Médina, un quartier d’affaires avec diverses activités florissantes


Médina est l’un des quartiers les plus populeux de la capitale. Dans cette localité située au nord-ouest de Dakar Plateau, des milliers de personnes s’y activent pour gagner leur vie. 
Depuis plusieurs années, ce quartier est devenu un lieu d’accueil où convergent bon nombre d’artisans évoluant dans différents
secteurs d’activités. Ces corps de métier sont entre autres la cordonnerie, la menuiserie, la mécanique, la peinture, la bijouterie, la lavanderie, la vannerie, la sculpture.

Les cordonniers y trouvent chaussures à leurs pieds 

La bijouterie, un héritage qui vaut de l’or 
 
Les bagues, bracelets et colliers en or attirent les regards, à la rue 22 X13 de la Médina. Farba Lam y tient une bijouterie. Un métier qu’il a hérité de ses grands-parents. « C’est un métier que nous avons hérité de nos grands-parents qui étaient ici à Médina depuis les années 1960», affirme le bijoutier revenant sur leur présence. Et d’ajouter : « C’est quand ils sont décédés que nous avons pris le relais du travail. C’est ce qui explique notre installation à la rue 22x13», fait-il savoir.

Marché Cheikh Madické, les vestiges de l’ancien abattoir 

La rue 5X6 est le fief des bouchers. Ces derniers occupent les deux rangées (droite et gauche) et consacrent leur temps à la vente de viande, de «yells», «laxass» et consorts. Gorgui Ousmane Mboup est l’un d’eux. Très actif, il est occupé à découper et séparer les pattes de bœuf. 
Selon lui, le marché
Cheikh Madické -initialemement marché Moussanté- est un lieu fondé par son grand-père, El Hadji Mame Bilal Fall, président à l’époque de tous les maures du Sénégal. « Il est à l’origine de ce marché. Il était situé à l’abattoir près des cimetières », informe-t-il. Ce lieu de commerce était situé à l’ancien abattoir, délocalisé à la Séras. « C’est avant tout
un héritage que nous avons reçu de notre grand père depuis le temps de Senghor, car c’était après les indépendances», renseigne le boucher.


Soumbédioune, un village des Arts, en perte de notoriété...

Il est impossible de parler de la Médina sans évoquer le village artisanal de Soumbédioune. Ce village qui se trouve au niveau de la Corniche Ouest, est très connu pour la vente d’objets d’art.
Selon Mère Kéne Ndoye, le village est situé dans un endroit stratégique : il est au cœur de la Médina. Cependant, il est en perte de vitesse. C’est ce qu’affirme Mère Kéne Ndoye. Elle s’active dans la vannerie et le bricolage depuis une vingtaine d'années. Dans son atelier, le visiteur y trouve un peu de tout.

Des poupées en wax, des robes, des paniers, des sacs en wax, des trousseaux sont exposés dans sa boutique. La marchande pointe du doigt l’absence des touristes. Elle relativise en affirmant que les locaux s’intéressent de plus en plus au village.
«Il y a des clients qui viennent d’ici mais également d'autres quartiers", reconnaît-elle. Les paniers, les poupées ou encore les éventails sont les articles qui marchent le mieux d’après Mame Kène Ndoye.

Mamadou Niang est un antiquaire installé à la corniche Ouest de Médina juste en face du village artisanal. Il fréquente le quartier de la Médina depuis plus de 30 ans. Ce village est pour lui, un lieu où l’on trouve la peinture, la maroquinerie, et la  bijouterie. Bref tout ce qui est lié à l’art. L’autre spécificité est que le village est situé non loin de la chambre des métiers.

L’antiquaire évoque aussi l’ancienneté du village car il existe depuis le temps de Léopold Sédar Senghor. Malgré son emplacement stratégique, le sieur affirme qu’il ne tire pas beaucoup de profit de son activité encore secouée par la crise sanitaire. Ces cibles sont principalement composées de touristes, de férus d’art,  des sénégalais qui voyagent en Europe pour revendre.

Lingère, peintre, menuisier y trouvent leur compte
 

« J’ai choisi la Médina parce que c'est un quartier très grand et qui profite à tous les secteurs d’activités », fait savoir Codou Ngom. Cette lingère a porté son choix sur la Médina à cause de son accessibilité. Cette mère de trois enfants pratique ce métier depuis des années. « J’ai chaque jour des habits à laver mais le seul hic est qu’il y a certains clients qui ne paient pas », a fait
savoir la trentenaire, la mine fatiguée.
 
Le métier de peintre...

Souleymane est un jeune peintre âgé d’une vingtaine d’années. Son choix porté sur la Médina n’est pas fortuit. J’ai opté pour la Médina parce que c’est un quartier qui bénéficie d’une position stratégique mais aussi un lieu d’approvisionnement », a reconnu le peintre de formation. Il déclare que ce quartier est propice aux affaires à condition d’avoir de la motivation.
 
La menuiserie a également sa place !

Dans le secteur de la menuiserie, Mame Thierno Ndamal Lathia Darou, résident à la rue 19X4, a pignon sur rue dans ce quartier de la Médina. Ce qui pourrait expliquer selon lui son installation dans ce quartier très populeux de Dakar. De surcroît, il estime que les prix diffèrent d’un endroit à un autre. « C’est ici qu’on peut trouver beaucoup de clients. Il suffit que les gens te connaissent pour qu’ils te côtoient, en plus à la Médina, on parvient à s’adapter facilement. Les gens qui sont ici sont des personnes très ouvertes, accueillantes. On n’a pas de sens interdit ici. Dans chaque maison que tu rentres, les gens font de la téranga. Même les repas, les gens se les partagent. Juste pour vous dire qu’il y a un esprit de partage », renseigne-t-il.
 
Présence de garage mécanique depuis l'indépendance...

Près de lui, se trouve le vieux mécanicien Pape Diogomaye Ndiaye âgé de 69 ans. Pour ce natif de la Médina, leur présence peut se justifier par la colonisation : « durant la colonisation, il n’y avait pas beaucoup d’espace en ville et la Médina était bien découpée et il y avait beaucoup d’infrastructures. C’est la raison pour laquelle, la majeure partie des ouvriers qui était en ville ont été délocalisés ici à la Médina. Toutes les activités (le commerce, logistique entre autres) étaient pratiquées à Dakar-Plateau. Mais, c’est devenu très serré. C’est par la suite que les toubabs les avaient délocalisés. En ce qui me concerne, je suis mécanicien

de formation mais j’ai eu à travailler un peu partout. C’est un métier que j’ai choisi par amour. Je suis très passionné par la mécanique et aujourd’hui, nous nous rendons grâce à Dieu, on y trouve notre compte. "Sant yalla Dal". Dans ses propos, il ajoute que la Médina a toujours été décrite comme un quartier béni par Seydi El Hadji Malick Sy, d’où cette présence. J’ai cinq apprentis et il y en a même qui viennent apprendre chez moi. De l’avis du vieux Diogomaye Ndiaye, c’est une zone où tous les corps de métier sont regroupés. C’est un quartier que j’aime beaucoup parce qu’il y a beaucoup de solidarité et en plus tout le monde se connaît, les gens s’entraident. Quand il y a une cérémonie ici, chacun apporte sa partition pour contribuer à la réussite de l’évènement.
 
La tapisserie, une activité florissante

Boubacar Diallo, tapissier depuis 2009. « C’est en 2009 que je suis parti pour apprendre la tapisserie. Je suis né à la Médina donc c’est ici que je connais, c’est la raison pour laquelle je suis ici. S’agissant du métier de la tapisserie je n’ai fait que suivre les pas de beaucoup de personnes que j’ai trouvées ici. Et
franchement, je ne l'ai pas regretté, car les choses vont bon train ici, à la Médina en plus il y a beaucoup de bénéfices. Pour la vente, souvent, on confectionne des salons et on expose. Il y a aussi  des moments où, c’est le client qui vient chez nous pour passer sa commande avec son modèle. Mais il y a des préalables car avant d'entamer le travail, on passe d’abord à la facturation. Et si les deux parties tombent d’accord, c’est à lui maintenant de verser une avance, avant d’obtenir son reçu. Les clients viennent d’un peu partout. En plus, il n’y pas de sot métier. Les jeunes travaillent beaucoup, ici à la Médina... »








Dimanche 9 Juin 2024
Dakaractu