DAKARACTU.COM - Portée sur les fonds baptismaux en 2006, « la Génération du concret », au départ un simple slogan placardé sur le fronton d’un pont de la Corniche, a vite grossi, peuplée de prébendiers et autres opportunistes soucieux de plaire à Karim Wade, fils et homme de confiance de son président de père, pour en tirer quelque profit.
Cette organisation sortie des flancs de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci, chargée de préparer le sommet de l’Oci de mars 2008 à Dakar) se voulait un mouvement nouveau, mû par des idéaux nouveaux, animé par des hommes nouveaux, et destiné à accompagner Karim Wade jusqu’au sommet… de l’Oci, puis du pouvoir.
Mais il n’existe pas de génération spontanée en politique. La débâcle électorale de mars 2009, les scandales dans la gestion de l’Anoci, la réoccupation de l’espace du pouvoir par le parti présidentiel ont fini de laminer un mouvement dont il ne reste aujourd’hui rien ou presque.
Même la simple expression « Génération du concret » a disparu du vocabulaire politique. De graves fautes de goût ont précipité sa mort. Toute sa communication était fondée sur des slogans polémiques. Désigner par « génération du concret » un groupe venu de nulle part, hissé au sommet de l’Etat par un népotisme grossier – simplement parce que Karim Wade est le fils de son père – et gavé de milliards du contribuable, relève d’une désinvolture caricaturale. Asséner « En route vers le sommet » à une opinion publique allergique à toute forme de succession dynastique au pouvoir a produit un effet plus désastreux que le désastre. Répéter un refrain insultant pour les Sénégalais (« Karim Wade ne parle pas, il travaille ») a sonné comme une énorme farce au vu de la modicité des résultats produits pour la masse d’argent public dépensé.
Une telle nullité dans la communication, doublée de l’arrogance d’une clique qui a fait sa campagne électorale à bord d’avions privés, a creusé la tombe de ce qui est vite apparu à la presse et à l’opinion comme la « Génération du cash ». Résultat des courses : Karim Wade et Hassan Ba, idéologue du mouvement, ont été laminés à l’occasion des élections locales du 22 mars 2009, premier test électoral du mouvement. Ba a servi d’agneau du sacrifice pour calmer la colère des caciques du parti présidentiel, remontés après la perte de toutes les grandes villes du pays à cause de l’effet Génération du concret. Aux dernières nouvelles, Hassan Ba est entre Hong Kong et Genève, et passe une fois tous les deux ou trois mois voir son ex-mentor. Il n’est pas le seul à s’être éloigné. Un autre des maîtres à penser, Baba Wone, s’est fait caser comme ambassadeur au Canada. Il est en effet plus sage de ne pas tout perdre.
Abdoulaye Baldé, l’autre grande figure à côté de Karim Wade, a pris ses distances. Celui qu’on apercevait tous les jours à l’immeuble Tamaro, où le fils du président a établi ses quartiers, n’y va presque plus. Elu maire de Ziguinchor, Baldé a compris que son avenir se trouve dans la consolidation de sa base politique et dans son ancrage dans le PDS. Et non dans l’agitation stérile au sein d’un mouvement artificiel dont les dirigeants sont dénués de toute assise populaire.
Madior Sylla, le conseiller en communication qui montait au front pour porter la contradiction aux pourfendeurs du mouvement, s’est tu. Sans doute parce qu’il ne communiquait plus, il a été nommé chef de division au sein du département de la Coopération internationale.
Contrairement à l’époque de sa splendeur, quand la majorité des membres du gouvernement se réclamait d’elle, seuls trois ministres (Kalidou Diallo, Awa Ndiaye et Mamadou Lamine Keïta) sont aujourd’hui estampillés « Génération du concret ». Et encore… De plus en plus rares à l’immeuble Tamaro, ils se montrent prudents devant un PDS qui a repris la main depuis les soulèvements populaires des 23 et 27 juin.
Signe des temps, être soupçonné d’appartenance à la « Génération du concret » est devenu un handicap. Bara Gaye, élu à la tête de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (UJTL, le mouvement de jeunesse du parti), ne peut pas la gouverner, victime d’un tir groupé des historiques du PDS pour délit de proximité avec Karim Wade. Dakaractu est pourtant en mesure de révéler qu’il ne s’est rapproché de ce dernier qu’après son élection. Recruté par Bachir Diawara, chef du cabinet ministériel de Karim Wade, Bara Gaye s’est lancé à l’assaut de l’UJTL sur son initiative personnelle et avec ses moyens propres. Ce n’est qu’après sa victoire que son ministre a commencé à s’intéresser à lui.
Mais c’est ainsi : Karim Wade, dont certains caciques du régime sont allés jusqu’à demander le départ du gouvernement au lendemain des 23 et 27 juin, est aujourd’hui isolé. Même ceux qui s’agitaient aux quatre coins du pays, s’autoproclamant représentants de son mouvement, se font rarissimes à son bureau.
De la « Génération du concret », il ne lui reste plus que son conseiller Cheikh Diallo. Tant il est vrai qu’est bien révolu le temps de l’illusion, lorsqu’étaient nombreux ceux qui l’entouraient. Il découvre à coup sûr que le Sénégal est un pays complexe, habité par un peuple patient mais sophistiqué, incapable de se donner à un mouvement aux slogans creux et aux animateurs douteux.
Cette organisation sortie des flancs de l’Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci, chargée de préparer le sommet de l’Oci de mars 2008 à Dakar) se voulait un mouvement nouveau, mû par des idéaux nouveaux, animé par des hommes nouveaux, et destiné à accompagner Karim Wade jusqu’au sommet… de l’Oci, puis du pouvoir.
Mais il n’existe pas de génération spontanée en politique. La débâcle électorale de mars 2009, les scandales dans la gestion de l’Anoci, la réoccupation de l’espace du pouvoir par le parti présidentiel ont fini de laminer un mouvement dont il ne reste aujourd’hui rien ou presque.
Même la simple expression « Génération du concret » a disparu du vocabulaire politique. De graves fautes de goût ont précipité sa mort. Toute sa communication était fondée sur des slogans polémiques. Désigner par « génération du concret » un groupe venu de nulle part, hissé au sommet de l’Etat par un népotisme grossier – simplement parce que Karim Wade est le fils de son père – et gavé de milliards du contribuable, relève d’une désinvolture caricaturale. Asséner « En route vers le sommet » à une opinion publique allergique à toute forme de succession dynastique au pouvoir a produit un effet plus désastreux que le désastre. Répéter un refrain insultant pour les Sénégalais (« Karim Wade ne parle pas, il travaille ») a sonné comme une énorme farce au vu de la modicité des résultats produits pour la masse d’argent public dépensé.
Une telle nullité dans la communication, doublée de l’arrogance d’une clique qui a fait sa campagne électorale à bord d’avions privés, a creusé la tombe de ce qui est vite apparu à la presse et à l’opinion comme la « Génération du cash ». Résultat des courses : Karim Wade et Hassan Ba, idéologue du mouvement, ont été laminés à l’occasion des élections locales du 22 mars 2009, premier test électoral du mouvement. Ba a servi d’agneau du sacrifice pour calmer la colère des caciques du parti présidentiel, remontés après la perte de toutes les grandes villes du pays à cause de l’effet Génération du concret. Aux dernières nouvelles, Hassan Ba est entre Hong Kong et Genève, et passe une fois tous les deux ou trois mois voir son ex-mentor. Il n’est pas le seul à s’être éloigné. Un autre des maîtres à penser, Baba Wone, s’est fait caser comme ambassadeur au Canada. Il est en effet plus sage de ne pas tout perdre.
Abdoulaye Baldé, l’autre grande figure à côté de Karim Wade, a pris ses distances. Celui qu’on apercevait tous les jours à l’immeuble Tamaro, où le fils du président a établi ses quartiers, n’y va presque plus. Elu maire de Ziguinchor, Baldé a compris que son avenir se trouve dans la consolidation de sa base politique et dans son ancrage dans le PDS. Et non dans l’agitation stérile au sein d’un mouvement artificiel dont les dirigeants sont dénués de toute assise populaire.
Madior Sylla, le conseiller en communication qui montait au front pour porter la contradiction aux pourfendeurs du mouvement, s’est tu. Sans doute parce qu’il ne communiquait plus, il a été nommé chef de division au sein du département de la Coopération internationale.
Contrairement à l’époque de sa splendeur, quand la majorité des membres du gouvernement se réclamait d’elle, seuls trois ministres (Kalidou Diallo, Awa Ndiaye et Mamadou Lamine Keïta) sont aujourd’hui estampillés « Génération du concret ». Et encore… De plus en plus rares à l’immeuble Tamaro, ils se montrent prudents devant un PDS qui a repris la main depuis les soulèvements populaires des 23 et 27 juin.
Signe des temps, être soupçonné d’appartenance à la « Génération du concret » est devenu un handicap. Bara Gaye, élu à la tête de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (UJTL, le mouvement de jeunesse du parti), ne peut pas la gouverner, victime d’un tir groupé des historiques du PDS pour délit de proximité avec Karim Wade. Dakaractu est pourtant en mesure de révéler qu’il ne s’est rapproché de ce dernier qu’après son élection. Recruté par Bachir Diawara, chef du cabinet ministériel de Karim Wade, Bara Gaye s’est lancé à l’assaut de l’UJTL sur son initiative personnelle et avec ses moyens propres. Ce n’est qu’après sa victoire que son ministre a commencé à s’intéresser à lui.
Mais c’est ainsi : Karim Wade, dont certains caciques du régime sont allés jusqu’à demander le départ du gouvernement au lendemain des 23 et 27 juin, est aujourd’hui isolé. Même ceux qui s’agitaient aux quatre coins du pays, s’autoproclamant représentants de son mouvement, se font rarissimes à son bureau.
De la « Génération du concret », il ne lui reste plus que son conseiller Cheikh Diallo. Tant il est vrai qu’est bien révolu le temps de l’illusion, lorsqu’étaient nombreux ceux qui l’entouraient. Il découvre à coup sûr que le Sénégal est un pays complexe, habité par un peuple patient mais sophistiqué, incapable de se donner à un mouvement aux slogans creux et aux animateurs douteux.