DAKARACTU.COM Nous sommes tous allés ce weekend à nos affaires, en scrutant le ciel de cette élection rempli de lourds nuages sombres qui menaçaient de déverser sur ce pays ses trombes de malheurs. Deux jours plus tard, c’est une embellie que l’on vit quel que soit d’ailleurs le camp d’où l’on regarde l’arc-en-ciel consécutif à cette tempête électorale. Nous sommes satisfaits de notre victoire contre tous les Cassandres qui avaient prédit une catastrophe sans nom sur notre Sénégal, en en faisant le frère jumeau de la Côte d’Ivoire de si récente et triste mémoire. Rien de tout cela. Nous pensions, animés par des boutefeux des deux camps, que nous étions forcément réduits à un affrontement sanglant. Les médias occidentaux sont d’ailleurs venus la bave aux lèvres, attirés par une odeur de sang qui leur aurait fait vendre combien de magazines colorisés en plus sur nos horreurs bien africaines et quasi rwandaises. Le Sénégalais, lui, restait zen, affûtant sa carte d’électeur, rompu qu’il est à des dizaines d’années de votes démocratiques. Il attendait le terme de sa sollicitation à aller exécuter son devoir. Il l’a fait sans état d’âme. On s’est perdu en conjectures sur la durée d’un mandat, sur son nombre constitutionnel. On a fait venir les plus grands spécialistes du monde entier pour disserter dessus, sans réponse satisfaisante. Lui, en deux coups de cartes et un d’isoloir, a répondu que les mandats de notre président dépendaient de sa volonté souveraine et qu’il n’y avait point besoin d’aller mettre le feu Place de l’Indépendance pour faire comprendre cela. Silencieusement. Il fallait voir la ville ce lundi matin, vide, calme, tranquille, comme un dimanche matin. Les Sénégalais vaquaient à leurs occupations comme s’ils n’avaient rien fait ni dit d’historique. Et pourtant !!! Ils ont ce génie à toujours rebondir là où on ne les attend pas. Qui peut dire aujourd’hui qu’un « ndiguel » a une importance et une influence sur les capacités de jugement des Sénégalais ? Nous étions nombreux à le croire. Nous avons des ressources insoupçonnées de remobilisation des consciences. Et un message fort a été envoyé à qui devra nécessairement l’entendre : il ne sera plus possible de faire n’importe quoi dans ce pays. Le Sénégalais a envoyé un signal clair et dit qu’il avait atteint ses capacités de régression. Et cela sans crier gare ! Ni « y’en a marre » !!!. Simplement avec le regard et les yeux de l’histoire… Une histoire somme toute faite d’une succession d’élégances. Ce pays qui pointe son nez dans l’océan Atlantique ne cessera jamais de nous étonner.
Le Sénégal, ce pays qui nous étonnera toujours (le commentaire du jour de Cheikh Yérim Seck).
Mardi 28 Février 2012