A cause de ‘’divergences de fond’’ avec son ex-allié Abdoulaye Wade, l’ingénieur en informatique Oumar Hassimou Dia, 48 ans, président du Parti humaniste-Ñaxx Jariňu, a pris ses distances. Et s’est présenté à l’élection présidentielle du 26 février.
’’J’ai eu des divergences de fond et non crypto-personnelles avec Wade’’, répond Dia quand on l’interroge sur les raisons de sa séparation d’avec son candidat à l’élection présidentielle de 2007.
‘’Avec le temps, je me suis rendu compte que les options prises par Abdoulaye Wade n’allaient pas dans le sens de la satisfaction de la demande sociale et du développement du Sénégal. Par exemple, environ 1.000 milliards de francs CFA ont été investis dans la SENELEC, de 2000 à maintenant. Nous considérons qu’au lieu de faire cela, il fallait investir sur l’énergie solaire’’, explique Dia.
Oumar Hassimou Dia (Junior) – à ne pas confondre avec l’ancien ministre du même nom – est aussi un ancien militant du Parti socialiste (PS). Où, avec de jeunes camarades comme Abdoulaye Wilane, il a tenté la révolution.
‘’C’était chaud !’’, se souvient-il, les yeux rivés sur des articles de presse de la fin des années 1990 soigneusement archivés. Il montre des colonnes de journaux de ces semaines de 1999 pendant lesquelles de jeunes socialistes théorisaient l’alternance générationnelle au sein du parti au pouvoir. Ils se présentaient comme ‘’la bête noire du régime’’ et souhaitaient que les députés élisent le président de la République.
‘’Notre idée d’un régime parlementaire n’était pas aussi bête que certains le pensaient au sein du PS, se justifie-t-il. Les gens trouvaient impensable que l’Assemblée nationale élise le président de la République.’’ Vite, l’idée tombe à l’eau.
Oumar Hassimou Dia est né en 1964 à Sokone, dans la région de Fatick (centre). Il y fréquente l’école coranique, l’école primaire ensuite et une partie des études secondaires à l’ex-lycée Van Vollenhoven de Dakar, l’autre à l’ex-lycée Faidherbe de Saint-Louis (nord), où il décroche le baccalauréat en 1981. Option : physique et science de la vie et de la terre.
C’est ensuite le départ pour l’étranger sanctionné par un diplôme d’ingénieur en informatique du Centre d’études et de recherches en informatique (CERI) obtenu en Algérie en 1986 et un master en management aéroportuaire de l’Ecole nationale de l’aviation civile (ENAC) décroché à Toulouse, en France, en 2003.
Rentré du CERI d’Alger en 1986, il est recruté par la Direction du traitement automatique de l’information (DTAI) du ministère de l’Economie et des Finances.
Cinq ans plus tard, il entame une carrière d’enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il quitte les amphis en 1995 et devient chef du Bureau de l’informatique et du contrôle de gestion de la représentation de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), à Yoff (Dakar).
Puis, chef du Bureau de l’informatique et du contrôle de gestion des activités aéronautiques du Sénégal, de 1997 à 2002, date de son départ pour l’ENAC de France.
De 2005 à 2007, Oumar Hassimou Dia est président du Comité national de gestion des activités aéronautiques du Sénégal. Puis, directeur technique de l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS). Il démissionne en octobre dernier, avec une idée derrière la tête : ‘’Pour me présenter à l’élection présidentielle du 26 février.’’
Avant le PS, il a milité à la Ligue démocratique (LD) dans les années 1970, à partir de 1978.
‘’J’ai milité au PS parce que le Mur de Berlin était tombé. Nos rêves de faire la révolution prolétarienne et de construire une société communiste s’étaient effondrés et nous sommes passés du communisme à la social-démocratie’’, se justifie Dia qui s’est investi, au Sénégal et en Algérie, dans le mouvement scolaire.
Après la défaite du PS à l’élection présidentielle de 2000, il quitte ce parti pour fonder le MSD-Ñaxx Jariňu, qui dispute les élections législatives de juin 2001 et termine 20ème parmi les 24 listes en lice. Au final, aucun siège à l’Assemblée nationale.
Peu avant ces élections législatives de 2001, le MSD-Ñaxx Jariňu s’allie au Parti de l’indépendance et du travail (PIT) d’Amath Dansokho et au Jëf Jël de Talla Sylla pour dénoncer ‘’le caractère présidentialiste’’ de la nouvelle Constitution votée par référendum en janvier de la même année. ‘’Cela m’a valu une convocation à la DIC’’, la Direction des investigations criminelles, se souvient-il.
Oumar Hassimou Dia est investi par le Parti humaniste-Ñaxx Jariňu, une fusion du MSD-Ñaxx Jariňu avec le Parti humaniste d’Ousmane Guèye. Il envisage, pour résoudre la crise énergétique au Sénégal en cas de victoire à l’élection présidentielle, de créer ‘’une ville solaire’’ dotée d’un centre de recherche sur les énergies renouvelables et d’un institut de formation devant générer ‘’une masse critique de techniciens, d’ingénieurs et de chercheurs’’.
Il dit miser sur le chemin de fer pour ‘’transporter rapidement et à moindre coût les personnes et les marchandises’’ et résoudre en même temps ‘’le sérieux problème d’intégration’’ au Sénégal.
‘’On s’est gouré au Sénégal en disant que l’agriculture est le socle du développement. Non, c’est l’industrie. Tant qu’on se contentera de produire, manger et laisser le reste pourrir, on ne se développera pas. Il faut ouvrir de vastes chantiers de transformation des produits agricoles’’, affirme-t-il.
Oumar Hassimou Dia est ceinture noire de kung-fu (art martial) et membre fondateur de la fédération sénégalaise de cette discipline. Il en a été le premier président, à la fin des années 1990. ‘’C’est le seul sport que je pratique.’’
‘’Ce pays m’a façonné. J’y ai vécu au moment où il avait envie de se développer. Malheureusement, la guerre a freiné son développement. Malgré cela, ce pays m’a fait croire que le développement est possible au Sénégal’’, dit-il de l’Algérie.
Il est marié et père de cinq enfants. ‘’Il est trop têtu. Quand il a une idée derrière la tête, il est difficile de lui faire changer d’avis’’, confie Mouna Dème, son épouse, qui ajoute : ‘’Il est généreux aussi.’’ Et Dia de dire : ‘’Ça, elle ne me le dit pas très souvent.’’
APS