Dans un discours qui a secoué l’opinion publique ce samedi, Cheikh Abdou Mbacké Dolly, a exprimé son désaccord total avec Ousmane Sonko et le parti Pastef, malgré son soutien passé au régime de Diomaye.
Cheikh Bara Dolly a expliqué les raisons profondes de sa rupture du fait de positions qu’il juge inacceptables et de l’incompétence des tenants du pouvoir qui selon lui, nuisent au pays.
La première raison de son désaccord concerne une déclaration de Cheikh Omar Diagne, ministre conseiller à la présidence, qui a récemment suggéré que les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie Mouride, devaient être "revus et réécrits". Cette prise de position a profondément choqué Cheikh Abdou Mbacké Dolly, qui a qualifié de "blasphématoire" l’idée de remettre en question l’héritage du guide spirituel. "Ce n’est pas acceptable. Cheikh Omar a dit que les écrits de notre guide doivent être révisés, comme s’il pouvait se tromper", a-t-il déclaré. Pour lui, la décision appropriée du gouvernement aurait dû être de révoquer Cheikh Omar Diagne.
Cheikh Bara Dolly Mbacké n’a pas épargné non plus le ministre de l'Eau et de l'Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye. Après les récentes inondations dévastatrices au Sénégal, ce dernier a minimisé l’ampleur des dégâts en imputant la responsabilité aux régimes précédents. Cheikh Abdou Mbacké Dolly a vivement réagi : "Avec ses trois morts, c’est tout ce qu’il a à dire ? Que c’est la faute de Macky Sall ?" Cette réponse dénote, selon lui, une fuite des responsabilités et une absence de leadership face aux défis majeurs du pays.
Touba, ville sainte et centre spirituel du Sénégal, traverse une période difficile selon Cheikh Abdou Mbacké Dolly. Le manque de soutien pour la jeunesse, l’inefficacité des services publics, et des infrastructures dégradées, notamment la mauvaise qualité de l’eau, sont des préoccupations qu'il a soulevées avec force. "Les femmes ne sont même pas fiancées, les jeunes sont au chômage, et l’État ne fait rien", a-t-il martelé. Il a aussi comparé la situation de Touba avec celle de Ziguinchor, où l’État a alloué 54 milliards de francs CFA pour résoudre une crise locale dans une ville de moins de 200 000 habitants. "Pourquoi ne pas faire de même pour la ville sainte ?"
Malgré des soutiens passés, Cheikh Abdou Mbacké Dolly a exprimé son profond désenchantement vis-à-vis du parti Pastef, qu’il accuse d’incompétence. Selon lui, l’ambition de Sonko et de ses alliés à gouverner est compromise par un manque flagrant de préparation et d’efficacité. Ce constat le pousse à se distancer du mouvement et à avertir le leader de Pastef sur les conditions de son soutien futur.
Malgré sa rupture avec Pastef, Cheikh Abdou Mbacké Dolly n'a pas fermé la porte à un éventuel rapprochement avec Ousmane Sonko. Toutefois, il lui a posé des conditions strictes : "Si Sonko destitue Cheikh Omar Diagne, je serai dans sa vision. Si Pastef remporte la majorité à l’Assemblée nationale, il devra abroger la loi d’amnistie, criminaliser l’homosexualité, et rétablir une législation contre l’offense aux chefs religieux." Pour Mbacké, la politique doit être plus que des promesses, elle doit répondre aux attentes profondes des citoyens, notamment en matière de respect des valeurs religieuses et sociales du pays.
En somme, Cheikh Abdou Mbacké Dolly a tracé une ligne de rupture nette avec Pastef, tout en envoyant un message fort à Sonko et à ses partisans : il ne saurait y avoir de soutien sans réformes fondamentales. Les législatives de 2024 s’annoncent donc comme un terrain de confrontation où les enjeux de gouvernance, de valeurs et de responsabilité seront au cœur du débat. L’avenir politique du Sénégal pourrait bien se jouer sur cette ligne de fracture, où l’équilibre entre le respect des traditions et les exigences de modernité semble plus que jamais incertain.