Ousmane Sèye, la voix de Maître (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck).


DAKARACTU.COM  Maître Ousmane Sèye vient de nous éclairer sur la vraie nature de notre régime politique. Que ceux qui pensaient qu’ils étaient en République aillent revoir leur copie de toute urgence : nous sommes en monarchie et notre Roi se doit de nous déterminer, ce sont là ses mots, un successeur. Parce qu’en fait, maître Abdoulaye Wade n’a pas été élu un certain 19 mars 2000. Il a été intronisé. Alors son avocat s’est  signalé ce week-end, en faisant ce qu’on appelle une sortie. Une sortie de la tente du petit maure, qui court répéter ce qu’il a entendu, ou qu’on lui a demandé de transmettre.
Pour Ousmane Sèye, la mission est limpide et cousue de fil blanc. Son mentor s’est pris les pieds et les poings dans les filets que pendant des années il n’a cessé de tendre en guise de pièges à des adversaires dont il a toujours besoin pour sentir le souffle chaud de la bagarre pour exister. Et, devant le mur infranchissable de son impossibilité de candidature, il envoie des ballons de sonde pour préparer l’opinion à une nouvelle sortie du labyrinthe constitutionnel dans lequel il se meut avec de moins en moins d’aisance.
Idrissa Seck, alors en position de négociations, avait émis cette idée saugrenue du report de l’élection présidentielle. Devant l’hostilité déclenchée par un tel schéma, il avait fait machine arrière, mais d’autres avancèrent l’idée que le président Wade devrait pouvoir terminer ses chefs d’œuvres que sont pour lui l’aéroport International Blaise Diagne, l’autoroute à péage, et ses sept merveilles architecturales de la Cité de l’art. En outre, face à la montée des périls électoraux qui se précisent à l’horizon 2012, son camp a besoin d’avoir un paratonnerre qui a pour nom « réélection de Wade », les temps virant à l’orage judiciaire, comme prédit par le sémillant Serigne Mbacké Ndiaye et ce publiquement.
Ce n’est pas un hasard que cette « sortie » téléguidée de Me Sèye coïncide avec l’entretien accordée au Pays, journal proche de Karim Wade, par Me Abdoulaye Wade, dans lequel il s’arcboute à l’idée de se représenter quoiqu’il arrive. De plein droit. Au risque de provoquer des situations conflictuelles, voire insurrectionnelles, qui devraient selon un scénario préparé par le palais déboucher sur un inespéré report de l’élection présidentielle jusqu’en… 2014. Instabilité oblige, Wade renoncerait à sa candidature et s’entendrait avec tous les acteurs pour conduire une transition de deux ans débouchant sur un scrutin transparent.
Alors Ousmane Sèye, ci-devant avocat de l’Etat, puis négociateur de l’ubuesque protocole de Rebeuss, entre en scène, en mise en scène devrait-on dire, et trempe sa langue dans la cigüe qui empoisonne notre démocratie, en faisant la proposition de retrait de Wade, d’abord pour faire son indépendant d’esprit, puis nous prend par la pitié en demandant qu’on laisse ce vieil homme terminer de vivre ses rêves. Surtout il ne faudrait pas réveiller Abdoulaye Wade en plein rêve de grandeur toute césarienne.
Ousmane Sèye a lancé un ballon de sonde auquel la classe politique a répondu par un silence méprisant. Signe que pour ses adversaires Abdoulaye Wade a fait son temps et qu’il doit partir dans le respect de l’échéance fixée par la Constitution. 
Mardi 11 Octobre 2011