Les bonnes raisons de craindre une fraude électronique (Par Cheikh Yérim Seck)


DAKARACTU.COM  La prochaine élection présidentielle est cruciale. Tout le monde se souvient des certitudes de second tour en 2007 qui avaient été balayées par une victoire des libéraux qui leur laissa d’ailleurs la gueule de bois au point de n’avoir point fêté la bérézina de l’opposition. Ils attribuèrent d’ailleurs cette victoire au vote de djinns, histoire de faire rire jaune. Les djinns avaient bon dos et, cette année, le spectre d’un nouveau vote surnaturel se précise, tout en poussant les sceptiques à se méfier et à observer jusqu’à la paranoïa tous les actes posés qui concernent de près ou de loin le processus électoral. Le fichier est-il piégé ? Le crime peut-il être parfait ? Questions. Le point faible de l’audit du fichier électoral est qu’il est impossible d’évaluer la fiabilité de l’état-civil au Sénégal. En 2006 et en 2011, de nombreuses audiences foraines ont eu lieu, délivrant à tout-va des extraits de naissance qui sont à la base de la constitution du nouveau fichier. Sans un état-civil fiable, on ne peut valablement parler de fichier électoral crédible. On se rend compte qu’en milieu rural de nombreux électeurs inscrits n’ont pas 18 ans. Pourquoi le ministère de la Justice ne fait-il pas le point des audiences foraines depuis 2006, en y intégrant les trois précédentes années ? L’effectif actuel du fichier, corrélé à la population sénégalaise, montre l’impact de l’imprécision de l’état-civil surtout en milieu rural. Ces électeurs n’ont souvent pas 18 ans malgré des cartes d’identité et d’électeur conformes. Quelles ont été les modalités d’organisation de ces audiences foraines ? Nul ne sait.
En plus, il convient de se poser des questions sur les trois sociétés qui, depuis 2006, organisent la confection des cartes numérisées d’identité et d’électeur. De Larue l’anglaise, Eastshort l’américaine et Synapsis la sénégalaise contrôlent le marché et on ne sait pas qui est derrière, ni ne maîtrise l’intelligence de tout le système de fabrication. Un autre aspect essentiel de la surveillance du vote est  de veiller sur la nomination des membres des bureaux de vote. Le Code électoral prévoit que ce soient des fonctionnaires, mais dans certaines contrées ce sont de simples citoyens qui opèrent, sans que l’on soit certain qu’ils savent lire, écrire et compter. Un autre cas de surveillance en amont sera de veiller aux éditeurs de bulletins de vote et aux divers attributaires des marchés. Le cordon n’est pas rompu avec le ministère de l’Intérieur malgré la création du ministère des Elections. La veille devrait être permanente, pour que nous ne nous réveillions pas encore une fois avec une gueule de bois, et des djinns goguenards. 
Vendredi 6 Janvier 2012
Cheikh Yerim Seck