DAKARACTU.COM Les services de renseignement ont multiplié notes et fiches alertant le chef de l’Etat, Abdoulaye Wade, que ce mouvement constitue la plus grave menace à son pouvoir. Miroir de la jeunesse sénégalaise d’aujourd’hui en perte d’espoir, « Y en a marre » cristallise les frustrations mais aussi le besoin de changement de la frange la plus importante de la population sénégalaise. Son slogan « Daass fanaanal », qui appelle tous les jeunes à s’armer de leur carte d’électeur en vue de l’échéance électorale de février 2012, donne des sueurs froides au régime. Thiaat, Kilifeu, Fou Malade et Simon n’ont pas qu’un message politique à délivrer. Rappeurs connus, ils exercent une influence sur la jeunesse. Voila pourquoi le régime a, dans un premier temps, tenté de les contrecarrer sur leur propre terrain en recrutant ses rappeurs à lui (dont le renommé Fata) pour leur porter la contradiction. Mais ces derniers n’ont pu se faire entendre face à la déferlante de la jeunesse frondeuse. En désespoir de cause, Wade s’est rabattu sur les marchands ambulants qui ont formé « Y en a envie », une dénomination qui a plus fait rire que toute autre chose.
Devant l’impossibilité de lui opposer une résistance sur le terrain, le pouvoir a tenté d’approcher « Y en a marre », de l’amadouer, de le séduire, de le phagocyter… Tous s’y sont mis d’abord pour faire des propositions financières, puis pour tenter de diviser les animateurs du mouvement, enfin pour chercher à les rencontrer afin d’arrondir les angles… La ministre Ngoné Ndoye, le porte-parole du chef de l’Etat Serigne Mbacké Ndiaye, la fille du président Syndjély Wade et bien d’autres ont pris contact avec eux et demandé à les rencontrer. Réponse invariable : « ‘’Y en a marre’’ a décidé de ne jamais rencontrer des hommes politiques. » Tirant leçon de l’expérience de beaucoup de groupes qui ont été détruits au contact avec les hommes politiques, les animateurs du mouvement veulent s’éloigner de ces derniers pour qu’ils ne leur volent pas leur âme.
La dernière trouvaille du régime consiste à former partout au Sénégal des « comités de défense de la démocratie et des institutions » avec pour consigne principale de tenter de neutraliser les démembrements de « Y en a marre » sur toute l’étendue du pays. Mais aussi de créer des milliers de cybermilitants appelés à contrecarrer les techniques de lutte de ce mouvement via des sms, des téléphones mobiles, des réseaux sociaux…
« Y en a marre » n’en a décidément pas fini de troubler le sommeil d’Abdoulaye Wade.