L’État du Sénégal a réalisé une émission d’eurobonds d’un montant de 750 millions de dollars soit près de 450 milliards de francs CFA, sur le marché des euro-obligations ou Eurobonds. Après sa dernière en 2009, 15 ans après, un autre pas est franchi mais pas sans interprétations encore moins de critiques liées à la hausse de cette dette qui selon certains, peut être fatale au Sénégal. D’autres par contre, estiment que même si la hausse est une réalité, le Sénégal peut faire face à sa dette qui en était déjà à 70%.
En effet, les eurobonds, sont des obligations communes émises par les pays de la zone euro dans le but d’éviter la spéculation de la dette dans les marchés financiers. On l’appelle d’ailleurs, euro-obligations. Après la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya, c’est le quatrième pays d’Afrique subsaharienne à recourir au marché cette année. Après des moments d’incertitude dus aux troubles politiques des trois dernières années, le Sénégal regagne de nouveau la confiance des marchés financiers. Ainsi, il a levé avec succès, le mardi 4 mai, selon la plateforme d’informations financières Bloomberg, un nouvel endettement de plus de 450 milliards de francs CFA qui connaît une maturité de sept ans, soit jusqu’en 2031.
Lorsqu’il s’agit du marché des eurobonds, ce qui peut être analysé c’est évidemment le taux d’internet. Pour cette fois-ci, on constate que le taux est de 7,75% si on compare au taux de 2021 qui était de 5,3%, on note une légère hausse. Mais il faudra bien l’analyser dans son contexte. En effet, il ne faut pas perdre de vue qu’en 2021, il y a eu beaucoup de difficultés politiques qui ont influé sur l’économie du Sénégal. Comparant cette situation des eurobonds à 2009 où le Sénégal intervenait pour la première fois sur le marché, le taux d'intérêt avait atteint 9,25%. Donc c’était plus élevé. Si on analyse de manière horizontale, on remarque que c'est une hausse liée aux récents évènements au Sénégal avec la crise que nous avons vécu (crises politiques entre 2021 et 2023).
D’après l’économiste Dr Assane Bèye, ce taux est déterminé sur la base de la confiance que les investisseurs étrangers ont du Sénégal. Les agences notent le Sénégal en fonction de la qualité du retour des investissements. « Dans le contexte de crise politique, heureusement que le Sénégal n'est pas intervenu sur le marché. Mais s’il avait demandé à lever des fonds sur le marché, le taux allait effectivement être très élevé. Maintenant, avec la transition politique récente, l’arrivée des nouvelles autorités et l’exploitation prochaines des ressources pétrolières et gazières, le Sénégal a pu certainement bénéficier d’un taux aussi favorable » estime notre interlocuteur qui fait part de ses remarques au téléphone de Dakaractu. Cependant, en parlant de taux favorable, on doit mettre les guillemets. Si on compare ce taux aux autres pays comme le Bénin avec 7,9% récemment, le Kenya, avec 10,37%, il est clair selon Dr Bèye, que le Sénégal dispose néanmoins, d’un taux assez favorable contrairement à ces deux pays qui ont récemment levé des fonds sur le marché.
Pour prendre en charge les dépenses urgentes, l’Etat a besoin de ressources pour prendre en charge des secteurs prioritaires. C’est l’avis de l’économiste qui prête attention néanmoins au piège qui est « de s’endetter avec un taux aussi élevé et le mettre dans des dépenses courantes ». Normalement, considère-t-il « si on lève des fonds sur le marché des eurobonds, cela permettra de faire des investissements importants ». Cet avis est évidemment partagé par Dr Mamadou Samba Anne, professeur à l’Université de Dakar. Ce dernier, qui va même se prononcer sur la confiance que les investisseurs étrangers ont du Sénégal : « aujourd’hui, les pays vous financent selon les notations que vous avez. Ces institutions ne donnent jamais de financement à des pays sans savoir qu’en retour, vous pouvez effectivement être en mesure de le rembourser et qu’elles peuvent s’en sortir après que vous ayez fait vos investissements. Nous sommes un pays économiquement reluisant, mais chacun a ses intérêts » pense l’économiste-enseignant à l’Université.
Toutefois, pour cette dette, on peut avoir des craintes. Mais elles peuvent être amoindries avec l’exploitation prochaine des hydrocarbures. « Cela permettra certainement à notre pays de souffler » , assure-t-il. En effet, la dette était déjà à 70% et avec cet emprunt, elle va certainement exploser avec cette nouvelle levée de fonds sur le marché. Que peut faire alors l'Etat ? C’est un changement de paradigmes dans la gestion des ressources, le changement de politique qui s’imposent, selon Dr Bèye, et montrer que ce sont des ressources qui devront permettre au Sénégal de mieux se prendre en charge, car, le système de mobilisation ses ressources au Sénégal n’est pas assez performant.
Dr Mamadou Samba Anne, trouve qu’on ne peut pas se développer sans un marché financier, nerf de la guerre qui soutient le développement. « Il faut chercher des financements pour les injecter dans les infrastructures, des secteurs économiques etc. Mais comment on va utiliser cette dette ? Si elle l’est dans le but de consolider ou de permettre à nos pays d’aller vers l’émergence et de régler des problèmes structurels avec les retours sur investissements de telles sortes que l’on pourra payer la dette et se maintenir économiquement, je pense que cela n’est point mauvais » nous confie l’économiste demeurant convaincu que les secteurs porteurs de croissances auxquels nous pouvons comptez pour juguler sur cette dette, peuvent être exploités. Il insiste sur le domaine de l’agriculture : « nous avons un potentiel énorme. En réalité, le Sénégal importe 1040 milliards de francs sur le riz. Si effectivement on arrive à investir lourdement sur l’agriculture généralement, on peut non seulement espérer une autosuffisance alimentaire, mais aussi mettre le surplus dans le marché et gagner des ressources supplémentaires » propose-t-il. Aussi, la chaîne de valeur agricole est à valoriser pour changer la face du Sénégal et, pourquoi pas, pouvoir payer sa dette dans le moyen et long terme.
Le choix « polémique » de JP Morgan Londres
Par rapport à JP Morgan, la structure privée qui a pour objectif de chercher à faire des rentes, le débat se pose toujours par rapport à la pertinence de son choix au regard de « ces scandales » sur lesquels le forum civil a eu à évoquer. Selon le coordinateur du forum civil, le ministre des finances et du budget doit édifier sur le choix de JP Morgan Londres car, le problème de la transparence de l'intermédiation demeure. En effet, dans un récent rapport 2023 de transparence public et privé sur l’investissement responsable, JP Morgan est cité dans le scandale de la « London Whale » (Baleine de Londres) de 2012 où des pertes massives de trading estimées à plus de 6 milliards de dollars ont été révélées. Aussi, en 2020, JP Morgan a été condamnée à une amende de 920 millions de dollars pour avoir manipulé les marchés des métaux précieux et des bons du Trésor américain. Cette amende a mis en lumière des problèmes de conformité persistants au sein de la banque et a soulevé des questions sur son engagement envers des pratiques commerciales éthiques. En 2013, JP Morgan a accepté de payer une amende record de 13 milliards de dollars pour régler des accusations selon lesquelles elle avait trompé les investisseurs sur la qualité des titres adossés à des hypothèques. Elle a aussi fait face à des poursuites judiciaires majeures concernant ses pratiques de prêts hypothécaires avant la crise financière de 2008. Ces affaires citées et,loin de toutes transparences, doivent selon Birahim Seck, interpeller les autorités. Ces résultats montrent encore, selon le membre de la société civile en position de « lanceur d’alerte », « la faillite de la stratégie de mobilisation des ressources domestiques qui doit être évaluée ».
Selon nos spécialistes en économie, pour un Etat cela peut être risqué d’aller chercher des ressources auprès de ce type de structure. « Mais on peut faire confiance aux nouvelles autorités et mettre l’accent sur l’urgence de régler la situation économique et voir dans quelles mesures permettre au Sénégal de financer les secteurs prioritaires.
En effet, les eurobonds, sont des obligations communes émises par les pays de la zone euro dans le but d’éviter la spéculation de la dette dans les marchés financiers. On l’appelle d’ailleurs, euro-obligations. Après la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya, c’est le quatrième pays d’Afrique subsaharienne à recourir au marché cette année. Après des moments d’incertitude dus aux troubles politiques des trois dernières années, le Sénégal regagne de nouveau la confiance des marchés financiers. Ainsi, il a levé avec succès, le mardi 4 mai, selon la plateforme d’informations financières Bloomberg, un nouvel endettement de plus de 450 milliards de francs CFA qui connaît une maturité de sept ans, soit jusqu’en 2031.
Lorsqu’il s’agit du marché des eurobonds, ce qui peut être analysé c’est évidemment le taux d’internet. Pour cette fois-ci, on constate que le taux est de 7,75% si on compare au taux de 2021 qui était de 5,3%, on note une légère hausse. Mais il faudra bien l’analyser dans son contexte. En effet, il ne faut pas perdre de vue qu’en 2021, il y a eu beaucoup de difficultés politiques qui ont influé sur l’économie du Sénégal. Comparant cette situation des eurobonds à 2009 où le Sénégal intervenait pour la première fois sur le marché, le taux d'intérêt avait atteint 9,25%. Donc c’était plus élevé. Si on analyse de manière horizontale, on remarque que c'est une hausse liée aux récents évènements au Sénégal avec la crise que nous avons vécu (crises politiques entre 2021 et 2023).
D’après l’économiste Dr Assane Bèye, ce taux est déterminé sur la base de la confiance que les investisseurs étrangers ont du Sénégal. Les agences notent le Sénégal en fonction de la qualité du retour des investissements. « Dans le contexte de crise politique, heureusement que le Sénégal n'est pas intervenu sur le marché. Mais s’il avait demandé à lever des fonds sur le marché, le taux allait effectivement être très élevé. Maintenant, avec la transition politique récente, l’arrivée des nouvelles autorités et l’exploitation prochaines des ressources pétrolières et gazières, le Sénégal a pu certainement bénéficier d’un taux aussi favorable » estime notre interlocuteur qui fait part de ses remarques au téléphone de Dakaractu. Cependant, en parlant de taux favorable, on doit mettre les guillemets. Si on compare ce taux aux autres pays comme le Bénin avec 7,9% récemment, le Kenya, avec 10,37%, il est clair selon Dr Bèye, que le Sénégal dispose néanmoins, d’un taux assez favorable contrairement à ces deux pays qui ont récemment levé des fonds sur le marché.
Pour prendre en charge les dépenses urgentes, l’Etat a besoin de ressources pour prendre en charge des secteurs prioritaires. C’est l’avis de l’économiste qui prête attention néanmoins au piège qui est « de s’endetter avec un taux aussi élevé et le mettre dans des dépenses courantes ». Normalement, considère-t-il « si on lève des fonds sur le marché des eurobonds, cela permettra de faire des investissements importants ». Cet avis est évidemment partagé par Dr Mamadou Samba Anne, professeur à l’Université de Dakar. Ce dernier, qui va même se prononcer sur la confiance que les investisseurs étrangers ont du Sénégal : « aujourd’hui, les pays vous financent selon les notations que vous avez. Ces institutions ne donnent jamais de financement à des pays sans savoir qu’en retour, vous pouvez effectivement être en mesure de le rembourser et qu’elles peuvent s’en sortir après que vous ayez fait vos investissements. Nous sommes un pays économiquement reluisant, mais chacun a ses intérêts » pense l’économiste-enseignant à l’Université.
Toutefois, pour cette dette, on peut avoir des craintes. Mais elles peuvent être amoindries avec l’exploitation prochaine des hydrocarbures. « Cela permettra certainement à notre pays de souffler » , assure-t-il. En effet, la dette était déjà à 70% et avec cet emprunt, elle va certainement exploser avec cette nouvelle levée de fonds sur le marché. Que peut faire alors l'Etat ? C’est un changement de paradigmes dans la gestion des ressources, le changement de politique qui s’imposent, selon Dr Bèye, et montrer que ce sont des ressources qui devront permettre au Sénégal de mieux se prendre en charge, car, le système de mobilisation ses ressources au Sénégal n’est pas assez performant.
Dr Mamadou Samba Anne, trouve qu’on ne peut pas se développer sans un marché financier, nerf de la guerre qui soutient le développement. « Il faut chercher des financements pour les injecter dans les infrastructures, des secteurs économiques etc. Mais comment on va utiliser cette dette ? Si elle l’est dans le but de consolider ou de permettre à nos pays d’aller vers l’émergence et de régler des problèmes structurels avec les retours sur investissements de telles sortes que l’on pourra payer la dette et se maintenir économiquement, je pense que cela n’est point mauvais » nous confie l’économiste demeurant convaincu que les secteurs porteurs de croissances auxquels nous pouvons comptez pour juguler sur cette dette, peuvent être exploités. Il insiste sur le domaine de l’agriculture : « nous avons un potentiel énorme. En réalité, le Sénégal importe 1040 milliards de francs sur le riz. Si effectivement on arrive à investir lourdement sur l’agriculture généralement, on peut non seulement espérer une autosuffisance alimentaire, mais aussi mettre le surplus dans le marché et gagner des ressources supplémentaires » propose-t-il. Aussi, la chaîne de valeur agricole est à valoriser pour changer la face du Sénégal et, pourquoi pas, pouvoir payer sa dette dans le moyen et long terme.
Le choix « polémique » de JP Morgan Londres
Par rapport à JP Morgan, la structure privée qui a pour objectif de chercher à faire des rentes, le débat se pose toujours par rapport à la pertinence de son choix au regard de « ces scandales » sur lesquels le forum civil a eu à évoquer. Selon le coordinateur du forum civil, le ministre des finances et du budget doit édifier sur le choix de JP Morgan Londres car, le problème de la transparence de l'intermédiation demeure. En effet, dans un récent rapport 2023 de transparence public et privé sur l’investissement responsable, JP Morgan est cité dans le scandale de la « London Whale » (Baleine de Londres) de 2012 où des pertes massives de trading estimées à plus de 6 milliards de dollars ont été révélées. Aussi, en 2020, JP Morgan a été condamnée à une amende de 920 millions de dollars pour avoir manipulé les marchés des métaux précieux et des bons du Trésor américain. Cette amende a mis en lumière des problèmes de conformité persistants au sein de la banque et a soulevé des questions sur son engagement envers des pratiques commerciales éthiques. En 2013, JP Morgan a accepté de payer une amende record de 13 milliards de dollars pour régler des accusations selon lesquelles elle avait trompé les investisseurs sur la qualité des titres adossés à des hypothèques. Elle a aussi fait face à des poursuites judiciaires majeures concernant ses pratiques de prêts hypothécaires avant la crise financière de 2008. Ces affaires citées et,loin de toutes transparences, doivent selon Birahim Seck, interpeller les autorités. Ces résultats montrent encore, selon le membre de la société civile en position de « lanceur d’alerte », « la faillite de la stratégie de mobilisation des ressources domestiques qui doit être évaluée ».
Selon nos spécialistes en économie, pour un Etat cela peut être risqué d’aller chercher des ressources auprès de ce type de structure. « Mais on peut faire confiance aux nouvelles autorités et mettre l’accent sur l’urgence de régler la situation économique et voir dans quelles mesures permettre au Sénégal de financer les secteurs prioritaires.