L'Otan continue de bombarder Tripoli malgré le ramadan. Mais la coalition anti-Kaddafi organise également la pénurie énergétique de la capitale libyenne, où les coupures d'électricité se multiplient. Objectif : provoquer un hypothétique soulèvement des habitants de la ville contre le "Guide"...
Une dizaine de violentes explosions ont été entendues dans la nuit vers 1 heure 30 du matin à Tripoli, alors que des avions de la coalition de l'Otan survolaient la ville. La réaction officielle n'a pas tardé. Selon la télévision du régime de Mouammar Kaddafi, « des sites civils et militaires » à Khellat Al-Ferjan, (banlieue sud-est de la capitale), ont été « les cibles de raids de l'agresseur colonialiste croisé ».
Les habitants de la banlieue Tripoli vivent de plus en plus difficilement. Beaucoup d'entre eux témoignent de coupures de courant plus fréquentes et plus longues que par le passé - elles peuvent durer plusieurs heures désormais. Et elles viennent s'ajouter à la pénurie de carburant et de bombonnes de gaz qui entrave la vie quotidienne de la population. Une situation qui n'est pas près de s'améliorer, selon le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères Khaled Kaaim.
Sabotage de pipeline
Lors d'une conférence de presse, jeudi soir, celui-ci a déclaré que l'Otan avait bombardé une turbine à gaz dans la région d'Al-Rayaniya ainsi qu'une station de haute tension à Jefara (sud-ouest de Tripoli). Il a également dénoncé le sabotage par les rebelles d'un pipeline de la même région du djebel Nefoussa. Un pipeline qui alimente selon lui la seule raffinerie encore en activité du pays, à Zawiyah (50 km à l'ouest de Tripoli) dont le gaz et le fuel sont ensuite utilisés pour générer l'électricité. « Les rebelles ont fermé une valve du pipeline et ont versé dessus une grande quantité de béton armé », a précisé Kaaim.
Le vice-ministre a également dénoncé l'« opération de piratage » par les rebelles d'un pétrolier du régime qui était en route vers Tripoli et qui contient, selon lui, 39 000 tonnes de carburant. Le pétrolier de 200 mètres de long, le « Carthagène », a ainsi accosté jeudi à la mi-journée dans le port de Benghazi (photo ci-contre, © AFP), où il a rejoint un autre tanker libyen, le Anwar Afriqya, lui aussi capturé en mer à la mi-mars.
Coup dur pour Tripoli
L'opération d'arraisonnement du navire s'est déroulée « avec l'aide de l'Otan » qui déploie actuellement 17 navires en Méditerranée, a affirmé un officier rebelle ayant participé à l'arraisonnement. « Nous n'avons pas eu à faire usage de la force, les menaces ont suffi », a-t-il assuré. Selon l'Alliance atlantique, le détournement du pétrolier s'est déroulé calmement, dans le cadre de l'embargo sur les armes en Libye prononcé par l'ONU.
Pour le vice-ministre Kaaim, des forces spéciales françaises et britanniques ont participé à l'opération. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un coup dur pour Tripoli. La question énergétique est désormais cruciale des deux côtés du front, six mois après le début du soulèvement armé dont elle pourrait bien déterminer l'issue rapide... ou non.
(Avec AFP)
(Avec AFP)