Qui est Ousmane Sow ?
Là c’est compliqué parce que d’abord j’évite de parler de moi. Et puis, il n’y a pas grand-chose à dire. J’ai fait des études normales en kinésithérapie en France et après j’ai fait de la sculpture. Là, je suis âgé maintenant de 76 ans et je continue à travailler.
Est-ce que vous pouvez nous parlez un peu de votre métier ?
C’est un métier passionnant. On avait un instituteur qui essayait de nous faire faire ce qu’on savait faire le mieux : Les uns c’étaient des maquettes, les autres des peintures sous-verre et moi je faisais des sculptures avec des blocs, du calcaire et des lames, et c’est comme ça que j’ai commencé. C’est quelque chose que j’exerce depuis l’enfance parce que je me sentais des aptitudes pour cela. Et après, c’est devenu un vrai métier avec ses joies et ses peines. Joie quand on trouve ce qu’on veut faire et peine quand on a des difficultés. Au début, c’était un violon d’Ingres et ensuite cela a envahi ma vie car j’avais un cabinet à Dakar à la rue Mohamed V et à un moment donné, la sculpture a pris le dessus et j’ai abandonné le cabinet.
Quels genres d’œuvres réalisez-vous et d’où vous vient l’inspiration ?
Je produis des œuvres monumentales, mais qui sont la composition de matériaux que je fabrique moi-même. J’attends vraiment d’avoir envie de faire quelque chose pour le faire. Donc pour moi, ce que je fais jusque-là est une histoire et ensuite, c’est aux autres de voir et de dire que cette sculpture me parle le plus. Mais moi, je n’ai pas de préférence. Quant à l’inspiration, elle ne vient pas du jour au lendemain et c’est pour cela que je peux rester un an, deux ans sans travailler. Il faut que j’ai vraiment quelque chose qui me guide pour faire un personnage marquant puisqu’il m’est arrivé de faire des commandes et le plus souvent ce sont des séries que je fais, non pas d’individuel, comme je fais maintenant.
Quels genres d’histoire reflètent vos œuvres ? Est ce que vos œuvres nous parlent ?
Cela peut être le cas parce que j’ai fait Mandela qui est à Paris et cette sculpture reflète tous les méfaits de l’Afrique. Il montre que c’est un homme qui a beaucoup joué pour son peuple par rapport aux autres chefs d’Etat.
Quels ont été les événements marquants dans votre vie ?
Dans ma vie, il y a pas mal d’évènements marquants. Mais celui qui m’a le plus marqué, c’était le putsch des généraux. Je me trouvais à Paris et c’était un bouleversement terrible puisqu’on ne savait pas ce qui allait advenir de notre existence. Il y avait des généraux qui étaient en Algérie et qui voulaient venir envahir Paris avec leurs parachutistes et il y avait De Gaulle qui était là droit comme un nid qui les attendait. Heureusement qu’il n’y avait pas eu d’effusion de sang.
Quel genre de regard portez-vous sur la société sénégalaise d’aujourd’hui ?
C’est un regard vraiment négatif. J’ai vécu des moments durs, des moments où vraiment l’homme aurait pu s’abandonner sans qu’on ait quoi que ce soit à lui dire. Maintenant, cet abandon pour le besoin d’un confort que les gens font sans aucun scrupule me désole. C’est pour cela que justement je me suis toujours attaché à la jeunesse et là je vois que j’ai bien fait.
Vous venez de dire que vous avez vécu pas mal de choses, vous avez vécu le régime de Senghor, celui d’Abdou Diouf, mais aussi celui d’Abdoulaye Wade. Pourriez-vous nous dire comment vous voyez la politique de ces hommes qui ont eu à gouverner ce pays ?
Pour cela, je vais vous dire une chose car vous avez connu au moins Abdou Diouf. Moi, j’ai trouvé comme une évidence qu’un chef d’Etat se fasse respecter par ses concitoyens. Je ne veux pas dire respecter par répression, mais savoir s’imposer. Alors là, je pensais que c’était normal qu’un chef d’Etat, à l’extérieur, quand on parle de lui, qu’on le fasse avec respect et chez lui qu’on puisse tout lui reprocher, sauf des trucs bassement matériels ou alors des propos qui sont d’une médiocrité absolue. C’est cette attitude que j’avais trouvé chez Abdou Diouf et chez Senghor, si bien que moi ce qu’ils faisaient après je me disais que c’est un plus et c’est cela qui manque à Abdoulaye Wade. J’ai toujours vécu avec des hommes dignes. Je voyais Senghor et je me rappelle un jour, j’attendais chez lui pour qu’il me reçoive et il y avait un asiatique qui est sorti de son bureau - je vous assure - en se donnant des baffes. Je ne sais pas ce que Senghor lui a dit, mais il devait avoir une de ces réflexions dont il avait le secret, ce qui a fait que cet homme s’est trouvé vraiment ridicule que même devant des personnes, il se mettait à se corriger. Et c’était pareil avec Abdou Diouf, quand il rentrait quelque part, on voyait vraiment que c’était un chef. Senghor et Diouf font partie de ceux qui ont fait qu’on respecte le Sénégal. Abdou Diouf, je l’ai reçu dernièrement à Paris et je vous assure que quand il est entré les gens étaient ébahis par cet homme qui en imposait sans difficulté et c’est ça qui était formidable. Parce qu’il y en a beaucoup qui essaient de se donner du mal pour donner une allure quelconque, alors que c’est une chose naturelle. Senghor c’était par son savoir et sa civilisation qui est la nôtre aussi qu’il en imposait et Abdou Diouf, il y avait la carrure et le calme. Et c’est ça qui nous manque. Moi, de par mon métier, je suis invité dans les conseils généraux, dans les mairies, mais l’image du Sénégal aujourd’hui, du Sénégal d’Abdoulaye Wade, est quelque chose de terrible. Les gens se moquent de nous.
Vous avez dit plus haut que le charisme qu’avait Senghor et le calme qu’avait Abdou Diouf nous manquent dans ce pays. Il y a un écrivain qui, dans son roman ‘Bayo’, disait que le Sénégal était un ‘Bayo’, c'est-à-dire un orphelin de père. Est-ce que vous partagez l’interprétation que cet écrivain a donnée à son roman en disant que la nation sénégalaise est orpheline de père ?
Je le partage à 100%. Le Sénégal, aujourd’hui, est un pays sans chef d’Etat. Celui qui est là ne représente rien. C’est vrai qu’il y a des infrastructures, mais ce n’est pas seulement cela. On a besoin de respect, on a besoin, quand on dort, le soir de nous dire qu’il y a quelqu’un qui nous représente bien, d’avoir cette quiétude. Je sais que ça ne nourrit pas son homme, mais disons que ça aide quand même, d’autant plus qu’aujourd’hui il y a des gens, je ne sais d’où ils viennent, qui se sont enrichis, mais les pauvres sont encore là. Il y a la pauvreté et justement le ‘Bayo’ dont vous me parlez, c’est le peuple sénégalais. Abdoulaye Wade, c’est une parenthèse, il dit cela de Diouf mais c’est lui qui est une parenthèse. Et je pense que ça va être une parenthèse qui va se fermer rapidement. Disons à la prochaine élection.
Partagez-vous l’opinion de certains qui disent qu’il a fait en si peu de temps, ce que les autres présidents sénégalais n’ont pas réussi à faire en 20 ans ?
On ne peut pas le nier quand on voit l’autoroute, la corniche et les autres infrastructures. Bien que là-dessus, il faut voir le coût et là, on se dit qu’on peut même s’en passer. Mais j’aurais aimé, à côté, qu’on puisse avoir un président qui représente quelque chose.
Selon vous, qu’est ce qui manque au président Abdoulaye Wade ?
Je crois que c’est la modération. Abdoulaye Wade c’est quelqu’un qui est trop excessif et qui est trop près de lui-même. Il y des choses qu’un chef d’Etat ne peut pas dire et ne peut pas faire. Je pense aux mallettes qu’il distribue. Même dans ce qu’on appelle «générosité», il est excessif. On ne peut pas appeler des lutteurs et leur offrir des millions pendant qu’on a du mal à sortir certaines populations de l’inondation, qu’il y a des personnes qui meurent certainement de faim. Ce qui est choquant, c’est le fait qu’il fait des pratiques qui ne lui apporteront rien sinon que de l’écœurement. Parce qu’il y a des choses qu’une personne normalement constituée, intellectuellement je veux dire, ne fait pas ne serait ce que par décence. Il y a des actes qui ne sont pas dignes, je ne dirais pas d’un président, mais d’un homme. Vous êtes dans une réunion où il y a du monde, des personnes de tous âges et il ose dire «ma waxon waxeet». Et j’ai vu des ministres applaudir et tous ces gens-là, si demain leurs enfants leur disaient «ma waxon waxeet», comment vont-ils réagir ? Il y a des choses qui sont dangereuses. Et ils n’ignorent pas qu’il y avait un enregistrement qui disait ‘je m’interdis de me présenter’ et cela les journalistes l’ont passé à maintes reprises. Il savait que ce document existait et il ose dire qu’il défiait quiconque qui pouvait lui apporter une preuve, c’est inquiétant.
Vous qui voyagez beaucoup, pourriez-vous nous dire comment les gens des autres pays, à l’image du président Abdoulaye Wade, voient les Sénégalais ?
Je voyage et je rencontre différentes personnes et elles font le distinguo maintenant entre les Sénégalais et Abdoulaye Wade. Il n’a réussi qu’à ternir son image et non pas celle de son peuple. Au début, on pouvait assimiler son comportement à celui de son peuple, mais plus maintenant. Il y a des mouvements comme «Y en a marre» et le «M23» qui se sont levés pour lui faire face. Je vous assure, quand vous sortez, quand vous écoutez les gens parler du président Wade, vous vous étonnez. Les gens peuvent se tromper sur son nom en disant «Wadé», mais jamais sur sa personne. Il est connu et ils savent vraiment qui est le président du Sénégal, mais pas en bien.
Vous avez dit tantôt qu’Abdoulaye Wade est une parenthèse qui va se fermer très rapidement. Pensez-vous que sa candidature n’est plus valide et qu’il est temps pour lui de se retirer ?
Je ne suis pas juriste, mais je sais quand même compter jusqu’à deux. Quand on part du postulat qu’il a dit qu’il ne pouvait pas être candidat, ça c’est clair. Il a vécu deux mandats et la Constitution ne lui permet pas de se présenter une troisième fois, il n’a qu’à se retirer. Vous savez dans le milieu artistique, surtout les chanteurs, quand ils prennent de l’âge par respect pour eux-mêmes, ils font leurs adieux à la scène. Ils ne le font pas parce qu’ils ne peuvent plus chanter, mais parce qu’ils se disent qu’ils ne veulent pas qu’on les voie vieillir. C’est ça le critère. Alors pourquoi devons-nous attendre que les cinéastes filment des scènes comme quand il a terminé son discours sur les Mamelles et qu’il a fallu que ce soit un de ses gardes du corps qui lui donne la main pour l’aider à descendre l’escalier ? Trouvez-vous cela respectueux ? Ou alors quand j’ai vu Ousmane Ngom et l’ancien président de la Mauritanie le hisser pour monter les escaliers. On a beau dire qu’il avait le paludisme ou autre chose comme ça, c’est des choses qu’on ne peut pas voir. Il doit, par respect pour lui-même, se retirer, à moins qu’il ait le secret d’une longévité éternelle. Mais chaque jour pour lui compte comme pour moi et on a dix ans d’écart dans l’âge qu’il déclare c'est-à-dire 86 ans. Il est mon aîné de dix ans et moi j’aspire à travailler et qu’on ne voit pas mes faiblesses dans mon travail. Et si vraiment je devais aller dans les expositions en disant n’importe quoi ou en demandant qu’on me soutienne, autant rester chez moi.
Vous avez dit qu’Abdoulaye Wade est votre aîné de dix ans si on se base sur l’âge qu’il déclare. Peut-on supposer qu’il en a plus qu’il le dit ?
Ce n’est pas une supposition, c’est la vérité. Il y a une chose qu’il ignore, c’est que même s’il n’y a plus beaucoup de ses amis en vie pour le contredire, on a toujours des cadets à l’école. Et j’en connais, c’est un Portugais qui a aujourd’hui 89 ans et il me disait : «je ne vous dirais pas que j’avais un écart de tant d’années avec Wade, mais il était mon aîné à l’école de Saint-Louis». Moi, mes aînés de l’école primaire, je les connais parce que quand on était en CE2, eux ils étaient en CM2 et je ne peux ne pas les connaître. On ne peut pas voir quelqu’un comme Amadou Mahtar Mbow à 90 ans et puis Wade qui se déclare à 86 ans, ce n’est pas possible. Et même sur le lieu de naissance de Wade, il y a à dire. On dit qu’il est né à Kébémer et il est déclaré à Saint-Louis ? Étant donné que c’est une personne qui parle beaucoup et qui ne se contrôle pas, eh bien quand il dit qu’il a couru derrière le cheval de Cheikh Ahmadou Bamba alors que ce dernier est mort en 1927, c’est à revoir. Qui est ce qui laisserait son gosse de 5 ans courir derrière un cheval. Tandis que pour courir derrière un cheval sans l’assentiment de ses parents, il faut avoir au moins 8 ans. Il y a des incongruités dans tout ce qu’il dit. Pour se valoriser, il dit des choses banales, sans intérêts, qui ne lui apportent rien du tout.
Etes-vous prêt à rallier les mouvements politiques pour contrer la candidature de Wade ?
J’en suis déjà membre. Je suis ravi qu’il existe les mouvements comme «Y en a marre», le «M23» et autres. Des jeunes qui savent ce qu’ils font et qui se battent pour leur pays. J’admire beaucoup le mouvement «Y en a marre». Je ne dirais pas qu’il va conscientiser les jeunes au point d’en faire une nation, qu’ils sachent ce que c’est une nation, mais il y contribuera beaucoup parce que c’est la première fois qu’ils ne revendiquent pas qu’on leur sorte leur disque. Ces jeunes se sont battus parce qu’il y avait des abus contre la constitution. Et ceux qui croient que c’est un mouvement qui va s’éteindre rapidement se trompent lourdement pour la simple raison que ce mouvement a été créé par de jeunes rappeurs. Beaucoup de personnes y adhèrent. Moi-même je participe à certaines de leurs manifestations parce que j’ai confiance à la jeunesse.
Selon vous, qui pourra remplacer Abdoulaye Wade à la tête du pouvoir s’il venait à partir ?
On a l’habitude de dire que si Abdoulaye Wade venait à partir qui est ce qui pourrait le remplacer. Mais ce n’est pas ce qui nous manque au Sénégal. J’applaudirais la candidature des personnes comme Ibrahima Fall et Babacar Touré. Ce sont des gens qui ont montré quelque chose, qui ont une certaine dignité. Je pense que si l’un d’entre eux était élu, il y aurait une partie au moins qu’ils nous auraient réfectionné, car c’est dégradant ce qui se passe aujourd’hui. Moustapha Niasse aussi pourra le remplacer, mais en faisant un seul mandat. Car si c’est deux, on le rangera aussi dans la catégorie de Wade. Il est quelqu’un de respectable, mais aussi il faut voir du côté de l’âge, il ne pourra pas prétendre à deux mandats et un mandat ne suffirait pas pour redresser le Sénégal.
Comment vous-voyez la politique actuelle de ce pays ?
J’en ai dit pas mal de la politique de Wade, mais sachez que le Sénégal était dans un rond-rond et ce sont des mouvements comme ceux de «Y en a marre» et du «M23» qui nous ont sortis de ce face-à-face poli, c'est-à-dire ‘je t’égratigne, mais t’inquiètes pas, je soignerai la plaie’. Ce sont des mouvements directs qui vont jusqu’au bout, qui disent ce qu’ils pensent. Je vous rappelle que ce n’est pas un mouvement qui va mourir de sitôt. Je pense qu’aujourd’hui ceux qui croient qu’ils pourront refaire ce que Wade a fait se trompent. Parce que d’abord, il y a une conscientisation de la population qui ne se laissera plus tellement faire.
Dernièrement, il y a eu quelques polémiques autour du monument de la renaissance, revendiquez vous toujours la paternité de ce monument ?
L’autre jour, je me suis même surpris en disant que s’il avait dit en premier lieu «ma waxon waxeet», je n’aurais pas écrit dans les journaux pour dire la réalité des choses. Jusqu’à ce jour, je m’étais dit que c’est terminé, je n’en parle plus. Mais ce qui est extraordinaire, et là je vais en parler un peu, c’est que ni le projet ni la personne qui en est le constructeur ne m’intéressent. Le fait de s’approprier le projet d’un autre nous montre la légèreté de cette personne. C’est un guide culturel avec un théâtre que je voulais en faire, mais le monument c’était juste un prétexte, une sorte de totem. Il parait même qu’il y a là-bas des rendez-vous galants et voilà c’est sa vocation. Ce qui m’a révolté et qui m’a poussé à m’expliquer dans un des magazines de la place, c’est cette histoire de 30% car je savais que jamais il ne pourrait payer son électricité.
Pouvez-vous nous donner trois critères essentiels que doivent avoir un président pour le Sénégal ?
Je pense qu’avec Wade, je mettrai en premier lieu la dignité. Parce que, jusqu’à présent les deux présidents qu’on a eu étaient dignes et on croyait que c’était normal. Je demanderai aussi la compassion, mais pas la compassion devant la camera : « Je te donne une mallette, je donne aux Imams». Et je dis des personnes comme ça, je ne ferai jamais la prière derrière eux. Un Imam impliqué dans ce genre d’affaires ne me dirigera jamais pour prier. La modération est aussi un des critères que doit avoir notre président. Quand je parle de modération, c’est dans le bien car je trouve scandaleux qu’un chef d’Etat achète un terrain à un milliard pour dire qu’il l’a sorti de ses propres fonds. Et par rapport aussi à son âge, il y a trop de polémique là-dessus et si j’étais a côté de lui, je lui conseillerais de se reposer et que les gens gardent au moins de bons souvenirs de lui. Et c’est tellement vrai que moi, si on m’avait annoncé la mort de Mandela (que Dieu le garde) je ne mangerais pas, je serais dans une peine que je ne pourrais pas décrire. Et malheureusement je ne peux pas dire autant d’Abdoulaye Wade. Cela m’attriste parce que c’est peut-être le côté obscur que je partirais avant lui, là n’est pas la question car pour moi la mort est quelque chose d’extraordinaire. Je vous dis que moi, je ne donnerai pas ma place pour tout l’or du monde. A son âgé, beaucoup auraient laissé le pouvoir tel qu’il est sans toucher à la constitution et aller très loin du pays et se reposer.
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous dans ce pays ?
D’abord j’enlèverai ceux qui sont en tête de ce gouvernement et je ferai en sorte que ce pays soit comme Abdou Diouf l’avait laissé, c'est-à-dire avec respectabilité. Et il faut le reconnaître, avec les réalisations de Wade, car on ne peut le négliger, on ne représente rien si on ne fait que cracher du venin sur lui. Moi, si j’avais une baguette magique, je souhaiterais aussi que d’autres mouvements comme ceux qui sont déjà là se lèvent pour contrecarrer Wade. Mais comme on dit «lu dul dëg du yaag».
( Le Populaire )
Là c’est compliqué parce que d’abord j’évite de parler de moi. Et puis, il n’y a pas grand-chose à dire. J’ai fait des études normales en kinésithérapie en France et après j’ai fait de la sculpture. Là, je suis âgé maintenant de 76 ans et je continue à travailler.
Est-ce que vous pouvez nous parlez un peu de votre métier ?
C’est un métier passionnant. On avait un instituteur qui essayait de nous faire faire ce qu’on savait faire le mieux : Les uns c’étaient des maquettes, les autres des peintures sous-verre et moi je faisais des sculptures avec des blocs, du calcaire et des lames, et c’est comme ça que j’ai commencé. C’est quelque chose que j’exerce depuis l’enfance parce que je me sentais des aptitudes pour cela. Et après, c’est devenu un vrai métier avec ses joies et ses peines. Joie quand on trouve ce qu’on veut faire et peine quand on a des difficultés. Au début, c’était un violon d’Ingres et ensuite cela a envahi ma vie car j’avais un cabinet à Dakar à la rue Mohamed V et à un moment donné, la sculpture a pris le dessus et j’ai abandonné le cabinet.
Quels genres d’œuvres réalisez-vous et d’où vous vient l’inspiration ?
Je produis des œuvres monumentales, mais qui sont la composition de matériaux que je fabrique moi-même. J’attends vraiment d’avoir envie de faire quelque chose pour le faire. Donc pour moi, ce que je fais jusque-là est une histoire et ensuite, c’est aux autres de voir et de dire que cette sculpture me parle le plus. Mais moi, je n’ai pas de préférence. Quant à l’inspiration, elle ne vient pas du jour au lendemain et c’est pour cela que je peux rester un an, deux ans sans travailler. Il faut que j’ai vraiment quelque chose qui me guide pour faire un personnage marquant puisqu’il m’est arrivé de faire des commandes et le plus souvent ce sont des séries que je fais, non pas d’individuel, comme je fais maintenant.
Quels genres d’histoire reflètent vos œuvres ? Est ce que vos œuvres nous parlent ?
Cela peut être le cas parce que j’ai fait Mandela qui est à Paris et cette sculpture reflète tous les méfaits de l’Afrique. Il montre que c’est un homme qui a beaucoup joué pour son peuple par rapport aux autres chefs d’Etat.
Quels ont été les événements marquants dans votre vie ?
Dans ma vie, il y a pas mal d’évènements marquants. Mais celui qui m’a le plus marqué, c’était le putsch des généraux. Je me trouvais à Paris et c’était un bouleversement terrible puisqu’on ne savait pas ce qui allait advenir de notre existence. Il y avait des généraux qui étaient en Algérie et qui voulaient venir envahir Paris avec leurs parachutistes et il y avait De Gaulle qui était là droit comme un nid qui les attendait. Heureusement qu’il n’y avait pas eu d’effusion de sang.
Quel genre de regard portez-vous sur la société sénégalaise d’aujourd’hui ?
C’est un regard vraiment négatif. J’ai vécu des moments durs, des moments où vraiment l’homme aurait pu s’abandonner sans qu’on ait quoi que ce soit à lui dire. Maintenant, cet abandon pour le besoin d’un confort que les gens font sans aucun scrupule me désole. C’est pour cela que justement je me suis toujours attaché à la jeunesse et là je vois que j’ai bien fait.
Vous venez de dire que vous avez vécu pas mal de choses, vous avez vécu le régime de Senghor, celui d’Abdou Diouf, mais aussi celui d’Abdoulaye Wade. Pourriez-vous nous dire comment vous voyez la politique de ces hommes qui ont eu à gouverner ce pays ?
Pour cela, je vais vous dire une chose car vous avez connu au moins Abdou Diouf. Moi, j’ai trouvé comme une évidence qu’un chef d’Etat se fasse respecter par ses concitoyens. Je ne veux pas dire respecter par répression, mais savoir s’imposer. Alors là, je pensais que c’était normal qu’un chef d’Etat, à l’extérieur, quand on parle de lui, qu’on le fasse avec respect et chez lui qu’on puisse tout lui reprocher, sauf des trucs bassement matériels ou alors des propos qui sont d’une médiocrité absolue. C’est cette attitude que j’avais trouvé chez Abdou Diouf et chez Senghor, si bien que moi ce qu’ils faisaient après je me disais que c’est un plus et c’est cela qui manque à Abdoulaye Wade. J’ai toujours vécu avec des hommes dignes. Je voyais Senghor et je me rappelle un jour, j’attendais chez lui pour qu’il me reçoive et il y avait un asiatique qui est sorti de son bureau - je vous assure - en se donnant des baffes. Je ne sais pas ce que Senghor lui a dit, mais il devait avoir une de ces réflexions dont il avait le secret, ce qui a fait que cet homme s’est trouvé vraiment ridicule que même devant des personnes, il se mettait à se corriger. Et c’était pareil avec Abdou Diouf, quand il rentrait quelque part, on voyait vraiment que c’était un chef. Senghor et Diouf font partie de ceux qui ont fait qu’on respecte le Sénégal. Abdou Diouf, je l’ai reçu dernièrement à Paris et je vous assure que quand il est entré les gens étaient ébahis par cet homme qui en imposait sans difficulté et c’est ça qui était formidable. Parce qu’il y en a beaucoup qui essaient de se donner du mal pour donner une allure quelconque, alors que c’est une chose naturelle. Senghor c’était par son savoir et sa civilisation qui est la nôtre aussi qu’il en imposait et Abdou Diouf, il y avait la carrure et le calme. Et c’est ça qui nous manque. Moi, de par mon métier, je suis invité dans les conseils généraux, dans les mairies, mais l’image du Sénégal aujourd’hui, du Sénégal d’Abdoulaye Wade, est quelque chose de terrible. Les gens se moquent de nous.
Vous avez dit plus haut que le charisme qu’avait Senghor et le calme qu’avait Abdou Diouf nous manquent dans ce pays. Il y a un écrivain qui, dans son roman ‘Bayo’, disait que le Sénégal était un ‘Bayo’, c'est-à-dire un orphelin de père. Est-ce que vous partagez l’interprétation que cet écrivain a donnée à son roman en disant que la nation sénégalaise est orpheline de père ?
Je le partage à 100%. Le Sénégal, aujourd’hui, est un pays sans chef d’Etat. Celui qui est là ne représente rien. C’est vrai qu’il y a des infrastructures, mais ce n’est pas seulement cela. On a besoin de respect, on a besoin, quand on dort, le soir de nous dire qu’il y a quelqu’un qui nous représente bien, d’avoir cette quiétude. Je sais que ça ne nourrit pas son homme, mais disons que ça aide quand même, d’autant plus qu’aujourd’hui il y a des gens, je ne sais d’où ils viennent, qui se sont enrichis, mais les pauvres sont encore là. Il y a la pauvreté et justement le ‘Bayo’ dont vous me parlez, c’est le peuple sénégalais. Abdoulaye Wade, c’est une parenthèse, il dit cela de Diouf mais c’est lui qui est une parenthèse. Et je pense que ça va être une parenthèse qui va se fermer rapidement. Disons à la prochaine élection.
Partagez-vous l’opinion de certains qui disent qu’il a fait en si peu de temps, ce que les autres présidents sénégalais n’ont pas réussi à faire en 20 ans ?
On ne peut pas le nier quand on voit l’autoroute, la corniche et les autres infrastructures. Bien que là-dessus, il faut voir le coût et là, on se dit qu’on peut même s’en passer. Mais j’aurais aimé, à côté, qu’on puisse avoir un président qui représente quelque chose.
Selon vous, qu’est ce qui manque au président Abdoulaye Wade ?
Je crois que c’est la modération. Abdoulaye Wade c’est quelqu’un qui est trop excessif et qui est trop près de lui-même. Il y des choses qu’un chef d’Etat ne peut pas dire et ne peut pas faire. Je pense aux mallettes qu’il distribue. Même dans ce qu’on appelle «générosité», il est excessif. On ne peut pas appeler des lutteurs et leur offrir des millions pendant qu’on a du mal à sortir certaines populations de l’inondation, qu’il y a des personnes qui meurent certainement de faim. Ce qui est choquant, c’est le fait qu’il fait des pratiques qui ne lui apporteront rien sinon que de l’écœurement. Parce qu’il y a des choses qu’une personne normalement constituée, intellectuellement je veux dire, ne fait pas ne serait ce que par décence. Il y a des actes qui ne sont pas dignes, je ne dirais pas d’un président, mais d’un homme. Vous êtes dans une réunion où il y a du monde, des personnes de tous âges et il ose dire «ma waxon waxeet». Et j’ai vu des ministres applaudir et tous ces gens-là, si demain leurs enfants leur disaient «ma waxon waxeet», comment vont-ils réagir ? Il y a des choses qui sont dangereuses. Et ils n’ignorent pas qu’il y avait un enregistrement qui disait ‘je m’interdis de me présenter’ et cela les journalistes l’ont passé à maintes reprises. Il savait que ce document existait et il ose dire qu’il défiait quiconque qui pouvait lui apporter une preuve, c’est inquiétant.
Vous qui voyagez beaucoup, pourriez-vous nous dire comment les gens des autres pays, à l’image du président Abdoulaye Wade, voient les Sénégalais ?
Je voyage et je rencontre différentes personnes et elles font le distinguo maintenant entre les Sénégalais et Abdoulaye Wade. Il n’a réussi qu’à ternir son image et non pas celle de son peuple. Au début, on pouvait assimiler son comportement à celui de son peuple, mais plus maintenant. Il y a des mouvements comme «Y en a marre» et le «M23» qui se sont levés pour lui faire face. Je vous assure, quand vous sortez, quand vous écoutez les gens parler du président Wade, vous vous étonnez. Les gens peuvent se tromper sur son nom en disant «Wadé», mais jamais sur sa personne. Il est connu et ils savent vraiment qui est le président du Sénégal, mais pas en bien.
Vous avez dit tantôt qu’Abdoulaye Wade est une parenthèse qui va se fermer très rapidement. Pensez-vous que sa candidature n’est plus valide et qu’il est temps pour lui de se retirer ?
Je ne suis pas juriste, mais je sais quand même compter jusqu’à deux. Quand on part du postulat qu’il a dit qu’il ne pouvait pas être candidat, ça c’est clair. Il a vécu deux mandats et la Constitution ne lui permet pas de se présenter une troisième fois, il n’a qu’à se retirer. Vous savez dans le milieu artistique, surtout les chanteurs, quand ils prennent de l’âge par respect pour eux-mêmes, ils font leurs adieux à la scène. Ils ne le font pas parce qu’ils ne peuvent plus chanter, mais parce qu’ils se disent qu’ils ne veulent pas qu’on les voie vieillir. C’est ça le critère. Alors pourquoi devons-nous attendre que les cinéastes filment des scènes comme quand il a terminé son discours sur les Mamelles et qu’il a fallu que ce soit un de ses gardes du corps qui lui donne la main pour l’aider à descendre l’escalier ? Trouvez-vous cela respectueux ? Ou alors quand j’ai vu Ousmane Ngom et l’ancien président de la Mauritanie le hisser pour monter les escaliers. On a beau dire qu’il avait le paludisme ou autre chose comme ça, c’est des choses qu’on ne peut pas voir. Il doit, par respect pour lui-même, se retirer, à moins qu’il ait le secret d’une longévité éternelle. Mais chaque jour pour lui compte comme pour moi et on a dix ans d’écart dans l’âge qu’il déclare c'est-à-dire 86 ans. Il est mon aîné de dix ans et moi j’aspire à travailler et qu’on ne voit pas mes faiblesses dans mon travail. Et si vraiment je devais aller dans les expositions en disant n’importe quoi ou en demandant qu’on me soutienne, autant rester chez moi.
Vous avez dit qu’Abdoulaye Wade est votre aîné de dix ans si on se base sur l’âge qu’il déclare. Peut-on supposer qu’il en a plus qu’il le dit ?
Ce n’est pas une supposition, c’est la vérité. Il y a une chose qu’il ignore, c’est que même s’il n’y a plus beaucoup de ses amis en vie pour le contredire, on a toujours des cadets à l’école. Et j’en connais, c’est un Portugais qui a aujourd’hui 89 ans et il me disait : «je ne vous dirais pas que j’avais un écart de tant d’années avec Wade, mais il était mon aîné à l’école de Saint-Louis». Moi, mes aînés de l’école primaire, je les connais parce que quand on était en CE2, eux ils étaient en CM2 et je ne peux ne pas les connaître. On ne peut pas voir quelqu’un comme Amadou Mahtar Mbow à 90 ans et puis Wade qui se déclare à 86 ans, ce n’est pas possible. Et même sur le lieu de naissance de Wade, il y a à dire. On dit qu’il est né à Kébémer et il est déclaré à Saint-Louis ? Étant donné que c’est une personne qui parle beaucoup et qui ne se contrôle pas, eh bien quand il dit qu’il a couru derrière le cheval de Cheikh Ahmadou Bamba alors que ce dernier est mort en 1927, c’est à revoir. Qui est ce qui laisserait son gosse de 5 ans courir derrière un cheval. Tandis que pour courir derrière un cheval sans l’assentiment de ses parents, il faut avoir au moins 8 ans. Il y a des incongruités dans tout ce qu’il dit. Pour se valoriser, il dit des choses banales, sans intérêts, qui ne lui apportent rien du tout.
Etes-vous prêt à rallier les mouvements politiques pour contrer la candidature de Wade ?
J’en suis déjà membre. Je suis ravi qu’il existe les mouvements comme «Y en a marre», le «M23» et autres. Des jeunes qui savent ce qu’ils font et qui se battent pour leur pays. J’admire beaucoup le mouvement «Y en a marre». Je ne dirais pas qu’il va conscientiser les jeunes au point d’en faire une nation, qu’ils sachent ce que c’est une nation, mais il y contribuera beaucoup parce que c’est la première fois qu’ils ne revendiquent pas qu’on leur sorte leur disque. Ces jeunes se sont battus parce qu’il y avait des abus contre la constitution. Et ceux qui croient que c’est un mouvement qui va s’éteindre rapidement se trompent lourdement pour la simple raison que ce mouvement a été créé par de jeunes rappeurs. Beaucoup de personnes y adhèrent. Moi-même je participe à certaines de leurs manifestations parce que j’ai confiance à la jeunesse.
Selon vous, qui pourra remplacer Abdoulaye Wade à la tête du pouvoir s’il venait à partir ?
On a l’habitude de dire que si Abdoulaye Wade venait à partir qui est ce qui pourrait le remplacer. Mais ce n’est pas ce qui nous manque au Sénégal. J’applaudirais la candidature des personnes comme Ibrahima Fall et Babacar Touré. Ce sont des gens qui ont montré quelque chose, qui ont une certaine dignité. Je pense que si l’un d’entre eux était élu, il y aurait une partie au moins qu’ils nous auraient réfectionné, car c’est dégradant ce qui se passe aujourd’hui. Moustapha Niasse aussi pourra le remplacer, mais en faisant un seul mandat. Car si c’est deux, on le rangera aussi dans la catégorie de Wade. Il est quelqu’un de respectable, mais aussi il faut voir du côté de l’âge, il ne pourra pas prétendre à deux mandats et un mandat ne suffirait pas pour redresser le Sénégal.
Comment vous-voyez la politique actuelle de ce pays ?
J’en ai dit pas mal de la politique de Wade, mais sachez que le Sénégal était dans un rond-rond et ce sont des mouvements comme ceux de «Y en a marre» et du «M23» qui nous ont sortis de ce face-à-face poli, c'est-à-dire ‘je t’égratigne, mais t’inquiètes pas, je soignerai la plaie’. Ce sont des mouvements directs qui vont jusqu’au bout, qui disent ce qu’ils pensent. Je vous rappelle que ce n’est pas un mouvement qui va mourir de sitôt. Je pense qu’aujourd’hui ceux qui croient qu’ils pourront refaire ce que Wade a fait se trompent. Parce que d’abord, il y a une conscientisation de la population qui ne se laissera plus tellement faire.
Dernièrement, il y a eu quelques polémiques autour du monument de la renaissance, revendiquez vous toujours la paternité de ce monument ?
L’autre jour, je me suis même surpris en disant que s’il avait dit en premier lieu «ma waxon waxeet», je n’aurais pas écrit dans les journaux pour dire la réalité des choses. Jusqu’à ce jour, je m’étais dit que c’est terminé, je n’en parle plus. Mais ce qui est extraordinaire, et là je vais en parler un peu, c’est que ni le projet ni la personne qui en est le constructeur ne m’intéressent. Le fait de s’approprier le projet d’un autre nous montre la légèreté de cette personne. C’est un guide culturel avec un théâtre que je voulais en faire, mais le monument c’était juste un prétexte, une sorte de totem. Il parait même qu’il y a là-bas des rendez-vous galants et voilà c’est sa vocation. Ce qui m’a révolté et qui m’a poussé à m’expliquer dans un des magazines de la place, c’est cette histoire de 30% car je savais que jamais il ne pourrait payer son électricité.
Pouvez-vous nous donner trois critères essentiels que doivent avoir un président pour le Sénégal ?
Je pense qu’avec Wade, je mettrai en premier lieu la dignité. Parce que, jusqu’à présent les deux présidents qu’on a eu étaient dignes et on croyait que c’était normal. Je demanderai aussi la compassion, mais pas la compassion devant la camera : « Je te donne une mallette, je donne aux Imams». Et je dis des personnes comme ça, je ne ferai jamais la prière derrière eux. Un Imam impliqué dans ce genre d’affaires ne me dirigera jamais pour prier. La modération est aussi un des critères que doit avoir notre président. Quand je parle de modération, c’est dans le bien car je trouve scandaleux qu’un chef d’Etat achète un terrain à un milliard pour dire qu’il l’a sorti de ses propres fonds. Et par rapport aussi à son âge, il y a trop de polémique là-dessus et si j’étais a côté de lui, je lui conseillerais de se reposer et que les gens gardent au moins de bons souvenirs de lui. Et c’est tellement vrai que moi, si on m’avait annoncé la mort de Mandela (que Dieu le garde) je ne mangerais pas, je serais dans une peine que je ne pourrais pas décrire. Et malheureusement je ne peux pas dire autant d’Abdoulaye Wade. Cela m’attriste parce que c’est peut-être le côté obscur que je partirais avant lui, là n’est pas la question car pour moi la mort est quelque chose d’extraordinaire. Je vous dis que moi, je ne donnerai pas ma place pour tout l’or du monde. A son âgé, beaucoup auraient laissé le pouvoir tel qu’il est sans toucher à la constitution et aller très loin du pays et se reposer.
Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous dans ce pays ?
D’abord j’enlèverai ceux qui sont en tête de ce gouvernement et je ferai en sorte que ce pays soit comme Abdou Diouf l’avait laissé, c'est-à-dire avec respectabilité. Et il faut le reconnaître, avec les réalisations de Wade, car on ne peut le négliger, on ne représente rien si on ne fait que cracher du venin sur lui. Moi, si j’avais une baguette magique, je souhaiterais aussi que d’autres mouvements comme ceux qui sont déjà là se lèvent pour contrecarrer Wade. Mais comme on dit «lu dul dëg du yaag».
( Le Populaire )