Portrait de la Semaine : Ndèye Guèye, porte-étendard de notre sous-culture.


DAKARACTU.COM  Ndèye Guèye est au cœur et pas pour la première fois de notre actualité people. Elle défraie encore la chronique ou plutôt elle l’effraie. Des exubérances de Goudy Town, qui lui avaient valu prison et notoriété, quel paradoxe, à la séquence du « viol » d’une de ses amies par un certain Thiam Téranga, pour arriver à la navrante comédie d’escroquerie sur fond de lesbianisme, avec la sulfureuse Khady Ndoye, Ndèye Guèye affole les rotatives et carbonise les écrans télé et les sites web, avec ses frasques et ses déhanchements torrides et suggestifs en diable. Le record de visites sur le web au Sénégal, c’est Ndèye Guèye. Tous ses faits et gestes sont épiés, répertoriés, filmés par n’importe quel voyeur de boîte de nuit muni d’un téléphone à deux balles et qui va déverser ses photos « exclusives » sur le net. Cette fille est le symbole de l’exaspération face à notre vulgaire futilité. Surnommée « la BombaLatina » sénégalaise, ou encore la « Sexy dance girl », Ndèye Guèye est envoûtante. Il faut lui reconnaître qu’elle a du chien comme on dit, un caractère bien trempé, et un savoir faire certain dans l’art de vendre son art, qui reste la provocation. Ndèye Guèye respire par le scandale. C’est une exhibitionniste dans l’âme, et elle rencontre sur son terrain de jeux interdits favoris l’expression du sport national sénégalais, le voyeurisme. Ces deux notions ont besoin l’une de l’autre pour exister. Pas d’exhibitionnistes sans voyeurs. Le fait est que nous sommes un peuple de voyeurs. Il est plus facile de faire vendre les papiers sur Khady Ndoye en disant d’elle que c’est une gouine, que de dire sa réelle nature qui est d’être un escroc de haut vol, dont tout le monde savait l’origine de la subite richesse et de la légère générosité. Mais, ici, on préfère noyer sa pauvreté en lisant que Ndèye Guèye et Khady Ndoye ont distribué des milliers de francs à une soirée. En sachant très bien comment elles y parviennent. On leur fait des courbettes à l’entrée des dancings de Dakar, on est ébahis par leur clinquant et leurs maquillages outranciers qui les font ressembler à des voitures volées, et à des sapins de Noël ambulants. On aime dans ce pays le « sexy-cradingue », ça nivelle. Par le bas évidemment, et Ndèye Guèye n’est que l’expression de notre vulgarité satisfaite et revendiquée. Regardez sur les chaînes du câble, les télévisions de nos voisins, observez la dignité des danseuses maliennes et guinéennes, pas une cuisse entrevue, pas de mouvements imitant l’acte sexuel comme c’est sous nos cieux la panacée. Ndèye Guèye est le reflet de nos âmes perdues ou damnées. Elle ne sait que faire attention à monter ses courbes incandescentes,  quand d’autres femmes plus dignes se tuent à garder leurs lignes. Notre pop star, dans notre Sénégal si vertueux, c’est Ndèye Guèye qui aura le toupet de dire sa croyance et sa pratique religieuse à tout bout de champ. Comme pour s’exonérer, comme pour nous excuser de saliver pour une telle ignominie ambulante.
Samedi 3 Décembre 2011