Le président du Conseil national de transition libyen (CNT), Moustafa Abdeldjeïl, a confié dimanche à l'agence Reuters avoir fait une offre de retrait à Mouammar Kadhafi, avec la possibilité de quitter la Libye sous certaines conditions.
Le chef des rebelles, un ancien ministre de la Justice passé dans les rangs de l'insurrection, a précisé que cette proposition, restée jusqu'ici lettre morte, avait été formulée il y a environ un mois par l'intermédiaire des Nations unies.
"Comme solution pacifique, nous lui avons proposé qu'il démissionne, qu'il ordonne le retrait des troupes des casernes et des positions qu'elles occupent; après quoi, il pourrait décider de rester en Libye ou non", a expliqué à Reuters Abdeldjeïl, dans un entretien accordé à Benghazi, fief des insurgés.
"S'il souhaite rester en Libye, nous déterminerons un endroit précis et tout cela se fera sous le contrôle de la communauté internationale, de même que la surveillance de tous ses mouvements", a précisé le chef des rebelles, qui excluent, tout comme la coalition entrée en guerre le 19 mars, le maintien au pouvoir du Guide.
"Nous avons formulé cette offre par l'intermédiaire d'un représentant de l'Onu. Nous n'avons, jusqu'ici, reçu aucune réponse", a-t-il précisé, expliquant que dans l'hypothèse où Kadhafi accepterait cette proposition et décidait de rester en Libye, ce dernier pourrait vivre, sous bonne garde, dans une caserne de l'armée.
"FAIRE CESSER LE BAIN DE SANG"
Le régime de Tripoli n'a officiellement pas réagi aux déclarations du président du CNT, dans la droite ligne de la conduite adoptée par Kadhafi depuis le début du soulèvement populaire - à savoir, refuser tout compromis.
A maintes reprises, le dirigeant libyen a prévenu qu'il ne quitterait sous aucun prétexte Tripoli sans se livrer à un âpre combat.
Sa fille Aïcha a toutefois déclaré la semaine dernière que son père serait prêt à trouver un accord avec les rebelles, à condition qu'il puisse rester sur sa terre natale.
De son côté, son fils Saïf al Islam, a fait savoir que le Guide se retirerait du pouvoir si jamais tel était le souhait du peuple libyen.
Si le conflit semble se trouver actuellement dans une impasse politique et diplomatique, les rebelles libyens veulent croire que la fin du règne de Kadhafi est proche.
"Nous sommes favorables à des solutions politiques pour faire cesser le bain de sang et éviter que notre pays ne subisse d'autres dégâts (...) Mais si aucune solution n'est trouvée, nous nous concentrerons sur l'action militaire", a prévenu Abdeldjeïl.
Les dirigeants de l'Union africaine (UA) ont proposé vendredi d'organiser des pourparlers de paix immédiats entre le gouvernement et les insurgés en vue d'une trêve et d'une transition "consensuelle" vers un pouvoir démocratique.
Cette offre, présentée aux représentants de Kadhafi et des insurgés libyens qui assistaient au sommet annuel de l'UA à Malabo, capitale de la Guinée-Equatoriale, passe sous silence tout rôle futur pour le numéro un libyen.
"UN PAYS LIBRE, DÉMOCRATIQUE ET MUSULMAN"
Mais selon un document consulté par Reuters à la fin du sommet, les pays membres de l'UA n'exécuteront pas le mandat d'arrêt lancé par la CPI contre Kadhafi, ce qui préserve la possibilité d'un départ en exil du Guide dans l'un des 53 Etats de l'UA.
Interrogé sur cette initiative diplomatique, le vice-président du CNT, Abdel Hafiz Ghoga, a dit à Reuters que les rebelles rejetteraient cette offre.
"Aucune de nos exigences n'est respectée. Nous demandons seulement une chose: la démission de Kadhafi (...) Nous n'obtiendrons la liberté et la démocratie que si Kadhafi se retire", a-t-il souligné.
Prié de dire, si en cas de victoire des rebelles, il serait candidat pour diriger une "nouvelle Libye", l'actuel chef du CNT a écarté cette hypothèse.
"Non. Je n'espère pas être dans cette position. Je ne suis là que pour une période de transition (...) Le nouveau dirigeant sortira des urnes et je n'ai pas l'intention de me présenter", a-t-il expliqué.
Pour Abdeldjeïl, le prochain visage de la Libye devra être celui d'un Etat démocratique, respectueux des traditions de l'islam.
"La Libye sera un pays libre, démocratique et musulman. Il s'agira d'un pays guidé par les principes modérés de l'islam, où les assassinats de civils et le vol de leurs biens seront interdits", s'est-il pris à rêver.