Walf Grand-Place : Vous avez quitté la direction de l'Agence de presse sénégalaise (Aps) après seulement un an et huit mois. Etes-vous satisfait de votre bilan ?
Mouhamed Joseph Henri Sarre : Je suis un pur produit de l'Etat sénégalais avec des valeurs qui sont en moi. Je suis un Sénégalais parmi tant d'autres. Allah n'était pas obligé de faire de moi ce que j'ai eu comme parcours. C'est en 2007 que j'ai commencé à travailler pour l'Etat en rejoignant le cabinet de Souleymane Ndéné Ndiaye comme conseiller en communication au ministère de l'Economie maritime puis à la Primature. En quatre ans, je me suis retrouvé à la direction de l'Aps. Dieu merci, il y a en beaucoup qui aimeraient avoir cette même chance.
À l'Aps, il était fondamental pour moi d'essayer de remettre la boite dans le sens de l'évolution générale des agences de presse internationales. Nous produisons des textes et les mettions en ligne d'une manière qui me paraissait pas assez attractive. Il fallait faire un effort pour donner à l'Aps une identité visuelle. Aujour¬d'hui, le site a son logo et un minimum d'ergonomie. Cela permet au visiteur de savoir quel type d'Information il veut et où le trouver. Il était aussi important pour moi de renforcer le caractère équidistant de l'Aps entre les différents acteurs surtout les acteurs politiques. Même si c'était peut-être l'exercice le plus difficile pour moi. Je n'ai pas diminué l'espace de liberté et d'indépendance dans lequel travaillent les journalistes à l'Aps.
Quand je suis arrivé à la direction de l'Aps, j'ai constaté que le principal problème de la boîte est le sous financement. Elle a des problèmes pour payer les salaires, de faire circuler les véhicules, faire voyager les reporters et payer les frais de mission, de payer les droits à la retraite de certains de nos employés. Aps a un budget de 21.2 millions par an alors que les frais de fonctionnement tournent autour de 25 et 30 millions de francs Cfa par mois. C’est évident qu’on ne boucle pas l’année avec 212 millions seulement. C’est pourquoi, pendant mon magistère, j'ai travaillé avec les travailleurs de l'Aps, pour convaincre le président de la République à faire passer le budget de 212 à 511 millions. Il a accepté notre projet et s'est engagé à le faire. J'en suis fier.
Vous avez donc laissé l'Aps dans une bonne santé financière ?
Je ne dirais rien qui puisse mettre mal à l'aise l'actuel Directeur général de l'Aps. Toutefois, et en toute franchise, si mon successeur réussit à faire entrer ces engagements du président, l'Aps sera à l'abri de beaucoup de difficultés.
Pourquoi est-il difficile d'observer cette équidistance entre les acteurs surtout politiques ?
Quelquefois, c'est difficile. Quand vous refusez de faire passer une dépêche, vous pouvez recevoir une dépêche, vous pouvez recevoir des appels nocturnes pour bousculer.
Des appels nocturnes d'autorités...
Oui ! Ça m'est arrivé. Et j'étais assez fier d'avoir des postures en termes de capacité de nature à protéger ma rédaction et à la laisser travailler. Parce que je suis convaincu que ce n'est pas le travail de l'Aps de mettre en ligne des dépêches de démentis pour le compte d'un ministre d'Etat. Et j'avais pris la décision ferme que ce ne sera pas sous mon magistère qu'il y aurait ce type de glissements qui pourraient s'expliquer par l'ambiance politique dans laquelle le pays est depuis quelques mois.
De quels démentis parlez-vous, d'opposants politiques ou du régime en place ?
Non pas d'opposants politiques. Je sais que de telles choses existaient avant moi. Mais moi je considère l'Aps comme un média public et d'Etat. C'est pourquoi, je sens de la fierté pour toute la rédaction de l'Aps de la couverture que nous avons faite de l'anniversaire des 90 ans d'Amadou Makhtar Mbow. Beaucoup de gens s'étonnaient de cela de la part l'Aps.
Mais de quelle dépêche et de qui s'agissait-il ?
J'étais fier de refuser d'entrer dans la polémique née de la reprise des câbles de Wikileaks par le site dakaractu le 5 septembre dernier. J'ai refusé de mettre en ligne une dépêche qui serait un démenti par rapport aux écrits de dakaractu, car ce n'est pas le travail de l'Aps. Le démenti du ministre d'Etat cité dans les dépêches de Wikileaks reprises par ce site est passé dans toute la presse sauf à l'Aps. Je m'en arrêterais là.
Donc ce ministre d'Etat exerçait de la pression sur vous ?
Non, pas du tout. Il m'a appelé pour demander de mettre en ligne son démenti, je lui ai répondu que non. Et cela ne m'a pas empêché de dormir. Il fait partie des gens qui ne connaissent pas l'Etat. Ils ont eu juste la chance d'être à la tête des affaires de l'Etat. Parce que s'il connaissait un tout petit peu comment fonctionne l'Etat, il aurait d'abord saisi mon ministre de tutelle. Finalement, c'est à mon ministre de tutelle qu'il a manqué de respect et non à moi. Dommage ! Ce sont des gens qui ne connaissent que leur ego surdimensionné. Quand j'ai reçu son appel le 5 septembre à 23h 45 mn, j'ai continué à dormir tranquillement.
Votre refus de mettre en ligne des dépêches du genre n'explique-t-il pas votre départ de la tête de l’Aps après seulement un an et huit mois ?
Si c'est cela, ce n'est pas grave. Je suis un pur produit du Sénégal. J'ai eu mon certificat d'étude au Cml, l'entrée en 6e en même temps que le concours d'entrée à l'école militaire de Saint-Louis. Je n’ai pas réussi un seul de mes examen sans mention. C'est pour dire que je n'ai pas peur de l'avenir. J'ai pris des responsabilités et je les assume. Si diriger un média public, c'est de ne pas être capable d'un minimum d'intelligence et de hauteur malgré ses convictions politiques alors ce ne sera jamais mon affaire. Je suis un libéral et j'ai défendu Wade même à la télé. Et personne ne peut remettre cela en cause. Toutefois, quand je dirige l'Aps, je tiens à être au service de l'ensemble des Sénégalais.
Est-ce que ce n'est pas parce que vous êtes libéral que vous avez été mis à la tête de l’Aps ?
Non, je ne pense pas. Parce que je n'ai jamais eu une carte du Pds. Je suis libéral de conviction.
Mais vous étiez au cabinet de Souleymane Ndéné Ndiaye parce que vous êtes libéral?
J’y étais en raison de mes compétences et non pas parce que je suis libéral. Je suis diplômé de l'Ecole des hautes études politiques et sociales avec comme spécialisation en communication politique et sociale. Et je suis diplômé aussi de l'Ecole de journalisme de Paris. Voilà pourquoi j'étais dans son cabinet de communication pendant quatre ans. La preuve, quand j'y allais, je ne parlais pas de politique.
Après votre nomination à la tête de l’Aps, beaucoup de gens avaient dit que vous étiez un anonyme de la presse sénégalaise, que vous n'étiez même pas journaliste. Est-ce la vérité ?
(Il sourit) Je pense que vous-mêmes, si vous aviez pensé cela, j'espère que vous avez changé d'avis maintenant. Vous êtes dans un groupe de presse qui m'invite régulièrement quand il s'agit de parler des médias. Beaucoup de gens ont changé d'avis maintenant. je suis de 1a même promotion qu'Audrey Pulvar (une journaliste française et présentatrice de télévision française). Elle a été présentatrice du 19/20 sur France 3 de 2005 à 2009. Elle est devenue en 2011 chroniqueuse au sein de l'émission On n'est pas couché, de Laurent Buquier sur France 2). Ndèye Fatou Sy qui était à Sud fait partie de la même promotion que moi. J'ai animé un journal ici qui s'appelait Le Nouvel économiste, j'ai animé une émission économique sur la 2Stv qui s'appelait Class Affaires. Je produisais et animais cette émission. Si on dit que j'étais un anonyme et pas journaliste, tant mieux. L'Aps a permis maintenant qu'on me connaisse. Je n'ai pas de complexe devant les gens.
Vous étes remplacé. Ça vous a surpris ?
Ecoutez ! Mon prédécesseur à l’Aps, koumé y a fait dix ans. Mais ma conviction est que les personnes qui dirigent les établissements publics ne doivent pas y rester plus de deux ans. Parce qu'après, on travaille peu. Pour moi, la longévité n'est pas un critère de performance.
Vous étiez donc préparé à cette éventualité ?
J'ai même lu dans la presse que j'ai été limogé. Or, cela fait quasiment deux mois que je demande à partir de l'Aps pour des raisons personnelles, parmi lesquelles des raisons de santé. La preuve, une semaine avant le décret du Conseil des ministres faisant état de mon remplacement à la tête de l'Aps, j'ai réuni mon rédacteur en chef, le rédacteur en chef adjoint et l'ensemble des chefs de desk pour leur dire que je partais. Donc, cela suppose qu'on m'avait donné un accord pour que je parte. On ne m'a pas viré parce que je ne fais pas partie de cette race qu'on vire.
Pourquoi aviez-vous senti le besoin de quitter la direction de l'Aps ?
Vous minimisez les raisons personnelles et de santé que j'ai évoquées tantôt. Mais elles sont importantes. Je ne pouvais plus continuer à travailler. Je ne voudrais pas entrer dans les détails. Depuis quelques mois, je demandais à partir et je suis parti.
Subissiez-vous des pressions de l'extérieur ou au sein même de la boîte ?
A l'intérieur de l'Agence, j'avais les meilleures relations possibles avec le personnel. Les gens ont des revendications, ils les présentent et nous faisons ce qui est de notre possible. Quant aux pressions de l'extérieur, je voudrais vous dire que j'ai grandi à l'école militaire de Saint-Louis. Donc, aucune pression ne peut me faire peur. Il n'y a pas eu de pressions sur moi. Je suis de nature paisible. Mais sur le plan des principes, je suis quasi suicidaire.
Qu'aviez-vous envie de faire à l'Aps et que vous n'avez pas fait ?
J'avais comme ambition, qu'en plus du texte, que l'on fasse des images, du son et de la vidéo. C'est l'essentiel du projet que le chef de l'Etat a accepté pour le financer à hauteur de 500 millions. Physiquement, je ne pouvais pas mener ce projet à bout. Toutefois, les grands axes sont dégagés. Quand vous allez sur le site de l'Aps, vous pouvez regarder le dernier combat de lutte, le dernier but des «Lions» du football. C'est un début de vidéo. Aujourd'hui, presque toutes les dépêches de l’Aps sont accompagnées d'une photo. Les deux dernières années, des classements ont révélé que l'Aps est le site sénégalais le plus visité par la diaspora pour un certain types d'informations.
SOURCE : Walf Grand Place VIA XIBAR.NET
Réalisé par Faydy DRAME
Mouhamed Joseph Henri Sarre : Je suis un pur produit de l'Etat sénégalais avec des valeurs qui sont en moi. Je suis un Sénégalais parmi tant d'autres. Allah n'était pas obligé de faire de moi ce que j'ai eu comme parcours. C'est en 2007 que j'ai commencé à travailler pour l'Etat en rejoignant le cabinet de Souleymane Ndéné Ndiaye comme conseiller en communication au ministère de l'Economie maritime puis à la Primature. En quatre ans, je me suis retrouvé à la direction de l'Aps. Dieu merci, il y a en beaucoup qui aimeraient avoir cette même chance.
À l'Aps, il était fondamental pour moi d'essayer de remettre la boite dans le sens de l'évolution générale des agences de presse internationales. Nous produisons des textes et les mettions en ligne d'une manière qui me paraissait pas assez attractive. Il fallait faire un effort pour donner à l'Aps une identité visuelle. Aujour¬d'hui, le site a son logo et un minimum d'ergonomie. Cela permet au visiteur de savoir quel type d'Information il veut et où le trouver. Il était aussi important pour moi de renforcer le caractère équidistant de l'Aps entre les différents acteurs surtout les acteurs politiques. Même si c'était peut-être l'exercice le plus difficile pour moi. Je n'ai pas diminué l'espace de liberté et d'indépendance dans lequel travaillent les journalistes à l'Aps.
Quand je suis arrivé à la direction de l'Aps, j'ai constaté que le principal problème de la boîte est le sous financement. Elle a des problèmes pour payer les salaires, de faire circuler les véhicules, faire voyager les reporters et payer les frais de mission, de payer les droits à la retraite de certains de nos employés. Aps a un budget de 21.2 millions par an alors que les frais de fonctionnement tournent autour de 25 et 30 millions de francs Cfa par mois. C’est évident qu’on ne boucle pas l’année avec 212 millions seulement. C’est pourquoi, pendant mon magistère, j'ai travaillé avec les travailleurs de l'Aps, pour convaincre le président de la République à faire passer le budget de 212 à 511 millions. Il a accepté notre projet et s'est engagé à le faire. J'en suis fier.
Vous avez donc laissé l'Aps dans une bonne santé financière ?
Je ne dirais rien qui puisse mettre mal à l'aise l'actuel Directeur général de l'Aps. Toutefois, et en toute franchise, si mon successeur réussit à faire entrer ces engagements du président, l'Aps sera à l'abri de beaucoup de difficultés.
Pourquoi est-il difficile d'observer cette équidistance entre les acteurs surtout politiques ?
Quelquefois, c'est difficile. Quand vous refusez de faire passer une dépêche, vous pouvez recevoir une dépêche, vous pouvez recevoir des appels nocturnes pour bousculer.
Des appels nocturnes d'autorités...
Oui ! Ça m'est arrivé. Et j'étais assez fier d'avoir des postures en termes de capacité de nature à protéger ma rédaction et à la laisser travailler. Parce que je suis convaincu que ce n'est pas le travail de l'Aps de mettre en ligne des dépêches de démentis pour le compte d'un ministre d'Etat. Et j'avais pris la décision ferme que ce ne sera pas sous mon magistère qu'il y aurait ce type de glissements qui pourraient s'expliquer par l'ambiance politique dans laquelle le pays est depuis quelques mois.
De quels démentis parlez-vous, d'opposants politiques ou du régime en place ?
Non pas d'opposants politiques. Je sais que de telles choses existaient avant moi. Mais moi je considère l'Aps comme un média public et d'Etat. C'est pourquoi, je sens de la fierté pour toute la rédaction de l'Aps de la couverture que nous avons faite de l'anniversaire des 90 ans d'Amadou Makhtar Mbow. Beaucoup de gens s'étonnaient de cela de la part l'Aps.
Mais de quelle dépêche et de qui s'agissait-il ?
J'étais fier de refuser d'entrer dans la polémique née de la reprise des câbles de Wikileaks par le site dakaractu le 5 septembre dernier. J'ai refusé de mettre en ligne une dépêche qui serait un démenti par rapport aux écrits de dakaractu, car ce n'est pas le travail de l'Aps. Le démenti du ministre d'Etat cité dans les dépêches de Wikileaks reprises par ce site est passé dans toute la presse sauf à l'Aps. Je m'en arrêterais là.
Donc ce ministre d'Etat exerçait de la pression sur vous ?
Non, pas du tout. Il m'a appelé pour demander de mettre en ligne son démenti, je lui ai répondu que non. Et cela ne m'a pas empêché de dormir. Il fait partie des gens qui ne connaissent pas l'Etat. Ils ont eu juste la chance d'être à la tête des affaires de l'Etat. Parce que s'il connaissait un tout petit peu comment fonctionne l'Etat, il aurait d'abord saisi mon ministre de tutelle. Finalement, c'est à mon ministre de tutelle qu'il a manqué de respect et non à moi. Dommage ! Ce sont des gens qui ne connaissent que leur ego surdimensionné. Quand j'ai reçu son appel le 5 septembre à 23h 45 mn, j'ai continué à dormir tranquillement.
Votre refus de mettre en ligne des dépêches du genre n'explique-t-il pas votre départ de la tête de l’Aps après seulement un an et huit mois ?
Si c'est cela, ce n'est pas grave. Je suis un pur produit du Sénégal. J'ai eu mon certificat d'étude au Cml, l'entrée en 6e en même temps que le concours d'entrée à l'école militaire de Saint-Louis. Je n’ai pas réussi un seul de mes examen sans mention. C'est pour dire que je n'ai pas peur de l'avenir. J'ai pris des responsabilités et je les assume. Si diriger un média public, c'est de ne pas être capable d'un minimum d'intelligence et de hauteur malgré ses convictions politiques alors ce ne sera jamais mon affaire. Je suis un libéral et j'ai défendu Wade même à la télé. Et personne ne peut remettre cela en cause. Toutefois, quand je dirige l'Aps, je tiens à être au service de l'ensemble des Sénégalais.
Est-ce que ce n'est pas parce que vous êtes libéral que vous avez été mis à la tête de l’Aps ?
Non, je ne pense pas. Parce que je n'ai jamais eu une carte du Pds. Je suis libéral de conviction.
Mais vous étiez au cabinet de Souleymane Ndéné Ndiaye parce que vous êtes libéral?
J’y étais en raison de mes compétences et non pas parce que je suis libéral. Je suis diplômé de l'Ecole des hautes études politiques et sociales avec comme spécialisation en communication politique et sociale. Et je suis diplômé aussi de l'Ecole de journalisme de Paris. Voilà pourquoi j'étais dans son cabinet de communication pendant quatre ans. La preuve, quand j'y allais, je ne parlais pas de politique.
Après votre nomination à la tête de l’Aps, beaucoup de gens avaient dit que vous étiez un anonyme de la presse sénégalaise, que vous n'étiez même pas journaliste. Est-ce la vérité ?
(Il sourit) Je pense que vous-mêmes, si vous aviez pensé cela, j'espère que vous avez changé d'avis maintenant. Vous êtes dans un groupe de presse qui m'invite régulièrement quand il s'agit de parler des médias. Beaucoup de gens ont changé d'avis maintenant. je suis de 1a même promotion qu'Audrey Pulvar (une journaliste française et présentatrice de télévision française). Elle a été présentatrice du 19/20 sur France 3 de 2005 à 2009. Elle est devenue en 2011 chroniqueuse au sein de l'émission On n'est pas couché, de Laurent Buquier sur France 2). Ndèye Fatou Sy qui était à Sud fait partie de la même promotion que moi. J'ai animé un journal ici qui s'appelait Le Nouvel économiste, j'ai animé une émission économique sur la 2Stv qui s'appelait Class Affaires. Je produisais et animais cette émission. Si on dit que j'étais un anonyme et pas journaliste, tant mieux. L'Aps a permis maintenant qu'on me connaisse. Je n'ai pas de complexe devant les gens.
Vous étes remplacé. Ça vous a surpris ?
Ecoutez ! Mon prédécesseur à l’Aps, koumé y a fait dix ans. Mais ma conviction est que les personnes qui dirigent les établissements publics ne doivent pas y rester plus de deux ans. Parce qu'après, on travaille peu. Pour moi, la longévité n'est pas un critère de performance.
Vous étiez donc préparé à cette éventualité ?
J'ai même lu dans la presse que j'ai été limogé. Or, cela fait quasiment deux mois que je demande à partir de l'Aps pour des raisons personnelles, parmi lesquelles des raisons de santé. La preuve, une semaine avant le décret du Conseil des ministres faisant état de mon remplacement à la tête de l'Aps, j'ai réuni mon rédacteur en chef, le rédacteur en chef adjoint et l'ensemble des chefs de desk pour leur dire que je partais. Donc, cela suppose qu'on m'avait donné un accord pour que je parte. On ne m'a pas viré parce que je ne fais pas partie de cette race qu'on vire.
Pourquoi aviez-vous senti le besoin de quitter la direction de l'Aps ?
Vous minimisez les raisons personnelles et de santé que j'ai évoquées tantôt. Mais elles sont importantes. Je ne pouvais plus continuer à travailler. Je ne voudrais pas entrer dans les détails. Depuis quelques mois, je demandais à partir et je suis parti.
Subissiez-vous des pressions de l'extérieur ou au sein même de la boîte ?
A l'intérieur de l'Agence, j'avais les meilleures relations possibles avec le personnel. Les gens ont des revendications, ils les présentent et nous faisons ce qui est de notre possible. Quant aux pressions de l'extérieur, je voudrais vous dire que j'ai grandi à l'école militaire de Saint-Louis. Donc, aucune pression ne peut me faire peur. Il n'y a pas eu de pressions sur moi. Je suis de nature paisible. Mais sur le plan des principes, je suis quasi suicidaire.
Qu'aviez-vous envie de faire à l'Aps et que vous n'avez pas fait ?
J'avais comme ambition, qu'en plus du texte, que l'on fasse des images, du son et de la vidéo. C'est l'essentiel du projet que le chef de l'Etat a accepté pour le financer à hauteur de 500 millions. Physiquement, je ne pouvais pas mener ce projet à bout. Toutefois, les grands axes sont dégagés. Quand vous allez sur le site de l'Aps, vous pouvez regarder le dernier combat de lutte, le dernier but des «Lions» du football. C'est un début de vidéo. Aujourd'hui, presque toutes les dépêches de l’Aps sont accompagnées d'une photo. Les deux dernières années, des classements ont révélé que l'Aps est le site sénégalais le plus visité par la diaspora pour un certain types d'informations.
SOURCE : Walf Grand Place VIA XIBAR.NET
Réalisé par Faydy DRAME