Le Wade que j’aime… (Par Cheikh Yérim Seck)


DAKARACTU.COM  A la veille de la Tabaski, le chef de l’Etat lançait un appel à l’unité nationale à ses adversaires politiques, revêtant ainsi des habits de président au-dessus de la mêlée. Ces derniers ont certes refusé la main tendue, mais l’exercice vaut d’être approuvé, tant notre pays manque de cohésion. Ce sont des gestes comme celui-ci que nous attendons d’Abdoulaye Wade, lui qui avait tant incarné le personnage du rassemblement à l’orée des années de braise qu’a vécues le Sénégal, accompagné justement de tous ceux qui aujourd’hui composent le socle de son opposition. Pourquoi celui qui est arrivé au sommet de l’Etat, la tête remplie de rêves pour notre pays, qui aurait pu devenir notre Nelson Mandela, s’obstine-t-il à vouloir sortir comme n’importe quel Mobutu venu ? Nombreux sont ceux qui veulent sauver le soldat Wade, convaincus qu’il ne peut pas être à l’antinomie de celui qui a fait rêver tant de Sénégalais.  
Il y a 11 années de cela, le président Wade arrivait au pouvoir, chargé des espoirs de millions de Sénégalais qui avaient subi 40 ans durant les affres de la gestion socialiste particulièrement sourde à leurs désirs. Le 3 avril 2000, des centaines de milliers de nos compatriotes, chavirés de bonheur, assistaient à sa prestation de serment. A cet instant, si on avait demandé à tous ceux qui étaient présents de payer un ticket d’entrée, le stade n’en aurait pas été moins rempli. Dix années après, lors de l’anniversaire de l’Alternance, ils ne sont arrivés à mettre dans le même stade que 3.000 personnes… payées. Que s’est-il passé entre ces deux dates malgré tout ce que le président Wade a quand même réalisé ? Wade a fait passer nos villes comme Dakar dans une station de mégalopole, avec ses échangeurs et autres évolutions sociales comme l’accès généralisé à l’eau potable. Il a quand même proposé des grandes idées pour le développement de notre continent, comme la Grande muraille verte, qui est une réelle vision pour les problèmes que nous devons résoudre sur le plan de l’environnement. Ce Wade-là est celui qui fait avancer les débats. Wade, nul ne le contestera, a été un fervent panafricaniste, mais aussi a toujours su hausser le niveau de considération qu’ont souvent à notre égard certaines puissances occidentales. Il a remis à plat la coopération qui n’était que sénégalo-française, pour la projeter sur le plan international, au grand dam des parrains d’une certaine Françafrique. Le Wade que nos aimons est celui qui travaille à un Sénégal vraiment émergent, et qui  sait défendre ses dossiers avec pugnacité, au point d’être parfois combattu par ces tenants d’une Afrique qui n’existe plus depuis les indépendances. Wade aurait pu de ce point de vue être aussi prégnant que Nkrumah, et il est loisible de constater, et c’est sa limite, que la volonté est là mais que le temps lui manque, si ce n’est la force.
Le Wade qui nous plaît, c’est cet homme qui va encore au combat, même dans l’actuelle adversité politique qui semble être la sienne. Le Wade qui nous plaît c’est celui qui a tous les jours cette capacité de joueur d’échecs en politique de toujours avoir un coup d’avance sur ses adversaires. Il est indéniable que c’est un personnage de combat et de luttes âpres. Il nous donne l’exemple, qu’on l’aime ou pas, d’un homme qui n’abandonne pas son navire à la première bourrasque. Cet homme est sans doute devenu un personnage romanesque, et il laissera, c’est sûr, un vide lorsqu’il se sera retiré de la vie politique. Le Wade qui nous plaît est celui qui saura nous transmettre son appétit de vivre, et sa capacité d’entêtement pour atteindre ses objectifs. On peut parfois en subir des conséquences, mais il faudra lui reconnaître ce sens de chef de guerre, et des guerres de toutes sortes le Sénégal aura à en mener et des très dures.
Ce Wade que j’aime a rempli sa mission historique. Déjà dans l’histoire, il entrera dans la légende s’il réussit sa sortie dont l’heure a sonné. 
Jeudi 17 Novembre 2011