Il est étonnant, au lendemain de la victoire du peuple sur les suppôts du régime de Wade, d’entendre certains s’arroger le mérite d’avoir été à l’origine du recul du président de la république quant à son entêtement à vouloir imposer aux sénégalais une loi dont ils ne voulaient pas.
Nous avons entendu, ahuri, le président du groupe parlementaire libéral, Doudou Wade, tel un ancien de Broadway, exécuter sa tirade, devant « le poltron de minuit », qui connaissait d’avance le texte. Comment, cet hurluberlu, peut-il nous faire croire que ce sont les députés de la majorité présidentielle (sic… où sont les représentants du peuple) qui ont décidé de rejeter le texte si le gouvernement ne le retirait pas.
Qu’est-ce qui a changé entre le document qu’ils ont examiné et adopté fièrement, en bombant le torse, le mardi 21 juin en commission des lois et celui qu’ils ont décidé de « rejeter » le jeudi 23 juin à 17 h 40 minutes ?
La malhonnêteté de Doudou Wade n’a d’égale que la forfaiture de celui qui l’a envoyé nous débiter ces sornettes.
Ce même mardi 21 juin M. Moustapha Guirassy, porte parole du gouvernement déclarait : «La pression de l’opposition et de la soi-disant société civile ne fera pas revenir le gouvernement sur ce projet de loi». Etait-ce l’aveuglement, ou l’arrogance qui lui empêchait de voir et de comprendre qu’il ne s’agissait point d’une opposition politique ou de la société civile mais de la voix de tout un peuple qui sourdait de partout pour les avertir de ne point toucher à la constitution.
Me Babou quant à lui cherche à nous faire croire que les députés de la majorité étaient divisés sur la décision à prendre en commission des lois et qu’il a cherché à convaincre le président de retirer « sa loi ». Et pour cette raison Mamadou Seck, dont on sait comment il est devenu président de l’assemblée nationale, nous dira combien il était fier d’être à la tête de députés aussi pleutre, qui ne voulaient pas de la loi mais ils l’ont quand même adopté. Ne pas être d’accord et s’exécuter ! Si cela n’est point de la soumission alors nous pouvons dire sans risque d’erreur que c’est de l’hypocrisie.
Toutes les personnes qui s’agitent en disant que le recul de Wade s’est fait suite à leur pression doivent revoir leur copie.
L’iniquité n’a été évitée que parce que tout le Peuple Sénégalais, debout comme un seul homme, a su faire face à celui qui depuis dix ans ne cesse de le prendre pour moins que rien.
Il est symptomatique qu’au lendemain du jeudi 23 juin aucun bilan des manifestations n’ait parlé de la mobilisation en termes de nombre. Non cette fois ci personne n’a fait le décompte du nombre de manifestants dans les rues ; On a juste dit qu’ils étaient des milliers de jeunes, de femmes et de moins jeunes, déterminées à faire face et à dire non à l’ignominie.
C’est le courage et la détermination de tout un peuple qui est à la base de cette victoire du 23 juin. Le courage, cette grande vertu qui consiste à faire ce qui est juste sans craindre le malheur ni la mort. Platon disait que « Le courage est la connaissance de ce que l'homme doit craindre et de ce qu'il ne doit pas craindre. »
Durant toute la semaine précédant la présentation de la loi à l’assemblée nationale, nous avons eu droit à toute sorte de déclarations pour contrer notre rejet de ce funeste projet.
D’abord les va-t-en-guerre nous ont menacé des foudres de l’appareil répressif du genre : « force restera à la loi », tout trouble à l’ordre public sera sévèrement réprimé, les politiciens encagoulés de la société civile seront démasqués, etc. Ensuite les super-intelligents du PDS, dans leur arrogance habituelle, nous ont demandé gentiment de « bien suivre » l’explication de texte, le peuple immature, ne pouvant comprendre les innovations majestueuses de Wade.
C’est renversant de voir de si hauts responsables de ce pays avoir si peu d’estime et de respect pour le peuple ; comment peut-on mépriser un peuple souverain au point de penser que des forces de l’ordre seraient en mesure de lui empêcher d’exercer ses droits ? Par ailleurs, nous pensons qu’il faut un manque d’humilité démesuré pour dire au peuple après son refus d’accepter une proposition, « vous n’avez pas compris ! »
Monsieur Abdoulaye Wade doit savoir que le peuple souverain a compris et qu’il n’a pas peur. Nous avons compris qu’il est prêt à tout pour conserver le pouvoir. Mais a-t-il compris lui, que nous avons le courage de lui barrer la route et que nous ferons face avec force, conviction et détermination ?
Nous disions, dans une précédente contribution titrée « Wade DAFA DOY » et parue dans la presse il y a un peu plus d’un an que : [… Depuis quelque temps chaque acte posé par le « citoyen » Abdoulaye Wade vise un seul et unique objectif : « plonger le pays dans le chaos et le rendre ingouvernable ! Ainsi il pourra avec l'aide de la communauté internationale négocier sa sortie ».]
Groggy au lendemain du 23 juin, ils se sont évertués à ne pas trop perdre la face le surlendemain et aujourd’hui ils ont renoué avec le langage arrogant qui les caractérise, envisagent des contre-manifestations et profèrent même des menaces.
L’option de la riposte, prise actuellement par l’Etat peut couter des centaines de vies de jeunes sénégalais. Nos chefs religieux ont donc le devoir de confirmer aux yeux des populations le rôle qu’ils affirment avoir joué dans le retrait de ce projet de loi. Ils doivent empêcher cela. Ils doivent dire au Président que ce crime ne profiterait à personne. Réussir cela est beaucoup plus facile que faire retirer, en pleine séance de révision constitutionnelle, un projet de loi sur le point d’être voté.
Abdoulaye Wade nous à posé une question, et nous lui avons répondu. Il devra comprendre de façon définitive que le pouvoir qu’il exerce n’est point un droit acquis par la force, mais, a lui confié, par un peuple souverain qui ne se laissera jamais mettre à genou.
Saint Thomas d’Aquin disait que : « Une fois que l'intelligence a choisi ce qu'elle veut faire, c'est la volonté qui prend le relais et qui est l'efficience de l'acte libre, car elle mène l'intention à sa fin. »
Aujourd’hui le peuple souverain, a choisi de ne laisser personne influer sur ses choix électoraux et a la ferme volonté d’empêcher M. Ousmane Ngom, votre excellent ministre de l’intérieur, d’être l’arbitre du vote le 26 février 2012.
Aujourd’hui le peuple souverain, en vous regardant droit dans les yeux, a choisi de vous retirer le pouvoir qu’il vous avait librement confié et a la ferme volonté, au regard des articles 27 et 104 de la constitution sénégalaise, de vous empêcher d’être candidat le 26 février 2012.
Théodore Monteil
DNO Union Citoyenne Bunt Bi
Membre de Bennoo Siggil Senegaal
Dakar, le 28 juin 2011