Les premiers résultats de l'élection tunisienne en faveur d'Ennahda

Les premiers résultats partiels de l'élection du 23 octobre en Tunisie confirmaient mardi l'avance du mouvement islamiste Ennahda, qui devrait se retrouver en position de force dans la future assemblée constituante, neuf mois après la chute de Ben Ali.


Ennahda est arrivé en tête dans cinq circonscriptions, dont la métropole économique de Sfax, sur un total de 27, selon les premiers résultats partiels annoncés mardi par la commission électorale Isie.

Le parti islamiste obtient 15 des 39 sièges dans ces cinq circonscriptions. Avec les neuf sièges obtenus à l'étranger, Ennahda peut déjà compter sur 24 élus dans la future assemblée de 217 membres.

Dans les cinq circonscriptions où le dépouillement a été achevé, Ennahda est suivi par le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) avec 6 sièges.

La surprise est venue de la liste "Pétition pour la justice et le développement", qui obtient 5 sièges. Absente de la campagne officielle, cette liste est dirigée par Hechmi Haamdi, un riche Tunisien basé à Londres, qui a fait campagne depuis la Grande-Bretagne par le biais de sa télévision Al Mostakilla, regardée en Tunisie.

Le parti de gauche Ettakatol obtient 4 sièges, le Parti démocrate progressiste (PDP, centre) 2 sièges, tout comme l'Initiative, parti dirigé par Kamel Morjane, un ex-ministre de Ben Ali.

"Nous publierons les résultats au fur et à mesure. Les mécanismes de dépouillement demandent du temps", a déclaré le secrétaire général de l'Isie.

L'Assemblée Constituante sera chargée de rédiger une nouvelle constitution et de désigner un nouvel exécutif jusqu'aux prochaines élections générales. D'ici là le pays sera gouverné par des autorités de transition.

Pour dégager une majorité, Ennahda devra négocier avec des formations de gauche, notamment le CPR de Moncef Marzouki et Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar, partis dirigés par d'anciens opposants et qui se disputent la 2e place.

Des contacts ont été noués entre le CPR et les islamistes avant le scrutin. Accusé par ses vieux alliés de gauche de "pactiser avec le diable", Marzouki a défendu la nécessité d'une large union nationale pour former une équipe solide ayant "les moyens de gouverner".

Il a toutefois fermement démenti avoir passé une quelconque alliance avec Ennahda avant le scrutin, et indiqué que le parti et les militants décideraient d'une stratégie une fois les résultats finaux connus.

De son côté, le mouvement Ettakatol (forum) de Ben Jaafar, opposant de l'intérieur à Ben Ali qui a annoncé dès mardi soir à Bruxelles au journal Le Soir sa candidature à la présidence intérimaire du pays, alors qu'il avait annoncé dès le début de la campagne électorale qu'il ne passerait "jamais d'alliance" avec Ennahda avant le vote, mais ferait tout pour compter dans un gouvernement d'union nationale. (belga)
Mardi 25 Octobre 2011