Lettre ouverte au Président de la République

Monsieur le Président,
En mars 2012, vous avez été magistralement porté à la tête du Sénégal par 65% des électeurs sénégalais. Beaucoup de nos compatriotes avaient fondé de l’espoir sur votre élection. En effet vous êtes jeune et né après les indépendances. Et durant tout le temps que vous avez cheminé avec le Président WADE, des sénégalais ont apprécié vos aptitudes et attitudes, votre politesse. Beaucoup de sénégalais apolitiques et dont je fais partie avaient pensé que vous alliez être un Grand rassembleur des sénégalais autour de l’essentiel. Malhreusement vous avez commencé votre magistrature par un combat d’arrière garde, en s’attaquant à votre prédécesseur, traité de voleur, enfermant son fils, retardant la signature du décret lui octroyant les avantages d’ancien chef de l’Etat… Ceux qui ont suivi votre départ du PDS l’assimilent à une vengeance et cela aurait pu être évité. Quelle que soient les problèmes que vous avez eu avec Me WADE, une fois arrivé au pouvoir, vous auriez dû tout oublier et le laisser aller se reposer en paix. Le pardon est une vertu des grands hommes. Nelson Mandela en donne l’exemple patent. Après vingt six ans de prison, lorsqu’il a pris le pouvoir, il a pris de la hauteur et appelé tous les sud africains au travail, en commençant par pardonner ses geôliers blancs. Aujourd’hui l’Afrique du Sud donne un bel exemple d’un pays développé au sein d’une Afrique qui se cherche. Combien de fois Abdoulaye WADE a été mis en prison par Abdou DIOUF et pourtant avant même son élection, il a pardonné. J’avoue que beaucoup de sénégalais sont contre vous uniquement par le sort que vous avez réservé au Président WADE et DIEU sait qu’ils ne sont d’aucun bord politique. Ils ne comprennent pas votre attitude vis-à-vis de celui qui vous a tout donné. Aujourd’hui le Président WADE aurait pu rester à Versailles pour se reposer si sa famille n’était pas attaquée, à travers son fils unique (il n’a qu’un garçon). Ses dernières déclarations résultent du fait qu’il est meurtri. Et à juste raison. Quel est le sénégalais dont le fils est en prison et qui reste deux ans sans aller le voir et qui garde le silence ? Cela n’existe pas. Quel est l’homme public sénégalais dont un membre de la famille est attaqué sans la réaction de ses proches ? Les derniers évènements sont là pour le prouver. La première dame, votre épouse a été méchamment diffamée, votre frère vient d’être accusé comme Karim WADE l’est. Et on a vu les réactions. Cela fait mal. Qui n’a pas entendu Jean Paul DIAS lorsque Barthélémy a été incarcéré ? Alors comprenez les réactions de WADE. Pendant deux ans il est resté en France, il n’a rien dit malgré l’emprisonnement de son fils. Il a été poussé à bout car deux ans durant, aucune preuve n’est encore montrée aux sénégalais sur la culpabilité de Karim WADE. Il faut en tirer les conséquences. Tous ceux qui vous poussent Monsieur le Président à continuer ce feuilleton qui oppose les familles WADE et SALL ne vous rendent pas service. Et qu’on le veuille ou non c’est à cela qu’on assiste. Ce n’est plus un problème d’opposant mais de famille. Abdoulaye WADE a eu toutes sortes de difficultés avec Abdou DIOUF et pourtant ils se sont réconciliés. Cela devrait être plus facile pour vous vu le temps que vous avez cheminé ensemble. Vous avez toujours déclaré que Wade est votre père, il vous appartient par conséquent de faire les premiers pas sans intermédiaire. Allez le voir, sans protocole et discutez avec lui. Cela ne voudra pas dire que vous allez vous allier sur quoi que ce soit. Combien de responsables du PS ou de l’APR ont des amis au niveau du PDS, de REWMI etc. Et pourtant cela ne les empêche pas de se combattre politiquement. Monsieur le Président, tout le travail que vous êtes entrain de mener est terni par ces querelles WADE – SALL. Ceux qui vous aiment vous conseilleront de mettre fin à ce combat et de rassembler les sénégalais autour d’un seul projet « le développement du Sénégal ». Les bonnes volontés, les leaders politiques, au lieu de regarder faire ou de critiquer à tout va, doivent prendre leurs bâtons de pèlerin pour un cessez le feu, dans l’intérêt des deux parties et du Sénégal. Et c’est là où l’on attend les chefs religieux, des personnalités comme le Président Abdou DIOUF. Il a pris l’option de ne pas parler du Sénégal mais il peut jouer le rôle de régulateur. Son ancien ministre et Président du Conseil Economique et Social Famara Ibrahima SAGNA savait bien jouer sa partition lorsqu’il y avait des difficultés entre WADE et lui. Monsieur le Président n’écoutez pas ces va – t- en guerre, car toute guerre se termine autour d’une table.

Respectueusement !

Un citoyen apolitique.
Atou LY
Dakar