Macky convaincant


A l’heure du bilan annuel, force est de constater que Macky Sall a réussi là où on l’attendait d’abord et avant tout à savoir enfiler l’habit présidentiel et le porter dignement.
Ce n’était pas gagné d’avance même si l’expérience politique unique qui a été la sienne et qui l’a porté successivement aux postes de premier ministre et de président de l’Assemblée Nationale l’avait bien préparé, si on peut dire.
Mais incarner la Nation, tenir le rang de premier magistrat, de chef suprême des Armées et finalement se hisser sur l’Olympe que constitue la clé de voûte des Institutions de la République était un défi redoutable. Macky a réussi la prouesse de mettre entre parenthèses ce débat parce qu’il a su s’imposer en douceur.
Là où Wade avait multiplié les couacs, lui s’est glissé dans la peau du personnage en toute tranquillité. C’est un point positif qu’il faut souligner au moment de ce premier bilan (annuel).
A cette question importante sur le plan formel, il faut ajouter les actes concrets posés en faveur du monde rural : campagne agricole bien gérée, secours en aliments de bétail apporté aux éleveurs, vivres de soudure mises à disposition des paysans, mais aussi baisse des prix des denrées de première nécessité – même si les effets escomptés ont été faussés par le jeu de la spéculation ; la gestion efficace des inondations et de la crise scolaire… Le sauvetage de l’année universitaire est un succès politique majeur.
Ainsi, malgré le lourd héritage laissé par le régime wadiste, avec des finances publiques exsangues et des dettes colossales, le nouveau pouvoir a pu maintenir le cap, en évitant la catastrophe prédite par Wade lui-même, et remis le Sénégal sur les rails de la bonne gouvernance.
Le gouvernement doit être crédité d’un effort de redressement exceptionnel réalisé avec tact de telle sorte que ses effets les plus négatifs n’ont pas été pleinement ressentis par les populations. Toutefois, ces dernières ont le sentiment que « les choses ne bougent pas » et que tout devient difficile.
Ce sentiment largement répandu ne peut être ignoré ; il doit être pris en compte pour corriger le tir non seulement dans le domaine de la communication. Mais surtout au niveau de l’action publique pour booster le pouvoir d’achat des ménages, créer des emplois et/ou aider le secteur privé à en créer massivement. Evidemment cela ne se décrète pas. Et en un an, on ne peut faire des miracles.
Pourtant, l’Etat a pris la pleine mesure de la situation sociale et a déjà élaboré des projets générateurs d’emplois et de progrès économique. C’est le cas au niveau des infrastructures : extension de la VDN, finition de l’autoroute à péage, de l’aéroport de Diass (40% des travaux devront être réalisés), du prolongement de la voie jusqu’à Thiès, des chantiers de Touba, mais aussi de Thiès, sans oublier tous les programmes d’investissement ficelés pour l’ensemble des régions et dont ceux de Diourbel, Ziguinchor, Saint Louis, Louga et Matam sont rendus publics et, chiffrés.
Tout cela est du concret - réel, tout le contraire de promesses électoralistes sans lendemain.
A cette action sur le terrain économique qui est fondamental ; il faut ajouter celle menée sur le plan judiciaire avec la traque des biens mal acquis. Elle est capitale car les ressources financières en jeu sont énormes et le Sénégal en a bien besoin pour injecter de l’argent frais dans son économie, tous secteurs confondus. Les sommes en question sont considérables et ne peuvent être passées par pertes et profits. Elles doivent être récupérées par tous les moyens permis par la loi. Et, en bonne justice, les coupables doivent répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes.
Il ne s’agit ni de vengeance, ni de croisade, mais simplement de justice.
Le Sénégal est un pays pauvre. Les populations, dans leur immense majorité, vivent dans des conditions très difficiles. Il faut sillonner le pays, aller dans le monde rural et même dans certaines banlieues de Dakar et de toutes les autres villes du pays pour s’en rendre compte. Et comprendre que la traque des biens mal acquis, dans ce contexte, est un impératif social, économique, juridique et éthique tout à la fois.
En jetant un regard sur ce bilan annuel, il faut attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation inquiétante de nos universités. Les mouvements qui y sont constatés ces derniers temps ne sont pas des épiphénomènes. Ils dénotent un malaise réel dont les sureffectifs sont la cause principale.
La décision de dégager 5 milliards pour payer les études des étudiants qui n’ont pas pu être inscrits dans des institutions privées dont les diplômes sont reconnus  par le CAMES est une solution d’urgence. En attendant la construction de la deuxième  université de Dakar et de celle du Sine – Saloum annoncée par le président Macky Sall.
Ce dernier a conscience que les urgences sont partout. Il a eu une expérience unique  (il est le seul à avoir été premier ministre, président de l’Assemblée Nationale et maintenant président de la République)  au Sénégal dans la gestion des affaires publiques. Un an de pouvoir lui a permis de prendre ses marques et de mettre en ordre de bataille son équipe gouvernementale. A lui d’évaluer le travail accompli et les performances des uns et des autres.
A l’évidence, le gouvernement doit accélérer le rythme pour calmer l’impatience légitime des populations. Ces dernières qui ont élu triomphalement Macky Sall, il y a un an, continuent de lui faire confiance et d’espérer. C’est la flamme de cet espoir qu’il faut maintenir vaille que vaille.
Tous les membres de la coalition BENNO BOKK YAKAAR doivent s’investir pleinement et ne pas essayer de jouer les uns contre les autres. L’heure est à l’unité. Les échéances électorales sont encore éloignées. Le débat des locales va certainement avoir lieu, mais en son temps.
La sérénité peut prévaloir avant, pendant et après 2014 si l’intérêt supérieur de la Nation prime sur toutes les ambitions personnelles tout à fait légitimes par ailleurs.
 
Mouhamadou M. DIA
PROF DE PHILO-JOURNALISTE
      
 
Mardi 26 Mars 2013
Daddy Diop