénomène par les citoyens sénégalais. Maintenant, il reste à déterminer la règle de l’Etat », a-t-il dit.
Il ajoute que les populations ont remarqué que l’Etat n’a pas toujours été ferme dans sa position. « L’Etat a toujours toléré ce phénomène. C’est ça la réalité. Qu’on le dise ou qu’on le taise, c’est la remarque générale. Si c’était un pays islamique comme la Mauritanie, la position de l’Etat pourrait être ferme avec une position tranchée, mais le Sénégal est un pays laïc et jusqu’à présent, nous ne pouvons disposer d’une ferme position de l’Etat », a laissé entendre Imam Cissé.
 
       "Le gouvernement doit faire preuve de fermeté" 

 Pour sa part, le vice-président du mouvement And Sam Djiko Yi Adama Mboup estime qu'aujourd'hui nos autorités doivent faire très attention et faire preuve de fermeté sur ce problème s'il ne veulent pas que cela reviennent. "Il faut des réponses claires. Il ne faut pas dire que ce n'est pas accepté, mais toléré. Ce n'est pas le cas. Le Sénégal n'accepte pas ce phénomène et ne le toléré pas non plus. Le fait d'être claire, ce sont ces réponses. De ce fait, Adama Mboup conseille le gouvernement à faire preuve de fermeté avec ces gens afin d'assurer sa souveraineté. Selon lui, quelqu'un comme Mélanchon qui affiche son appartenance dans le cercle des francs-maçons et défend la cause LGBT ne doit pas être encouragé à accéder au pouvoir en France. "Parce que si c'est le cas, il a renforcé ces lobbies qui sont en porte-à-faux avec nos croyances. Il faut chercher des alliés qui sont très puissants et respecter nos convictions culturelles", explique-t-il.

Aida Ndiaye Fall
Samedi 18 Mai 2024
Aida Ndiaye Fall




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