Beaucoup d’amis soulignent à juste que la presse et le monde insistent trop sur la qualification religieuse du nouveau maire de Londres. C’est vrai que le premier président du Sénégal, constitué de 95% de musulman, était chrétien. De même, le maire de Jakarta, capitale du plus grand pays musulman (en démographie) est chrétien. D’autres rappellent qu’en Palestine et en Jordanie, des maires chrétiens administrent des villes. Bref, ce rappel est une réponse à tous les ignorants et notamment aux journalistes Robert Menard (Maire d’extrême droite de Béziers) et Judith Waintraub qui twittent respectivement « Londres a désormais un maire musulman. Un tournant historique qui symbolise le grand remplacement en cours » & « Dans le monde arabo-musulman, ce serait impossible qu'un Chrétien soit maire ».
Dans un monde idéal, je comprendrai et appuierai l’appel de mes amis à « l’indifférence » identitaire de Sadiq Khan. Malheureusement, en 2016, nous sommes plus que jamais dans un monde fortement marqué par les identités (surtout religieuses) et dans lequel se dressent énormément de barrières entre les peuples et les individus.
A l’heure de l’islamophobie ambiante et décomplexée, l’élection du nouveau maire de Londres symbolise ce qu’une démocratie, une société ouverte, peut offrir de meilleur. Elle n’est possible que dans une société véritablement ouverte et cosmopolite où les compétences et l’apport de chaque citoyen à la vie de la cité priment sur tout autre considération. Pas que des incantations, des mots chantés à tue-tête.
Qu’on ne s’y trompe pas, très peu de pays, y compris ses voisins, sont aussi ouverts que l’Angleterre. On peut s’y accomplir en gardant un signe distinctif: turban sur la tête pour les sikhs, voile pour les musulmanes qui le souhaitent et dreadlocks pour les afro-caribéens. C’est très commun dans l’administration, la police, les banques et tous les autres services. C’est cela, le génie de cette nation. Ce génie qui met en avant le « vouloir vivre en commun » dont parle le philosophe et historien Ernest Renan dans « Qu’est-ce qu’une nation ?»
Je n’ai pas envie de rejoindre certains dogmatiques dans le débat sur la religiosité de Sadiq Khan « Bon » ou « mauvais » musulman, sa pratique n’engage que lui. Ce qui est certain, c’est que son élection à la mairie de Londres est un « Game changer ». Un peu comme l’a été l’élection de Obama. Elle me semble être une avancée macro-sociale dans les rapports et le regard que nous pouvons avoir les uns sur les autres. Nord/sud ; occident /orient, etc.
Une sacrée claque à ceux qui fustigent le modèle anglo-saxon et un énorme pied de nez aux extrémistes de tout bord.
Excellente semaine à tous,