À l’approche de la Tabaski, qui sera vraisemblablement célébrée lundi au Sénégal, les vendeurs de moutons s’efforcent d’écouler leur marchandise alors que les clients font tout ce qu’ils peuvent pour s’en procurer un à moindres frais. Reportage.
Rond-point Liberté 5 à Dakar, les débats sont animés. Une femme en tenue traditionnelle s’approche et discute les prix. Face à l’insistance des vendeurs, elle fait mine de partir. Le vendeur la rappelle. 65.000 francs CFA (environ 100€), c’est vendu ! La bête est ligotée puis transportée dans le coffre d’un vieux taxi. En route vers la Tabaski, la fête musulmane de l’Aïd-el-Kébir plus communément appelée « fête du mouton ».
Depuis quelques jours, des bergers accompagnés de leurs troupeaux foisonnent partout dans la ville. Des foirails [1] plus ou moins sauvages ont plié bagage sur chaque carrefour, chaque terre-plein. Et, une forte odeur de mouton flotte sur la capitale sénégalaise. C’est que la Tabaski approche à grands pas. On estime à plus de 600.000 le nombre de moutons sacrifiés dans le pays ce jour-là.
Depuis cinq ans, Sokhna et son ami Babacar profitent de la fête pour faire un peu de « business ». Ici, on appelle cela se lancer dans une « opération tabaski ». D’ordinaire, elle est commerçante dans l’informel, lui vendeur de téléphones portables. Quinze jours avant la date fatidique, ils réunissent leurs économies, partent vers Kaolack, au centre du pays, acheter quelques bêtes et reviennent les vendre à Dakar. « L’Afrique ça n’est pas facile, sourit Babacar, alors on essaye de se débrouiller rek ! ». Cette fois, ils ont pu en ramener dix-huit. Depuis le début de la semaine dernière, ils louent un emplacement sur la place principale du quartier. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ils se relaient pour garder la marchandise.
« On n’a encore rien vendu, confie Sokhna. Il y a vraiment beaucoup de moutons à vendre cette année dans Dakar alors je commence à m’inquiéter un peu. » Depuis cinq ans, Sokhna ne s’est pourtant jamais retrouvée avec des invendus sur les bras. « Les Sénégalais ont l’habitude d’attendre la veille de la fête pour acheter leur mouton, souligne la jeune femme, ça leur évite de s’en occuper à la maison. »
Liberté 5, les moutons se négocient de 50.000 (75€) francs CFA pour les plus chétifs à un million de francs CFA (1500€) pour les plus beaux. Ailleurs dans Dakar, les prix peuvent grimper jusqu’à quatre millions de francs CFA… « Les moutons d’élevage, il faut les entretenir, explique Papa Magaye Gaye, propriétaire d’un élevage à Malicka, une commune située en banlieue. Il faut les laver, les faire suivre par un vétérinaire, les nourrir. Il faut du maïs, du blé, du mil, du sorgho, du pain… Il faut payer un gardien, le loger. C’est pourquoi certains moutons coûtent deux ou trois millions. » Les prix fluctuent aussi en fonction de la bête. « D’après le Coran, le mouton que l’on sacrifie le jour de la Tabaski doit répondre à certains critères, indique l’éleveur. Il doit être blanc, avoir des cornes, une queue qui va au moins jusqu’aux genoux et n’être ni borgne ni muet. » Trois de ses moutons broutent pas loin. « Si j’en tire un bon prix, je les vendrai, sinon je les tuerai moi-même », prévient-il.
Dans les allées, une femme se faufile entre les animaux, les gosses et les vendeurs de couteaux. « Chaque année, c’est dur, s’exclame-t-elle. Les moutons coûtent excessivement cher, trop cher ! La Tabaski c’est beaucoup de dépenses. Les Sénégalais aiment faire la fête, mais, avec la crise, ils deviennent raisonnables. »
Sur la photo : Babacar
Copyright Simon Maro
[1] Champ de foire
( SIMON MARO - Afrik.com )
Rond-point Liberté 5 à Dakar, les débats sont animés. Une femme en tenue traditionnelle s’approche et discute les prix. Face à l’insistance des vendeurs, elle fait mine de partir. Le vendeur la rappelle. 65.000 francs CFA (environ 100€), c’est vendu ! La bête est ligotée puis transportée dans le coffre d’un vieux taxi. En route vers la Tabaski, la fête musulmane de l’Aïd-el-Kébir plus communément appelée « fête du mouton ».
Depuis quelques jours, des bergers accompagnés de leurs troupeaux foisonnent partout dans la ville. Des foirails [1] plus ou moins sauvages ont plié bagage sur chaque carrefour, chaque terre-plein. Et, une forte odeur de mouton flotte sur la capitale sénégalaise. C’est que la Tabaski approche à grands pas. On estime à plus de 600.000 le nombre de moutons sacrifiés dans le pays ce jour-là.
Depuis cinq ans, Sokhna et son ami Babacar profitent de la fête pour faire un peu de « business ». Ici, on appelle cela se lancer dans une « opération tabaski ». D’ordinaire, elle est commerçante dans l’informel, lui vendeur de téléphones portables. Quinze jours avant la date fatidique, ils réunissent leurs économies, partent vers Kaolack, au centre du pays, acheter quelques bêtes et reviennent les vendre à Dakar. « L’Afrique ça n’est pas facile, sourit Babacar, alors on essaye de se débrouiller rek ! ». Cette fois, ils ont pu en ramener dix-huit. Depuis le début de la semaine dernière, ils louent un emplacement sur la place principale du quartier. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ils se relaient pour garder la marchandise.
« On n’a encore rien vendu, confie Sokhna. Il y a vraiment beaucoup de moutons à vendre cette année dans Dakar alors je commence à m’inquiéter un peu. » Depuis cinq ans, Sokhna ne s’est pourtant jamais retrouvée avec des invendus sur les bras. « Les Sénégalais ont l’habitude d’attendre la veille de la fête pour acheter leur mouton, souligne la jeune femme, ça leur évite de s’en occuper à la maison. »
Liberté 5, les moutons se négocient de 50.000 (75€) francs CFA pour les plus chétifs à un million de francs CFA (1500€) pour les plus beaux. Ailleurs dans Dakar, les prix peuvent grimper jusqu’à quatre millions de francs CFA… « Les moutons d’élevage, il faut les entretenir, explique Papa Magaye Gaye, propriétaire d’un élevage à Malicka, une commune située en banlieue. Il faut les laver, les faire suivre par un vétérinaire, les nourrir. Il faut du maïs, du blé, du mil, du sorgho, du pain… Il faut payer un gardien, le loger. C’est pourquoi certains moutons coûtent deux ou trois millions. » Les prix fluctuent aussi en fonction de la bête. « D’après le Coran, le mouton que l’on sacrifie le jour de la Tabaski doit répondre à certains critères, indique l’éleveur. Il doit être blanc, avoir des cornes, une queue qui va au moins jusqu’aux genoux et n’être ni borgne ni muet. » Trois de ses moutons broutent pas loin. « Si j’en tire un bon prix, je les vendrai, sinon je les tuerai moi-même », prévient-il.
Dans les allées, une femme se faufile entre les animaux, les gosses et les vendeurs de couteaux. « Chaque année, c’est dur, s’exclame-t-elle. Les moutons coûtent excessivement cher, trop cher ! La Tabaski c’est beaucoup de dépenses. Les Sénégalais aiment faire la fête, mais, avec la crise, ils deviennent raisonnables. »
Sur la photo : Babacar
Copyright Simon Maro
[1] Champ de foire
( SIMON MARO - Afrik.com )
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