Les politiques, le président et les joueuses : non-dits et jeux des acteurs (Ngor Dione)


En réalité, l’Afrobasket 2011 n’a fait que révéler un état de gestion jusque là inconnu par les structures et organisations sportives : il s’agit de l’Amanagement. L’Amanagement, avec un « A » privatif, que je décris comme un état de non-gestion, de non-gérance et non-administration. Un système dans lequel il n’y a pas de vision ni d’objectif partagé. Ce qui y existe, c’est des objectifs personnels et des motivations inavouées. Pour comprendre cette réalité, on ne peut passer que par l’analyse des acteurs qui la composent.

LES POLITIQUES
Je ne parle pas de l’Etat idéal et idéel à qui la Constitution du Sénégal confère la prérogative de définir la politique sportive de la nation. Mais, je parle des hommes qui, aujourd’hui, doivent traduire cette idée en action : le Chef, les Ministres, les Cadres des Ministères…
Au niveau central, existe-il réellement une politique sportive claire ? Quelle est la vision pour le basket-ball sénégalais d’ici 2020 ? Quels sont les axes stratégiques et prioritaires en matière de développement du basket-ball ? Ces questions préoccupent très peu nos politiques. Peu importe la discipline ; ce qui importe pour eux, c’est « comment inscrire le nom de son leader politique dans le palmarès de l’équipe en compétition ? » « Comment profiter et bénéficier du succès des équipes nationales et les transformer en victoire politique ou actif pour le bilan futur ? ». C’est le seul principe qui peut expliquer l’enjambement du ministère des sports pour une tractation directe avec un Président de fédération.
Au second niveau, en militant discipliné, le ministre court-circuité rumine et digère sa colère dans la discrétion. Au même titre que nous autres citoyens, il apprend l’exécution d’activités liées à son département à travers la presse. A chaque demande, c’est les limites budgétaires qui sont évoquées.
Dans les deux niveaux, les Politiques qui occupent ces stations semblent ignorer que dans système avec des plannings, programmes et budgets clairs, « le chef de l’Etat a donné » n’y a pas sa place. Il y a problème c’est cette phrase est érigée en règle directrice de la gestion, dans un système.

LE PRESIDENT
Oui ! Le Président. Si on se place dans une perspective méthodologique, il peut sembler incongru de parler d’un individu alors que l’on se prête à une analyse des structures. Toutefois, dans un système où le président se substitue et éclipse sa structure ; dans système où la communication de l’organisation se confond à la cacophonie communicationnelle du président ; dans un système où les sponsors sont ceux du président et non des équipes ; dans un système où la trésorerie se confond à la poche du président ; il est plus commode de parler du Président que de la structure. Et pourtant, Dieu sait qu’il y a de Bons managers au sein de cette structure. Pour ce cas de figure précis, un seul individu se substitue à toute une organisation. Il s’agit d’un président avec un style de management hautement paternaliste, autoritaire, dictatorial et tyrannique. Un président qui se plait à ouvrir des fronts avant et après chaque compétition. Maitre dans l’art de vouloir couvrir son échec par l’ouverture d’un conflit. Après Saer Sène, Tapha Gaye, Ousseynou Ndiaga et Diodio Diouf ; aujourd’hui, c’est Baba contre toutes les lionnes. Tout se passe comme si, son argent, telle de la moutarde forte, lui est monté à la tête et lui autorise de fait à « casser » un joueur, à « briser » un journaliste ou à traiter toute une équipe de « filles impolies». Il semble trouver en l’ouverture des conflits son seul moyen de faire croire au peuple qu’il est capable de gérer la chose qu’il a courtisé pendant plusieurs années. C’est sa seule stratégie, après les déboires, pour faire comprendre (de manière très maladroite) aux sénégalais qu’il a rempli sa mission et que la faute reviens aux autres (les joueuses, pour cette fois ci).


LES JOUEUSES
Le piège serait de vouloir les dédouaner complètement, dans cette situation. Il s’agit d’une génération singulière. Moins mature et érudite que la génération des Kancou, moins talentueuse, chevronnée et encadrée que génération des Adama Diakhaté. Il s’agit d’une génération particulière, très tôt habituée à monnayer ses paniers avec des sous. Nous parlons ici de Pro – c'est-à-dire de gens qui ont pour métier est ce que nous autres prenons pour du sport- Même si en des cas, elles nous démontrent tout leur patriotisme, il n en demeure pas moins qu’elles ne peuvent s’empêcher de faire le lien entre leurs prestations et leurs gains (maisons ou primes). Et, c’est normal. Connaissant le fonctionnement du système et particulièrement l’amnésie post-compétition qui caractérise nos dirigeants, elles ont voulu entrer dans leurs droits au moment où elles étaient en situation de force.
Il appartenait aux deux autres éléments du système ayant été cités plus hauts (les politiques et le président), en bon manager, d’éradiquer tout risque de perturbation ou de tracas, de répertorier et de prendre en charge toute contrainte et entrave potentielle. En matière de sport, parlant de contraintes et de facteurs perturbateurs, il est unanimement convenu que les primes des compétiteurs occupent une place de choix dans le tableau.


En définitive, si je parle de système depuis le début, c’est pour une raison simple : la victoire est un résultat souhaité, elle dépend de l’articulation harmonieuse des trois éléments qui composent le tout. Telle une brouette, les joueuses considérées comme la roue, il n’est possible de mouvoir l’ensemble que si les deux pieds sont soulevés. Tout problème de pied influe sur l’équilibre du tout. De la même manière, toute mauvaise action des politiques ou du président influe directement sur l’élément le plus fragile et le plus déterminant du système (car le résultat voulu est directement lié à son action) : le compétiteur.
Jeudi 6 Octobre 2011
ngor Dione