Et si on faisait un retour vers les propos du choriste Julien Jouga (1931-2001) qui compose une désormais célèbre reprise de « Lambi wa fass?». Pourquoi ne pas penser à cet hommage à Cheikh Ameth Tidiane, fondateur de la confrérie musulmane soufie de la Tijaniyya ? Le moment doit être bien choisi pour penser à cet homme issu d'une famille de musiciens d'origine diola et dont la jeunesse est empreinte de cette formation en chant grégorien. Au moment où le débat gagne une proportion qui doit être plus que jamais cassée, nos pensées vont inévitablement vers ce chantre du dialogue Islamo-Chrétien. La récente sortie du premier ministre Ousmane Sonko fait débat depuis plusieurs jours. A l’occasion de la célébration de l’excellence, le chef du gouvernement répondant à une question d’une des lauréates du concours générale 2024, s’est épanché sur la question du port du voile dans les établissements n’ayant pas la même religion que ceux musulmans. Pour le premier ministre Ousmane Sonko, « notre modèle est bâti sur la laïcité. Mais c’est une laïcité orientée dans une religion profonde. Elle ne récuse pas la religion. Nous pensons qu’il nous faut une institutionnalisation et à travers nos programmes budgétaires. Nous savons que la question des Daaras est une préoccupation pour notre pays. En dehors du Sénégal, des gens ont leur modèle et l’appliquent. Dans notre pays, nous avons le nôtre et nous aimerions qu’on nous le respecte. Nous sommes dans un pays de tolérance et en tant que musulmans, nous avons notre propre modèle. Nous n’allons plus accepter au Sénégal et quel que soit l’établissement, d’interdire l’école à nos enfants parce qu’elles ont mis le voile. Nous avons cette responsabilité ! Tous les enfants sont égaux et doivent avoir la même chance devant la République ». Des mots du premier ministre qui créent le tollé même au sein de l’église catholique.
C’est l’Abbé André Latyr Ndiaye qui ouvre les hostilités avec une lettre « salée » de 1520 caractères qui, non seulement n’a laissé indifférents les souteneurs du premier ministre Ousmane Sonko, mais également le monde religieux. Dans son message, l’homme de l’église a rappelé que « l’école privée catholique est polie : elle forme et produit pour la société sénégalaise et pour le monde entier des cadres, des élites très polies et très cultivées ! Vous en avez la preuve au quotidien : votre binôme et certains de vos ministres ou directeurs généraux. L’école privée catholique comme toutes les autres écoles privées est une institution. On ne tance pas une institution en public ; on ne parle pas à une institution sur le ton de la menace. "D'ailleurs, d’aucuns ont estimé que cette sortie de l’Abbé est inopportune, inélégante tandis que d’autres applaudissent pour saluer « une mise en garde » pour éviter ce sujet qui est un terrain glissant. Au niveau des réseaux sociaux, ce n’est pas aussi le calme plat. Guy Marius Sagna, El Malick Ndiaye, Amadou Ba de Pastef se sont exprimés avec toute la prudence requise pour ne pas « mettre de l’huile sur le feu ». « J'ai toujours aimé ce propos de Cheikh Anta Diop : "Tout Africain sérieux qui veut être efficace dans son pays à l'heure actuelle évitera de se livrer à des critiques religieuses". (Cheikh Anta Diop, nations nègres et culture, présence africaine, 1954, p. 23) », avait écrit le député et proche de Ousmane Sonko. El Malick Ndiaye invite à faire focus sur l’essentiel. L’essentiel c’est le changement systémique et qualitatif que le président Bassirou Diomaye Faye, son premier ministre et tout le gouvernement du Sénégal, sont en train d’opérer. Le nouveau député qui a pris la place de Birame Soulèye Diop parle de militantisme intelligent qui impose parfois « de ne pas engraisser certaines polémiques qui ne feront que nous éloigner des enjeux vitaux. »
Il faut savoir encaisser et ignorer car, ce n’est pas seulement une stratégie conjoncturelle, mais un signe de maturité politique. Personne ne peut empêcher les polémiques, mais chacun peut, par sa retenue et sa patience, empêcher leur propagation, avait ainsi écrit Amadou Bâ, membre du parti Pastef. Malgré toutes ces sorties suscitées par ces lignes incendiaires de l’abbé André Latyr Ndiaye rappelant à Ousmane Sonko qu’un vrai panafricaniste n´ignore pas et ne foule pas aux pieds l'art oratoire, les règles et les vertus du dialogue sous l´arbre á palabre, d’autres acteurs se sont prononcés toujours pour alerter en vue de sauvegarder ce vivre-ensemble tant cher au Sénégal. Le vivre-ensemble aussi, c’est la préoccupation du prêcheur Oustaz Alioune Sall. Dans une vidéo devenue virale à cause de la sensibilité du sujet évoqué, le prêcheur a donné son avis invitant à la retenue notamment dans le cadre du respect des règles établies par une communauté. « On ne peut pas inscrire son enfant dans un établissement et faire fi des règlements à appliquer », avait avancé Oustaz Alioune Sall, rejoint dans ses propos par l’évêque de Thiès, André Guèye.
Entre polémique et menace de cohésion sociale, il faut déjà trouver l’équilibre. Ce qu’il urge de faire c’est d’abord de se comprendre. Dans une interpellation faite par les confrères de l’Observateur dans le cadre de ce sujet, le sociologue Mamadou Wone a considéré que la réaction du premier ministre de même que celle de l’Abbé restent maladroites. « La réaction du Premier ministre et celle de l'Abbé Ndiaye sont maladroites. Le Premier ministre, c'est un populiste. Pour le comprendre, il faut aller vers les Amériques Latines où on a vu des figures emblématiques du populisme, Hugo Chavez, Fidel Castro, Che Guevara. Ils ont les mêmes comportements, les mêmes gestes, les mêmes façons de vouloir titiller les autres. La réaction de l'Abbé Ndiaye aussi, est une réaction épidermique parce qu'il aurait pu essayer de voir comment arriver à discuter autour d'une table pour essayer de résoudre ce problème plutôt que de vouloir le clouer au pilori ou l'infantiliser. Ce n'était pas une bonne réaction. » Selon lui, ce sont des réactions qu'il faut arrêter. « Ce ne sera pas facile d'arrêter Ousmane Sonko parce que c'est dans sa nature, il aime ce qu’on appelle la logomachie. »
L’office national de l’enseignement catholique de même que le conseil national du laïcat sont sortis de leur réserve pour s’indigner des propos du Premier ministre.
Il faut noter qu’au Sénégal, la convivialité qui raffermit les liens durables entre les ethnies et les religions est l’une des sources nourricières de l’exception sénégalaise. En ce sens que les valeurs traditionnelles, les principes religieux islamiques comme chrétiens participent pour beaucoup à la socialisation à la paix et à la construction dynamique du bien vivre commun. Cette alchimie de valeurs différentielles à la fois endogènes et exogènes qui se communient en un tout, fait la particularité du dialogue islamo-chrétien. Quelle que soit l’analyse à faire sur la sortie du Premier ministre, les avis partagés doivent toujours nous amener à préserver cet héritage qui n’a jamais fait la distinction entre musulmans et chrétiens. Ce qui nous lie reste plus fort...
C’est l’Abbé André Latyr Ndiaye qui ouvre les hostilités avec une lettre « salée » de 1520 caractères qui, non seulement n’a laissé indifférents les souteneurs du premier ministre Ousmane Sonko, mais également le monde religieux. Dans son message, l’homme de l’église a rappelé que « l’école privée catholique est polie : elle forme et produit pour la société sénégalaise et pour le monde entier des cadres, des élites très polies et très cultivées ! Vous en avez la preuve au quotidien : votre binôme et certains de vos ministres ou directeurs généraux. L’école privée catholique comme toutes les autres écoles privées est une institution. On ne tance pas une institution en public ; on ne parle pas à une institution sur le ton de la menace. "D'ailleurs, d’aucuns ont estimé que cette sortie de l’Abbé est inopportune, inélégante tandis que d’autres applaudissent pour saluer « une mise en garde » pour éviter ce sujet qui est un terrain glissant. Au niveau des réseaux sociaux, ce n’est pas aussi le calme plat. Guy Marius Sagna, El Malick Ndiaye, Amadou Ba de Pastef se sont exprimés avec toute la prudence requise pour ne pas « mettre de l’huile sur le feu ». « J'ai toujours aimé ce propos de Cheikh Anta Diop : "Tout Africain sérieux qui veut être efficace dans son pays à l'heure actuelle évitera de se livrer à des critiques religieuses". (Cheikh Anta Diop, nations nègres et culture, présence africaine, 1954, p. 23) », avait écrit le député et proche de Ousmane Sonko. El Malick Ndiaye invite à faire focus sur l’essentiel. L’essentiel c’est le changement systémique et qualitatif que le président Bassirou Diomaye Faye, son premier ministre et tout le gouvernement du Sénégal, sont en train d’opérer. Le nouveau député qui a pris la place de Birame Soulèye Diop parle de militantisme intelligent qui impose parfois « de ne pas engraisser certaines polémiques qui ne feront que nous éloigner des enjeux vitaux. »
Il faut savoir encaisser et ignorer car, ce n’est pas seulement une stratégie conjoncturelle, mais un signe de maturité politique. Personne ne peut empêcher les polémiques, mais chacun peut, par sa retenue et sa patience, empêcher leur propagation, avait ainsi écrit Amadou Bâ, membre du parti Pastef. Malgré toutes ces sorties suscitées par ces lignes incendiaires de l’abbé André Latyr Ndiaye rappelant à Ousmane Sonko qu’un vrai panafricaniste n´ignore pas et ne foule pas aux pieds l'art oratoire, les règles et les vertus du dialogue sous l´arbre á palabre, d’autres acteurs se sont prononcés toujours pour alerter en vue de sauvegarder ce vivre-ensemble tant cher au Sénégal. Le vivre-ensemble aussi, c’est la préoccupation du prêcheur Oustaz Alioune Sall. Dans une vidéo devenue virale à cause de la sensibilité du sujet évoqué, le prêcheur a donné son avis invitant à la retenue notamment dans le cadre du respect des règles établies par une communauté. « On ne peut pas inscrire son enfant dans un établissement et faire fi des règlements à appliquer », avait avancé Oustaz Alioune Sall, rejoint dans ses propos par l’évêque de Thiès, André Guèye.
Entre polémique et menace de cohésion sociale, il faut déjà trouver l’équilibre. Ce qu’il urge de faire c’est d’abord de se comprendre. Dans une interpellation faite par les confrères de l’Observateur dans le cadre de ce sujet, le sociologue Mamadou Wone a considéré que la réaction du premier ministre de même que celle de l’Abbé restent maladroites. « La réaction du Premier ministre et celle de l'Abbé Ndiaye sont maladroites. Le Premier ministre, c'est un populiste. Pour le comprendre, il faut aller vers les Amériques Latines où on a vu des figures emblématiques du populisme, Hugo Chavez, Fidel Castro, Che Guevara. Ils ont les mêmes comportements, les mêmes gestes, les mêmes façons de vouloir titiller les autres. La réaction de l'Abbé Ndiaye aussi, est une réaction épidermique parce qu'il aurait pu essayer de voir comment arriver à discuter autour d'une table pour essayer de résoudre ce problème plutôt que de vouloir le clouer au pilori ou l'infantiliser. Ce n'était pas une bonne réaction. » Selon lui, ce sont des réactions qu'il faut arrêter. « Ce ne sera pas facile d'arrêter Ousmane Sonko parce que c'est dans sa nature, il aime ce qu’on appelle la logomachie. »
L’office national de l’enseignement catholique de même que le conseil national du laïcat sont sortis de leur réserve pour s’indigner des propos du Premier ministre.
Il faut noter qu’au Sénégal, la convivialité qui raffermit les liens durables entre les ethnies et les religions est l’une des sources nourricières de l’exception sénégalaise. En ce sens que les valeurs traditionnelles, les principes religieux islamiques comme chrétiens participent pour beaucoup à la socialisation à la paix et à la construction dynamique du bien vivre commun. Cette alchimie de valeurs différentielles à la fois endogènes et exogènes qui se communient en un tout, fait la particularité du dialogue islamo-chrétien. Quelle que soit l’analyse à faire sur la sortie du Premier ministre, les avis partagés doivent toujours nous amener à préserver cet héritage qui n’a jamais fait la distinction entre musulmans et chrétiens. Ce qui nous lie reste plus fort...