Personnage tout droit sorti du Parrain, le troisième fils de Kadhafi se battait à ses côtés à Syrte.
Muatassim Kadhafi, que les forces du nouveau pouvoir libyen affirment avoir capturé vivant, jeudi à Syrte, n'est pas aussi connu que son frère Seif-el Islam. Il était pourtant son rival pour la succession du colonel à la tête de la Libye.
Mouammar Kadhafi aimait jouer l'un contre l'autre, tout en attribuant à chacun un rôle précis. Muatassim, 36 ans, président du Conseil national de sécurité, était l'homme des «services» et de la répression. Le cheveu gras mouillé tombant sur les épaules, il manquait de l'aisance de son frère, délégué aux affaires internationales. Le regard éteint, il avait l'air d'un porte flingue sorti du Parrain. Son style de vie, voitures de sport, alcool et jolies filles peu farouches, tenait plus de l'univers des Corleone que de celui du Petit livre vert.
La dernière fois que l'on a eu de ses nouvelles, c'est à travers le récit d'une jeune Hollandaise qui venait régulièrement le visiter «en amie», Talitha van Zon. Cet ex-modèle des pages centrales de Playboy a raconté au Daily Telegraph comment elle l'avait rencontré Moatassem pour la dernière fois fin août, dans sa villa de Tripoli, entouré d'armes et de gardes du corps, la veille du jour où les rebelles ont envahi la capitale. «Il buvait du whisky. Il disait que les rebelles étaient fous et qu'ils allaient perdre. Je crois qu'il était dans le déni», a raconté la perspicace jeune femme. Le lendemain, Muatassim avait disparu. Talitha van Zon, réfugiée dans un hôtel, a échappé de peu au lynchage.
Attaque sur le palais du Guide
La vie de la famille Kadhafi ressemblait parfois à un film de série Z. En 2001, à la tête d'un détachement blindé, Muatassim donne l'assaut à la caserne Bab el-Azizia, où réside le colonel Kadhafi. Aujourd'hui encore, on ne sait pas ce qu'il s'est réellement passé. Muatassim a-t-il tenté de renverser son père ? S'agissait-il d'une rivalité entre militaires ? En tous cas, le jeune homme était probablement ivre… L'attaque a échoué et, pour sa punition, Muatassim a été envoyé en Égypte, puis en Russie, pour étudier dans une académie militaire où, selon la confidence d'un diplomate russe en poste à Tripoli, «il ne faisait pas grand-chose.»
Mais dans une Libye où le pouvoir était essentiellement familial, le «Guide» avait besoin de tous ses enfants. En 2006, il rappelle son fils à Tripoli, où il crée spécialement pour lui le poste de président du Conseil national de sécurité. Muatassim y voit un tremplin pour la succession. «Il se rend compte que Seif est son principal adversaire», écrit un diplomate américain dans un télégramme cité par WikiLeaks. Les États-Unis, soucieux de préserver l'avenir, invitent les deux fils au département d'État à quelques mois d'intervalle. En avril 2009, une photo montre Muatassim aux côté d'Hillary Clinton. L'œil fixe, il porte un époustouflant costume marron luisant, avec cravate assortie. Il est venu demander des armes pour la Libye. Il n'obtiendra pas tout ce qu'il veut.
Jet-set et milice privée
Les Américains préféreraient clairement le plus policé Seif el-Islam. Le télégramme diplomatique décrit Muatassim comme «peu curieux intellectuellement». Ses conseillers libyens, ajoute le télégramme «ont du mal à lui faire lire des mémos simples sur les affaires courantes.» La rivalité entre les deux frères ne se limite pas à la politique. Muatassim dépense des millions de dollars pour imiter le mode de vie Jet-set de «Seif». Il embauche la chanteuse Beyoncé pour un concert privé sur l'île de Saint-Barthélemy, afin de fêter le nouvel an 2009. En 2010, au même endroit, il fait venir une autre vedette mondiale, Mariah Carey.
Mais comme dans Le Parrain, les différends se règlent aussi à coups de revolver. Après son retour en Libye, Muatassim se fait verser 1,2 milliard de dollars par la compagnie pétrolière nationale afin de fonder sa propre milice armée. Qu'il utilise pour faire des affaires. Ses hommes envahiront ainsi l'usine de la concession Coca-Cola de Libye, propriété de son frère Mohammed, avant de battre en retraite sous les protestations de l'ambassade américaine.
Après le début de la révolution, «Seif» et Mohammed, les frères ennemis, se sont sans doute partagé la direction des opérations. Seif el-Islam communiquait devant la presse étrangère, Muatassim était sur le front avec leur plus jeune frère Khamis. Ce dernier est donné pour mort, tout comme Seif el-Arab. Les autres sont partis en exil. De la famille dirigeante, seul reste en cavale Seif el-Islam, ex-dauphin du Guide. Jeudi, le CNT expliquait qu'un convoi le transportant était encerclé.
( Le figaro )
Muatassim Kadhafi, que les forces du nouveau pouvoir libyen affirment avoir capturé vivant, jeudi à Syrte, n'est pas aussi connu que son frère Seif-el Islam. Il était pourtant son rival pour la succession du colonel à la tête de la Libye.
Mouammar Kadhafi aimait jouer l'un contre l'autre, tout en attribuant à chacun un rôle précis. Muatassim, 36 ans, président du Conseil national de sécurité, était l'homme des «services» et de la répression. Le cheveu gras mouillé tombant sur les épaules, il manquait de l'aisance de son frère, délégué aux affaires internationales. Le regard éteint, il avait l'air d'un porte flingue sorti du Parrain. Son style de vie, voitures de sport, alcool et jolies filles peu farouches, tenait plus de l'univers des Corleone que de celui du Petit livre vert.
La dernière fois que l'on a eu de ses nouvelles, c'est à travers le récit d'une jeune Hollandaise qui venait régulièrement le visiter «en amie», Talitha van Zon. Cet ex-modèle des pages centrales de Playboy a raconté au Daily Telegraph comment elle l'avait rencontré Moatassem pour la dernière fois fin août, dans sa villa de Tripoli, entouré d'armes et de gardes du corps, la veille du jour où les rebelles ont envahi la capitale. «Il buvait du whisky. Il disait que les rebelles étaient fous et qu'ils allaient perdre. Je crois qu'il était dans le déni», a raconté la perspicace jeune femme. Le lendemain, Muatassim avait disparu. Talitha van Zon, réfugiée dans un hôtel, a échappé de peu au lynchage.
Attaque sur le palais du Guide
La vie de la famille Kadhafi ressemblait parfois à un film de série Z. En 2001, à la tête d'un détachement blindé, Muatassim donne l'assaut à la caserne Bab el-Azizia, où réside le colonel Kadhafi. Aujourd'hui encore, on ne sait pas ce qu'il s'est réellement passé. Muatassim a-t-il tenté de renverser son père ? S'agissait-il d'une rivalité entre militaires ? En tous cas, le jeune homme était probablement ivre… L'attaque a échoué et, pour sa punition, Muatassim a été envoyé en Égypte, puis en Russie, pour étudier dans une académie militaire où, selon la confidence d'un diplomate russe en poste à Tripoli, «il ne faisait pas grand-chose.»
Mais dans une Libye où le pouvoir était essentiellement familial, le «Guide» avait besoin de tous ses enfants. En 2006, il rappelle son fils à Tripoli, où il crée spécialement pour lui le poste de président du Conseil national de sécurité. Muatassim y voit un tremplin pour la succession. «Il se rend compte que Seif est son principal adversaire», écrit un diplomate américain dans un télégramme cité par WikiLeaks. Les États-Unis, soucieux de préserver l'avenir, invitent les deux fils au département d'État à quelques mois d'intervalle. En avril 2009, une photo montre Muatassim aux côté d'Hillary Clinton. L'œil fixe, il porte un époustouflant costume marron luisant, avec cravate assortie. Il est venu demander des armes pour la Libye. Il n'obtiendra pas tout ce qu'il veut.
Jet-set et milice privée
Les Américains préféreraient clairement le plus policé Seif el-Islam. Le télégramme diplomatique décrit Muatassim comme «peu curieux intellectuellement». Ses conseillers libyens, ajoute le télégramme «ont du mal à lui faire lire des mémos simples sur les affaires courantes.» La rivalité entre les deux frères ne se limite pas à la politique. Muatassim dépense des millions de dollars pour imiter le mode de vie Jet-set de «Seif». Il embauche la chanteuse Beyoncé pour un concert privé sur l'île de Saint-Barthélemy, afin de fêter le nouvel an 2009. En 2010, au même endroit, il fait venir une autre vedette mondiale, Mariah Carey.
Mais comme dans Le Parrain, les différends se règlent aussi à coups de revolver. Après son retour en Libye, Muatassim se fait verser 1,2 milliard de dollars par la compagnie pétrolière nationale afin de fonder sa propre milice armée. Qu'il utilise pour faire des affaires. Ses hommes envahiront ainsi l'usine de la concession Coca-Cola de Libye, propriété de son frère Mohammed, avant de battre en retraite sous les protestations de l'ambassade américaine.
Après le début de la révolution, «Seif» et Mohammed, les frères ennemis, se sont sans doute partagé la direction des opérations. Seif el-Islam communiquait devant la presse étrangère, Muatassim était sur le front avec leur plus jeune frère Khamis. Ce dernier est donné pour mort, tout comme Seif el-Arab. Les autres sont partis en exil. De la famille dirigeante, seul reste en cavale Seif el-Islam, ex-dauphin du Guide. Jeudi, le CNT expliquait qu'un convoi le transportant était encerclé.
( Le figaro )
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