DAKARACTU.COM Dans cet air de campagne électorale qui commence à flotter sur le pays, entre déclarations multiples de candidature, nouvelles émissions de radio et de télé, affiches géantes et autres ralliements plus ou moins spectaculaires, un constat global s’impose, c’est le relatif silence d’Idrissa Seck, qu’on a connu ces temps derniers plus offensif, notamment sur la validité de la candidature de Wade où il a été constant. Au point d’avoir déclenché une guerre des affiches avec le ministère de l’Intérieur qui avait fait enlever les siennes en peine nuit. Depuis la convention de ses cadres et son meeting d’investiture le 4 janvier, Idrissa Seck demeure calme. Il laisse pour le moment l’espace médiatique à d’autres et se tient peut-être en retrait tactique, ayant toujours été avare en paroles politiquement improductives. Idrissa Seck est bien calme, et il n’est pas le seul. Sa directrice de campagne l’est tout autant. Cette jeune femme, tout droit sortie de la sphère feutrée de l’entreprenariat privé, de la haute finance, et de la haute administration aux Etats-Unis, et subitement jetée dans le marigot politique sénégalais infesté de durs et rudes crocodiles, garde entier son mystère. Et pour cause… Elle ne parle pas. D’ailleurs, elle a une sérieuse tendance à toujours différer les sorties médiatiques prévues depuis novembre 2011. C’est le mystère total. Le cultive-t-elle ? Pas d’interviews à la télévision, ni à la radio, ni dans la presse quotidienne, et lorsqu’on l’interroge sur les raisons de ce silence, elle botte en touche et répond invariablement qu’elle n’est pas venue au Sénégal pour parler, mais pour animer une équipe destinée à faire gagner le candidat Idrissa Seck à la prochaine élection présidentielle. Si elle ne parle pas, Léna Sène travaille sur un certain nombre de dossiers et de chantiers qu’elle appelle des projets. Il en a été ainsi de l’investiture d’Idrissa Seck le 4 janvier au Stade Amadou Barry de Guédiawaye qu’elle a supervisée de bout en bout, comme de l’installation de la cellule des cadres de Rewmi dans les 45 départements du pays. Léna Sène a donc des journées très chargées, qu’elle débute en arrivant toujours la première au Q.G. de campagne du parti et qu’elle termine en le quittant la dernière tard le soir. Pensez-vous qu’elle se repose arrivée à son appartement de Fann Résidence ? Elle continue à pianoter sur le clavier de son ordinateur, sur lequel elle garde constamment les yeux rivés. Arrivée par surprise dans le staff de Idrissa Seck, tombée dans ce cercle comme un cheveu dans la soupe, comme directrice de campagne, Léna Sène a réussi la prouesse d’imposer sa méthode de travail à l’ensemble du directoire, et surtout à instituer le principe de concertation pour trancher certaines questions délicates, ce qui a eu pour conséquence heureuse de rassurer certains caciques de Rewmi (Omar Guèye, Oumar Sarr, Pape Diouf…) sur le fait qu’elle n’était venue prendre la place de personne. A ce sujet d’ailleurs, elle martèle invariablement que son contrat court jusqu’à l’élection d’Idrissa Seck. Une fois que c’est fait, elle assure qu’elle reprend ses bagages et retourne aux Etats-Unis. Elle martèle qu’elle n’a aucune ambition de faire une carrière politique, et qu’elle a un métier qui la passionne et dans lequel elle m’épanouit. Le virus de la politique étant sournois et si, en cas de victoire, il lui était proposé une station de décision stratégique de l’Etat ? Elle répond que ce n’est pas encore à l’ordre du jour, quand il arrive que son interlocuteur insiste. Pour l’heure, elle se donne à fond pour faire gagner la coalition « Idy4Président », et dépense sans compter son temps, son énergie, mais aussi son propre argent pour arrondir parfois certains budgets trop tendus. Son style de travail, qui tranche d’avec la tradition orale des Sénégalais, intrigue de plus en plus de monde, et fait s’interroger sur ce qu’elle vaudrait de plus que sa beauté. Sa réponse est récurrente et surtout limpide. Elle ne cherche pas à faire sensation pour n’être pas candidate. Son objectif déclaré est de travailler efficacement, sans tambour ni trompette, pour arriver au résultat qu’elle cherche à atteindre. En tous les cas, Idrissa Seck semble satisfait de son travail, qui a lancé à l’occasion d’une émission de télévision : « Il y a beaucoup de gens qui me disent qu’ils vont voter pour moi à cause de Léna, c’est au moins ça ». Ovni politique source d’une intense curiosité, Léna Sène sera bientôt obligée de se dévoiler et d’aller au feu. Avec tous les risques de se brûler. Comme à son candidat, on ne lui fera guère de cadeau. La politique n’est pas un univers glamour.
Léna Sène est-elle à la hauteur de sa tâche ?
Vendredi 20 Janvier 2012
Dakaractu admin