Palais de justice: fixé sur son sort le 23 avril, l’activiste guinéen ‘’Agi’’ Sylla encourt l’expulsion


L’activiste et blogueur, Djibril Sylla connu sous le pseudonyme ‘’Agi’’ a été jugé, ce 17 avril devant le tribunal correctionnel des flagrants délits. Il est poursuivi pour  séjour irrégulier au Sénégal suite à son placement sous mandat de dépôt jeudi dernier. Il encourt le risque d’expulsion dans son pays d’origine en Guinée où il est perçu comme une voix critique du régime militaire en place.


Son jugement fait suite à son interpellation à la suite d’une plainte déposée contre lui pour diffamation et injures publiques par Kerfalla Camara, un entrepreneur et homme d’affaires guinéen. Devant la barre du tribunal correctionnel, le mis en cause a reconnu le délit de séjour irrégulier au Sénégal. Sa venue au pays de la Téranga depuis début février 2021 s’explique par des raisons politiques marquées par des persécutions du régime du Colonel Doumbouya, a confié l’activiste.

« Je suis arrivé au Sénégal par voie terrestre pour fuir la persécution en Guinée. J’ignorais que j’avais besoin d’un titre de séjour. », a déclaré Agi Sylla. Devant le juge, il a également renseigné avoir démarcher pour l’obtention de document lui conférant le statut d’asile politique.

« A mon arrivée, je me suis rendu au siège d’Amnesty international pour obtenir le statut d’asile politique car je craignais pour ma vie. Cependant j’ai été orienté vers le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. J’ai apposé mes empreintes mais par négligence, je ne suis pas reparti recueillir le document y afférent. », a-t-il laissé croire.

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense notamment Mes Babacar Ndiaye, Aliou Sow et Amadou Aly Kane qui ont assisté l’activiste Djibril Sylla ont demandé le renvoi des fins de la poursuite en faveur de leur client. Ils ont fondé leurs arguments sur la libre circulation des personnes et des biens sur l’espace Cedeao.

« La loi de 1971 qui a été visée est obsolète. c’est une humiliation de viser le séjour irrégulier contre un citoyen membre de la Cedeao qui garantit la libre circulation des personnes et des biens », ont soutenu les conseils. Selon eux, Djibril Sylla est victime d’une erreur judiciaire confortée par l’absence de texte de loi qui permet de le punir en tant que citoyen de l’espace Cedeao. Me Amadou Aly Kane a tenu à alerter sur d’éventuels risques de le condamner.

« M. le président, votre décision peut avoir des conséquences sur la communauté. Le condamner, c’est le remettre à la merci d’un régime totalitaire qui veut se servir d’une décision judiciaire Sénégalaise. Rendre justice à Sylla c’est participer à la construction de la communauté. », a soutenu la robe noire.



Les avocats ont également introduit une requête de mise en liberté provisoire en faveur du blogueur mais celle-ci sera rejetée à la suite de la réquisition du maître des poursuites qui s’est opposé à la demande. Le délibéré du jugement a finalement été fixé au 23 avril prochain.
Jeudi 18 Avril 2024
Dakaractu