Lettre ouverte aux responsables du PDS (Abdou Khadre SANO)


Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit et toute ville ou maison qui est divisée contre elle-même ne pourra subsister.
Chers frères et sœurs,
« Qui sait la vérité et ne dit pas la vérité, se fait complices des faussaires et des menteurs ». Qu’il nous soit, alors, permis de dire une vérité même si on ne peut pas dire toute la vérité, parce qu’après tout, le sens élémentaire de la foi en Dieu nous commande d’être véridique et loyal à l’endroit du leader et parti politique que nous avons choisi.
Loin de nous la volonté de proférer des propos boutefeux envers des frères et sœurs du parti. Cependant les comportements observés au sein de notre formation nous obligent à lancer un appel pour une prise de conscience immédiate à tous les niveaux et surtout aux « cadres-responsables » du parti. Leurs attitudes, leurs manières de se traiter et d’entretenir les militants ne sont-elles pas des raisons fondamentales et objectives qui, hélas, nous ont valu la perte de quelques bastions le 22 mars 2009 ? L’œil le moins expert se rendrait facilement compte de cette réalité et un vulgaire observateur l’appréhenderait aisément.
Il est, vu leurs comportements, nécessaire de rappeler certaines normes, certaines valeurs politiques élémentairement simples voire banales à ces «cadres-responsables » pour une prise de conscience des fondamentaux qui ont fait de leur leader, le frère Secrétaire Général Me Abdoulaye WADE, l’un des plus populaires, voire le plus populaire de l’histoire politique du Sénégal.
Faut-il rappeler ce qui est à l’origine de la célébrité du mentor du PDS ? S’il est et continue d’être dans le cœur des militants, c’est parce qu’il est le premier à les porter dans le sien. Lui s’est sincèrement intéressé à ces derniers, a partagé leurs moments de bonheur et de malheur bref, il a fait corps avec ses frères et sœurs dans les périodes de chaleur et de froid, sous la pluie comme sous le soleil. Il avait donc compris qu’en mettant en place, un projet de société, seul le peuple pouvait lui permettre de réaliser ses desseins. Seul, calfeutrer dans une « fierté orgueilleuse », parce que doté d’un «capital culturel» important, il ne parviendrait à rien sans une masse conséquente faisant de ses ambitions les leurs. Une action politique n’est légitime que si le peuple y adhère. Ce qui, ainsi, fait des militants les acteurs incontournables voire primordiaux. Dès lors il appartient aux responsables d’aller vers les militants, c’est à eux que reviennent la charge, le devoir et l’obligation de s’enquérir de la situation de la base.
Aussi riche que Crésus ; aussi politique que Machiavel et/ou les Romains, si la volonté populaire n’est pas en phase avec vos ambitions politiques, si le peuple n’adhère pas à votre projet de société, aussi ambitieux et pertinent soit-il, la poussière s’en emparera dans les tiroirs. Abdoulaye WADE, aujourd’hui Président de la République du Sénégal, a très bien et très tôt assimilé cette leçon élémentaire mais essentielle. D’ailleurs, je suis sûr que le monde rural lui manque…
Toutefois, à voir, aujourd’hui, l’angoisse des militants refoulés auprès de certains responsables locaux, on a l’impression qu’ils ne sont pas au fait cette règle politique et mesure les enjeux de pouvoir et de l’élection en vue. Il est vrai qu’on ne connaît ou ne comprend l’enjeu du pouvoir que quand on le perd. On ne joue pas avec le pouvoir, c’est formellement et strictement interdit. Faites un micro-trottoir au sein du PS, et vous vous rendrez compte qu’il est sacré.
Comment un parti qui travaille et dont le bilan est reluisant peut-il comprendre certaines défaites électorales ?
Depuis 2000, Abdoulaye Wade n’a pas perdu d’élections mais certains responsables locaux du PDS, eux, oui ; en témoigne le scrutin du 22 mars 2009.
En effet, la longue absence de ces « responsables » au niveau de leur base, le manque de contact permanent, constituent un handicap pour la fidélisation des militants. Les promesses non tenues, leur quasi inaccessibilité qui se manifeste par la suppression de contacts téléphoniques, leurs voitures aux vitres teintées et que savons-nous encore, sont des actes regrettables qui, malheureusement, nous ont coûté certains de nos fiefs, malgré toutes les réalisations du régime libéral depuis l’avènement du Sopi. Combien d’entre eux prennent régulièrement contact avec les différentes sections et cellules de leur localité depuis leur élection ou nomination a des postes de responsabilité ? Tous passent leur week-end à Dakar et refusent d’aller militer. Ont-ils oublié que le militantisme et la conviction se manifestent par des descentes fréquentes à la base ? On serait tenté de le croire.
Mieux, et c’est dommage, par méchanceté, des responsables du PDS s’attaquent à d’autres responsables du parti en des termes méchants et parfois gratuits et pensent que les seuls remèdes possibles sont le dénigrement, le clabaudage, la médisance, bref la fabrication des discours envenimés dont les motifs secrets sont souvent plus dangereux que les actions qui en sont l'objet. Tous les coups semblent permis. Des « croche-pieds, les changements de veste, les intrigues florentines » sont partout présents. Ceux qui croient que le PDS est victime d’un manque d’expérience politique doivent désenchanter, c’est plutôt d’un excès de stratégies politiciennes que ne notre parti souffre. Le choc permanent des ambitions se faisant au détriment de celui des idées. Détrompons-nous aucun de nos objectifs ne sera atteint en continuant de procéder ainsi. D’ailleurs le président Kéba MBAYE (paix à son âme) n’attirait-il pas notre attention sur ce genre de comportement lors de sa magistrale leçon inaugurale à l’UCAD sur le sujet : Ethique, aujourd’hui. Cette forme de politique disait-il est le métier le plus facile au monde.
Dégoûtées, par conséquent, par leur façon de faire, le 22 mars 2009, ce n’est pas Abdoulaye Wade qui a été « vomi » par les populations mais les responsables locaux. Le PDS n’a pas été abandonné mais un signal fort lui a été lancé par des personnes qui l’aiment et qui n’acceptent point que certains responsables adoptent des comportements puérils.
Il est bon de savoir que ce n’est pas une manne financière qui retient les militants dans un parti. Non, il faut leur dire et y insister que ce n’est pas l’argent qui fidélise le militant aux convictions certaines, pour lui l’argent est juste un moyen et non une fin. C’est au contraire les relations sociales privilégiées en d’autres mots la reconnaissance, la proximité, le bon voisinage, le contact permanent (physique ou téléphonique, moral) qui, entre autres, contribuent à la massification et surtout à la fidélisation.
Cette réalité était, pendant tout le temps que nous étions dans l’opposition, la nôtre. Elle constituait notre force, le socle sur lequel reposaient tous les assauts auxquels nous avons pris part. Elle nous a permis de faire corps avec les militants, avec la population du Sénégal dans son ensemble. Et, en 2000 puis sept ans plus tard, ces actions ont porté leurs fruits. N-avons-nous pas l’habitude d’entendre qu’on ne change pas une équipe qui gagne ? Cela est valable pour une stratégie politique qui a fait ses preuves. A défaut donc de l’améliorer, il faut la maintenir.
Mais aujourd’hui que nous sommes au pouvoir, les cadres refusent de faire du militantisme. Nous, jeune du parti, refusons de rester amorphes face à cette situation et continuerons de jouer notre rôle de sentinelle en vue de dénoncer les auteurs de tels comportements.
Nous ne sommes pas là pour plaire à qui ce soit, nous sommes ici pour construire notre pays avec le Pape du Sopi. Voilà pourquoi, nous avons besoin de responsables-militants, de cadres-militants légitimes connus et acceptés par la base. Des responsables de la base, par la base et pour la base. Des responsables disponibles, qu’on peut réveiller à n’importe quelle heure, qui nous accompagnent à l’hôpital, qui enterrent nos morts, qui partagent nos peines et souffrances ; contrairement à des « vagabonds » de quartiers, des capitaines sans troupes. Pire, le comportement de certains de nos « frères » est assimilable aux actes de ce cultivateur qui au lieu d’aller chercher un nouveau champ pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, vient labourer le champ déjà défriché par son propre frère. Des prétendus responsables qui, pour prouver une popularité qui ne dit pas son nom, ne vont pas chercher des militants de l’opposition ou convaincre les indécis mais viennent prendre ceux de leurs propres frères de parti. C’est triste ! Ainsi pensent-ils élargir les bases du parti, ainsi croient-ils massifier le parti, ainsi pensent-il leurrer le Secrétaire Général National ! Ces genres de responsables ne méritent pas d’être armés parce que non seulement ils n’apportent presque rien, mais aussi et surtout ils contribuent à créer des problèmes internes. On ne peut, par conséquent, avec eux, faire de bons résultats. Détrompons-nous les gens savent reconnaitre les leurs.
Au demeurant, nous voulons de nouveaux cadres qui militent. Une « citoyenneté agissante » des cadres qui, malgré leurs postes de responsabilité, passent le week-end à faire le tour des quartiers et des villages. Être responsable demande des sacrifices et pas des moindres. Il est très facile, après être nommé ou élu à un poste de responsabilité, de rester amorphe politiquement derrière des bureaux climatisés. On ne peut, on ne doit et ce sous aucun prétexte, oublier des gens qui ont porté le combat du parti. Le Président de la République ne peut pas rencontrer tout le monde, on le sait, mais les relais que vous êtes doivent s’efforcer de rendre visite aux militants et de s’enquérir de leur situation. On n’a pas le droit d’être ingrat à leur égard.
Mais faut-il toujours indexer ces « cadres-responsables » sans pour autant accuser le mentor principal, celui-là derrière qui, nous nous mobilisons, le frère Secrétaire Général National du PDS Me Abdoulaye WADE ? C’est lui qu’il faut surtout accuser. C’est lui qu’il faut surtout montrer du doigt. C’est lui qui, nous semble-t-il, ne veut pas mettre un terme à ces comportements. C’est lui qui ne veut pas siffler la fin de la pause. C’est lui qui encourage ce relâchement sans relâche de la part de ces responsables. C’est lui qui, indirectement, leur demande de rester à Dakar donc de ne pas descendre à la base. Par conséquent nous le soupçonnons d’être de mèche avec ces responsables.
Nous indexons aussi le Premier Ministre, par ailleurs Directeur de campagne de notre candidat, qui, certainement, est au fait de la démobilisation des militants, de leur amertume dans certaines contrées à cause des comportements des responsables mais ne dit rien, hélas.
Pouvons-nous savoir ce qui vous ankylose tant jusqu’à laisser ces responsables marcher à contre courant du vent du Sopi ? Vous ont-ils marabouté ? Non certainement, vous avez tout simplement confiance à notre bilan. Oui, il est très important voire essentiel, mais il ne suffit pas pour requinquer le militant refoulé et frustré.
Frère Secrétaire Général nous, l’étudiant, demandons, et ce sans délai, de mettre fin à la recréation pour le bien du parti sans quoi nous vous tiendrons à la fois pour principal responsable mais aussi coupable de ce qui nous adviendra. Nous vous tiendrons coupable d’avoir freiné l’émergence du Sénégal. Oui, c’est nous qui l’incarnons. Vous savez aussi bien que nous que les autres n’ont pour ambition que d’occuper les fauteuils, les places mais n’ont aucune alternative, rien de concret à proposer aux Sénégalais, pas de projet de société viable Vous le savez et vous voulez hypothéquer notre avenir. Nous ne l’accepterons pas !
Donnez ici et maintenant des directives de rassemblement aussi bien au niveau local et national. Nous refusons qu’on nous dise que vous n’êtes pas au courant. Notre conviction demeure que vous êtes informé du malaise qui existe entre certains responsables et entre ces derniers et leurs militants. Saint-Louis en est l’exemple indiqué. A Boinadj dans le Fouta des étudiants libéraux essayent tant bien que mal, avec leurs maigres moyens de faire face à un milliardaire opposant alors que les autorités libérales de cette contrée les abandonnent à eux-mêmes. Pouvez-vous cautionner ces attitudes ? Nous n’en sommes pas certains ! Beaucoup d’autres cas similaires existent mais jusqu’à présent, nenni ! Parfois, c’est inénarrable, mais nous avons l’impression que certains de nos responsables travaillent à notre perte. C’est tout comme ! Il est temps de réagir, faisons vite ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire, avons-nous l’habitude de dire, cela n’est pas notre conviction. Faire les choses à temps, doit être notre principe de vie.
Notre régime, vous le savez aussi, a créé des jaloux. Le régime libéral a montré et prouvé que le Sénégal avait les moyens de dépasser ce stade depuis les années 70. Nul n’ignore que le Sénégal est actuellement en marche, nul n’ignore que nous avons fait plus et mieux que nos prédécesseurs et ce dans tous les domaines. Nous avons construit le Sénégal et nous ne comptons pas nous arrêter maintenant. Nous sommes les bâtisseurs d’un Sénégal envié et développé. Refusons, par conséquent, d’être divertis par les pyromanes de l’opposition et d’une certaine société civile qui refuse de s’assumer.
En définitive, un appel est lancé :
Aux responsables politiques du Parti, que le Sénégal ne se limite pas à Dakar et que le pouvoir, une fois conquis et acquis, doit être cultivé, entretenu et géré.
Aux femmes et filles, que leur avocat a plus que jamais besoin d’elles pour le grand rendez-vous de 2012.
Aux jeunes du parti en particulier ceux de l’UJTL, qu’on ne doit céder à la fatale loi de la division qui nous affaiblit et amoindrit par la même occasion nos chances en 2012.
Vive Me WADE,
Vive le PDS,
Vive le SENEGAL.
ABDOU KHADRE SANO
Secrétaire général du MEEL Saint-Louis

Mardi 22 Novembre 2011
Abdou Khadre SANO