L’étude de la jeunesse du Sénégal par rapport à son rôle dans le développement de ce pays est un choix personnel. Certains lecteurs trouveront peut-être mes analyses erronées et trop osées. Le propre de la démarche scientifique est de soulever un débat et non d’imposer des dogmes.
Il s’agit ici d’une volonté de m’exprimer sur cette question parce qu’à mi-parcours de mon existence, j’ai déjà franchi une étape qui mobilise aujourd’hui une capacité d’observation projetant une dimension rétrospective et à même de permettre de faire un bilan personnel sur ce sujet. Le débat est ouvert ! C’est une tribune démocratique où j’attends des analyses constructives dans le seul intérêt de l’évolution du sujet abordé ici. Ne me jugez pas opportuniste. Les questions que l’on peut se poser à propos de cette jeunesse : est-ce que le jeune sénégalais se distingue-t-il dans la société de son pays ? A-t-il un comportement responsable qui pourrait faire de lui un acteur important pour l’avenir de son pays ? Ou alors, est-il caractérisé par un obscurantisme sycophante ?
Des générations et classes sociales au Sénégal
Dans le cas du Sénégal, la pertinence autour de la notion des classes sociales peut être cernée selon deux approches : la première est celle d’être docteur en médecine, en géographie, en économie, en sociologie, etc. qui vous identifie à la partie supérieure des « catégories socioprofessionnelles » et la seconde qui relève du quotidien démontre souvent que certains de ces cadres ont un niveau de vie équivalent à celui des catégories les plus basses supposées être les plus pauvres. Ainsi, les notions d’opulence, de prospérité ou de misère se conjuguent étroitement avec la place et l’onction que le système en place vous confère.
De 1960 jusqu’à nos jours, le Sénégal est influencé par deux générations. Toutes les deux générations sont concernées plus ou moins par la gestion opaque du pays à savoir le pillage des richesses par des groupes de familles ne pouvant justifier l’origine ancestrale de nombreux biens matériels et financiers. En 1960, aucune famille Sénégalaise ne possédait 20 million FCFA . De nos jours des centaines de Sénégalais sont milliardaires revêtus du sautillement de l’impunité face aux détournements des pécules publics.
Le Sénégal est également miné par plusieurs classes sociales qui se regardent en céramique. Le sommet de l’Etat vit au rythme de la préparation de la nuit des « long couteaux » dans la perspective d’un départ prématuré du chef de l’Etat en poste depuis 2000 et de son cercle actuel. Les jeunes loups de ce système politique prennent une part active dans cette optique de prise de pouvoir par la force ou en douce. Le pays vit donc en perpétuel danger et peut basculer d’un jour à un autre dans une violence surprenante ou une paix éphémère. Du coup le chef de l’Etat ne représente pas le danger de l’avenir du Sénégal. Contrairement à la nomenklatura qui l’entoure dont une bonne partie est composée de jeunes obsédés en amont par deux choses principales - la prise du pouvoir et l’argent. Arrivés au pouvoir ces jeunes ne pensent qu’à piller ou encore « à rattraper le temps perdu sur les bancs publics. » Les indiscrétions sorties du palais décrient en force deux choses les concernant : la première est leur incapacité d’initiative alors qu’ils étaient attendus comme force de propositions face à l’obsolescence de la machine cacique. Il n’en a rien résulté. La seconde est la rapidité avec laquelle se sont construites leurs grosses fortunes entre 2000 et 2010 ; certains disent que l’étendue de leur pillage est même supérieure à celui des hiérarques qui ont exercé de 1960 à 2000 dans la sphère de l’Etat. Nous sommes face à une république qui a bradé les valeurs de l’Etat. La République semble se conformer à un danger que ces acteurs principaux ont construit pendant quarante ans mettant ainsi en péril une jeunesse sénégalaise sans repère positif, sans projet et qui se rue sur toutes les facilités comme un charognard. Il ne s’agit pas de toute la jeunesse sénégalaise, car il existe une autre catégorie méritante et en très petit nombre qui n’a aucune force « sur laquelle s’appuyer » si ce n’est celle du mérite.
Une jeunesse en asthénie.
Le jeune sénégalais illettré ou lettré est aspiré par l’idée de réussite tous azimuts à l’instar d’avoir un poste politique qui est un tremplin vers des jours meilleurs. Son raisonnement reste figé dans l’ensemble par l’idée de réussite par toutes les voies nécessaires, être par exemple un homme politique. Des aînés leur ont inculqué l’idée selon laquelle politicien est un métier plus valorisant que d’autres métiers comme forgeron, enseignant des lycées, des collèges et des universités, médecin, infirmier, journaliste ou plombier... La politique a pris le dessus sur toutes les valeurs sociétales du pays. Le diplôme n’a aucune valeur sociale ou scientifique. La formation du jeune se fait au rabais et sans véritable projet d’avenir. Pour le jeune docteur en médecine, sciences humaines, sciences juridiques et économiques, son diplôme n’est qu’un critère d’identification élitiste. Après six ans d’études, le jeune docteur est obsédé par deux choses : s’intégrer dans un corps de recherche et/ou avoir un poste d’enseignant dans une université afin d’influencer et de faire du chantage insoutenable auprès d’un « grand-frère » premier ministre, ministre, directeur général d’une société. Voici le tremplin dont je parle ci-dessus. Ses objectifs sont atteints par des méthodes pernicieuses à l’instar du fétichisme, les loges et d’autres... templiers du vendredi qui emplissent les capitales régionales du pays. Ces confréries participent pleinement à la déperdition de la jeunesse Sénégalaise. L’origine maçonnique au sens occidental et oriental n’existe plus. Il s’agit maintenant de faire croire à longueur de journées, que pour devenir riche et un « grand homme politique » ces loges confrériques heu !… pardon maçonnique sont des voies incontournables.
Ces vendeurs d’illusions s’exhibant avec grosses voitures et turbans ne sont en réalité que des coquilles vides sur le plan intellectuel et scientifique. Ce sont essentiellement des parvenues et des prostitués de la République qui ne cessent de polluer la société Sénégalaise Quand sera-t-il temps de faire comprendre aux jeunes qu’une loge maçonnique au sens occidental et oriental n’est pas un jeu ; c’est toute une culture ? Où sont passées nos puissances ancestrales, nos propres traditions telles « le Penthie », « le Xamb », « le Fédé », L’abandon de nos villages n’est-il pas le leitmotiv de cette déperdition culturelle ? Un « baol baol » par exemple, peut-il aspirer ou espérer un pouvoir sans appartenir à une dépendance confrérique ? A la fin des années 1970 et le début des années 1980 la mode au sein du pouvoir était de s’approprier nos valeurs culturelles par exemple toutes les élites qui gravitaient autour du chef de l’Etat pour s’attirer ses bonnes grâces n’hésitaient pas à s’initier aux valeurs de la tradition.
Le jeune sénégalais doit comprendre que pour avoir une vie bien remplie ce n’est pas difficile ! Il faut exiger des pouvoirs publics une bonne politique sanitaire, immobilière, scolaire et des infrastructures (routières, portuaires et ferroviaires). Il faut faire comprendre aux hommes politiques sénégalais que c’est l’Etat qui construit des logements et non le fonctionnaire. Le salaire du fonctionnaire sert normalement à payer mensuellement son loyer offert par les pouvoirs publics, à subvenir aux besoins quotidiens, à s’acheter un véhicule, investir ou encore une maison auprès des agences immobilières grâce à la mise en place d’une bonne politique des crédits auprès des banques. Comment faire comprendre au système en place que le meilleur développement est celui de l’abandon de la conception inégalitaire de la distribution des revenus ? Il n’est de secret pour personne que 0,2% de la population active encaisse les salaires les plus élevés. Un salarié sénégalais payé au SMIC gagne 180 fois moins qu’un simple ministre sénégalais. Sans ces choses aussi simples, le jeune sénégalais vivra toujours dans des rêves schizophrènes.
Une jeunesse sénégalaise ignorante de ses devoirs et ses droits.
Les mentalités actuelles rétrogrades qui polluent la jeunesse sénégalaise sont un vrai danger pour l’avenir du pays. On ne peut pas parler de relève saine avec de tels comportements. Tant que les ministres et autres hauts cadres de la République qui assurent la gestion de l’Etat ne montreront pas de bons exemples aux jeunes, le pays se dirigera tout droit vers un avenir incertain. Travailler dans un cabinet présidentiel ou ministériel n’est pas une fin en soi. « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées » ; le jeune sénégalais doit comprendre que « la chose la plus importante à toute la vie est le choix du métier : le hasard en dispose » (Florian, Fables) et « qui a métier a rente. Il n’est de si petit métier qui ne nourrisse son maître. Bon est le métier dont on peut vivre. Il n’y a point de sots métiers, il n’y a que de sottes gens. Chaque métier a son fonds d’or. Tout homme qui ne donne pas un métier à ses enfants, les prépare à une mauvaise vie » (Pascal, Pensées).
Le jeune sénégalais ignore ses droits et devoirs offerts par la nation. En effet, accepter d’exercer une activité de professeur des lycées et collèges ou d’enseignant et chercheur dans une université ou un institut de recherche pendant un ou deux ans sans moindre salaire est une ignorance manifeste. Les jeunes sortants des écoles doivent savoir qu’ils ont des institutions judiciaires telles que la Cour administrative et les tribunaux qui sont là pour les défendre. Il faut avoir le courage d’aller y porter plainte. Honte à l’Etat qui agit à leur égard comme un Etat voyou en les faisant travailler sans revenus. Au regard de nombreuses aides dont bénéficient le Sénégal et sa population insignifiante, ce pays n’a pas besoin de telles injustices sociales. On peut réussir sa vie sans être frater. Il faut condamner avec toute l’énergie nécessaire l’exhibitionnisme confrérique ainsi que la prostitution intellectuelle et charnelle qui pollue la jeunesse sénégalaise. La richesse culturelle et traditionnelle de nos villages existe et elle a besoin du soutien des jeunes qui doivent rester digne et intègre.
Au combat contre l’égocentrisme des vendeurs d’illusion !
Réussir au XXIème siècle ne nécessite pas une initiation aux loges confrériques. Il faut combattre la politique actuelle de recrutement. Il n’est pas normal pour un pays comme le Sénégal de laisser le Ministère de la fonction publique avec autant de pouvoirs. Les concours de recrutement actuels sont de véritables tricheries intellectuelles et scientifiques. Ce ne sont pas des meilleurs jeunes diplômés qui y accèdent. J’ai un ami qui a eu le privilège et la naïveté de passer en 2002-2003 le concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration du Sénégal. Son constat a été acerbe. Pendant son passage des épreuves écrites il a vu des compatriotes, des jeunes filles pour la majorité rendre des copies vierges et elles ont été déclarées admissibles et admises à l’issue des épreuves orales. Beaucoup d’entre elles travaillent et occupent de fonctions importantes dans des régies financières du pays à l’instar du ministère des finances, des trésors publics et la douane sénégalaise. Elles sont devenues des agents inéluctables dans l’obtention par exemple d’un poste budgétaire. Le jeune douanier français ou américain se distingue du douanier sénégalais par sa réussite saine. Le jeune douanier sénégalais après trois mois de travail, il raisonne déjà en termes de million et de luxe prolixe.
Une éducation des jeunes filles et étudiantes dans les canapés.
L’éducation des jeunes Sénégalaises et sénégalais devient un lieu de la bêtise professorale. De nombreux jeunes sortants des universités et des grandes écoles choisissent de nos jours le métier d’éducateur ou tout simplement d’enseignant comme une zone sécuritaire avec une immoralité accrue qui consacre cette politique éducative du canapé. Lycées, collèges, universités et grandes écoles du pays sont devenus des tribunes où se tiennent au mépris de la loi les exhibitions physiques, le chantage et le harcèlement sexuels. Ces aspects ont été formalisés comme étant les premiers niveaux d’une évolution scolaire où la réussite aux examens est soumise aux fourches caudines d’un système éducatif gagné par une asthénie générale. Certains enseignants sénégalais exerçant dans des collèges et lycées sont fiers d’avoir comme petites copines, leurs propres élèves des classes de cours moyens (CM), de 6ème, 5ème, 4ème en âge de mineur. Que font l’Etat et les parents de ces mineurs ? Rien du tout. Je sais de quoi je parle. Je mets au défi l’enseignant qui viendra démentir mes propos. En effet, ces jeunes filles sont livrées à ces « criminels » sexuels qui polluent à 85% l’éducation nationale. Là encore, la République de l’impunité n’est pas au courant de ces abus. Le ministre actuel de l’Education et de l’enseignement supérieur, universitaire de notoriété n’a aucune solution pour éradiquer cette bêtise colossale éducative et abyssale. Toutes ces pratiques qui ont gangrené le système éducatif du pays sont apparues avec les recrutements massifs d’enseignants aux références et aux aptitudes pédagogiques incertaines et sur lesquelles l’Etat a très souvent fermé les yeux.
Conclusion.
In fine, le jeune Sénégalais vit dans une dyslexie politique et culturelle. De nos jours, le jeune qui refuse d’intégrer une loge confrérique, ne peut aspirer à une réussite sociale. La politique et les loges ont pris le dessus sur toutes nos valeurs traditionnelles. La devise devenue courante au sein de cette jeunesse est « vaut mieux mourir à l’âge de 50 ans riche que mourir à 90 ans et pauvre ».
Au Sénégal, la notion des classes sociales a une forme d’interprétation spontanée. Les hommes politiques sénégalais de tout bord c’est-à-dire opposition et pouvoir sont la première caution de cette perdition. Une partie des intellectuels qui essaie de résister à la terrible machine d’enrôlement, est confinée au dernier rang de la société.
L’éducation des jeunes sénégalaises est menacée par une frange d’enseignants spécialisée dans la politique éducative des canapés. La jeunesse sénégalaise manque de repère positif et elle a besoin comme toute la société d’une éducation politique.
A mon avis la jeunesse sénégalaise face à son devenir, reste permissive sur tous les fronts à partir desquels son changement devrait se construire. Son immaturité s’observe essentiellement au premier poste de la question citoyenne. Elle est déjà happée par le pouvoir ; en persistant, elle sera prise par le pouvoir. N’en déplaise à ceux qui me contrediront, ils doivent savoir comme l’a dit Pierre BIRNBAUM un éminent professeur français de la sociologie politique : « Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde et les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques. »
NIANG Bassirou,
Docteur en Sciences économiques et de gestion Université Gaston berger de Saint Louis
DEA, Sciences des Organisations et des Institutions, Université Montpellier3
DESS, Management des affaires, Université Montpellier1
bibassniang30@hotmail.com
Il s’agit ici d’une volonté de m’exprimer sur cette question parce qu’à mi-parcours de mon existence, j’ai déjà franchi une étape qui mobilise aujourd’hui une capacité d’observation projetant une dimension rétrospective et à même de permettre de faire un bilan personnel sur ce sujet. Le débat est ouvert ! C’est une tribune démocratique où j’attends des analyses constructives dans le seul intérêt de l’évolution du sujet abordé ici. Ne me jugez pas opportuniste. Les questions que l’on peut se poser à propos de cette jeunesse : est-ce que le jeune sénégalais se distingue-t-il dans la société de son pays ? A-t-il un comportement responsable qui pourrait faire de lui un acteur important pour l’avenir de son pays ? Ou alors, est-il caractérisé par un obscurantisme sycophante ?
Des générations et classes sociales au Sénégal
Dans le cas du Sénégal, la pertinence autour de la notion des classes sociales peut être cernée selon deux approches : la première est celle d’être docteur en médecine, en géographie, en économie, en sociologie, etc. qui vous identifie à la partie supérieure des « catégories socioprofessionnelles » et la seconde qui relève du quotidien démontre souvent que certains de ces cadres ont un niveau de vie équivalent à celui des catégories les plus basses supposées être les plus pauvres. Ainsi, les notions d’opulence, de prospérité ou de misère se conjuguent étroitement avec la place et l’onction que le système en place vous confère.
De 1960 jusqu’à nos jours, le Sénégal est influencé par deux générations. Toutes les deux générations sont concernées plus ou moins par la gestion opaque du pays à savoir le pillage des richesses par des groupes de familles ne pouvant justifier l’origine ancestrale de nombreux biens matériels et financiers. En 1960, aucune famille Sénégalaise ne possédait 20 million FCFA . De nos jours des centaines de Sénégalais sont milliardaires revêtus du sautillement de l’impunité face aux détournements des pécules publics.
Le Sénégal est également miné par plusieurs classes sociales qui se regardent en céramique. Le sommet de l’Etat vit au rythme de la préparation de la nuit des « long couteaux » dans la perspective d’un départ prématuré du chef de l’Etat en poste depuis 2000 et de son cercle actuel. Les jeunes loups de ce système politique prennent une part active dans cette optique de prise de pouvoir par la force ou en douce. Le pays vit donc en perpétuel danger et peut basculer d’un jour à un autre dans une violence surprenante ou une paix éphémère. Du coup le chef de l’Etat ne représente pas le danger de l’avenir du Sénégal. Contrairement à la nomenklatura qui l’entoure dont une bonne partie est composée de jeunes obsédés en amont par deux choses principales - la prise du pouvoir et l’argent. Arrivés au pouvoir ces jeunes ne pensent qu’à piller ou encore « à rattraper le temps perdu sur les bancs publics. » Les indiscrétions sorties du palais décrient en force deux choses les concernant : la première est leur incapacité d’initiative alors qu’ils étaient attendus comme force de propositions face à l’obsolescence de la machine cacique. Il n’en a rien résulté. La seconde est la rapidité avec laquelle se sont construites leurs grosses fortunes entre 2000 et 2010 ; certains disent que l’étendue de leur pillage est même supérieure à celui des hiérarques qui ont exercé de 1960 à 2000 dans la sphère de l’Etat. Nous sommes face à une république qui a bradé les valeurs de l’Etat. La République semble se conformer à un danger que ces acteurs principaux ont construit pendant quarante ans mettant ainsi en péril une jeunesse sénégalaise sans repère positif, sans projet et qui se rue sur toutes les facilités comme un charognard. Il ne s’agit pas de toute la jeunesse sénégalaise, car il existe une autre catégorie méritante et en très petit nombre qui n’a aucune force « sur laquelle s’appuyer » si ce n’est celle du mérite.
Une jeunesse en asthénie.
Le jeune sénégalais illettré ou lettré est aspiré par l’idée de réussite tous azimuts à l’instar d’avoir un poste politique qui est un tremplin vers des jours meilleurs. Son raisonnement reste figé dans l’ensemble par l’idée de réussite par toutes les voies nécessaires, être par exemple un homme politique. Des aînés leur ont inculqué l’idée selon laquelle politicien est un métier plus valorisant que d’autres métiers comme forgeron, enseignant des lycées, des collèges et des universités, médecin, infirmier, journaliste ou plombier... La politique a pris le dessus sur toutes les valeurs sociétales du pays. Le diplôme n’a aucune valeur sociale ou scientifique. La formation du jeune se fait au rabais et sans véritable projet d’avenir. Pour le jeune docteur en médecine, sciences humaines, sciences juridiques et économiques, son diplôme n’est qu’un critère d’identification élitiste. Après six ans d’études, le jeune docteur est obsédé par deux choses : s’intégrer dans un corps de recherche et/ou avoir un poste d’enseignant dans une université afin d’influencer et de faire du chantage insoutenable auprès d’un « grand-frère » premier ministre, ministre, directeur général d’une société. Voici le tremplin dont je parle ci-dessus. Ses objectifs sont atteints par des méthodes pernicieuses à l’instar du fétichisme, les loges et d’autres... templiers du vendredi qui emplissent les capitales régionales du pays. Ces confréries participent pleinement à la déperdition de la jeunesse Sénégalaise. L’origine maçonnique au sens occidental et oriental n’existe plus. Il s’agit maintenant de faire croire à longueur de journées, que pour devenir riche et un « grand homme politique » ces loges confrériques heu !… pardon maçonnique sont des voies incontournables.
Ces vendeurs d’illusions s’exhibant avec grosses voitures et turbans ne sont en réalité que des coquilles vides sur le plan intellectuel et scientifique. Ce sont essentiellement des parvenues et des prostitués de la République qui ne cessent de polluer la société Sénégalaise Quand sera-t-il temps de faire comprendre aux jeunes qu’une loge maçonnique au sens occidental et oriental n’est pas un jeu ; c’est toute une culture ? Où sont passées nos puissances ancestrales, nos propres traditions telles « le Penthie », « le Xamb », « le Fédé », L’abandon de nos villages n’est-il pas le leitmotiv de cette déperdition culturelle ? Un « baol baol » par exemple, peut-il aspirer ou espérer un pouvoir sans appartenir à une dépendance confrérique ? A la fin des années 1970 et le début des années 1980 la mode au sein du pouvoir était de s’approprier nos valeurs culturelles par exemple toutes les élites qui gravitaient autour du chef de l’Etat pour s’attirer ses bonnes grâces n’hésitaient pas à s’initier aux valeurs de la tradition.
Le jeune sénégalais doit comprendre que pour avoir une vie bien remplie ce n’est pas difficile ! Il faut exiger des pouvoirs publics une bonne politique sanitaire, immobilière, scolaire et des infrastructures (routières, portuaires et ferroviaires). Il faut faire comprendre aux hommes politiques sénégalais que c’est l’Etat qui construit des logements et non le fonctionnaire. Le salaire du fonctionnaire sert normalement à payer mensuellement son loyer offert par les pouvoirs publics, à subvenir aux besoins quotidiens, à s’acheter un véhicule, investir ou encore une maison auprès des agences immobilières grâce à la mise en place d’une bonne politique des crédits auprès des banques. Comment faire comprendre au système en place que le meilleur développement est celui de l’abandon de la conception inégalitaire de la distribution des revenus ? Il n’est de secret pour personne que 0,2% de la population active encaisse les salaires les plus élevés. Un salarié sénégalais payé au SMIC gagne 180 fois moins qu’un simple ministre sénégalais. Sans ces choses aussi simples, le jeune sénégalais vivra toujours dans des rêves schizophrènes.
Une jeunesse sénégalaise ignorante de ses devoirs et ses droits.
Les mentalités actuelles rétrogrades qui polluent la jeunesse sénégalaise sont un vrai danger pour l’avenir du pays. On ne peut pas parler de relève saine avec de tels comportements. Tant que les ministres et autres hauts cadres de la République qui assurent la gestion de l’Etat ne montreront pas de bons exemples aux jeunes, le pays se dirigera tout droit vers un avenir incertain. Travailler dans un cabinet présidentiel ou ministériel n’est pas une fin en soi. « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées » ; le jeune sénégalais doit comprendre que « la chose la plus importante à toute la vie est le choix du métier : le hasard en dispose » (Florian, Fables) et « qui a métier a rente. Il n’est de si petit métier qui ne nourrisse son maître. Bon est le métier dont on peut vivre. Il n’y a point de sots métiers, il n’y a que de sottes gens. Chaque métier a son fonds d’or. Tout homme qui ne donne pas un métier à ses enfants, les prépare à une mauvaise vie » (Pascal, Pensées).
Le jeune sénégalais ignore ses droits et devoirs offerts par la nation. En effet, accepter d’exercer une activité de professeur des lycées et collèges ou d’enseignant et chercheur dans une université ou un institut de recherche pendant un ou deux ans sans moindre salaire est une ignorance manifeste. Les jeunes sortants des écoles doivent savoir qu’ils ont des institutions judiciaires telles que la Cour administrative et les tribunaux qui sont là pour les défendre. Il faut avoir le courage d’aller y porter plainte. Honte à l’Etat qui agit à leur égard comme un Etat voyou en les faisant travailler sans revenus. Au regard de nombreuses aides dont bénéficient le Sénégal et sa population insignifiante, ce pays n’a pas besoin de telles injustices sociales. On peut réussir sa vie sans être frater. Il faut condamner avec toute l’énergie nécessaire l’exhibitionnisme confrérique ainsi que la prostitution intellectuelle et charnelle qui pollue la jeunesse sénégalaise. La richesse culturelle et traditionnelle de nos villages existe et elle a besoin du soutien des jeunes qui doivent rester digne et intègre.
Au combat contre l’égocentrisme des vendeurs d’illusion !
Réussir au XXIème siècle ne nécessite pas une initiation aux loges confrériques. Il faut combattre la politique actuelle de recrutement. Il n’est pas normal pour un pays comme le Sénégal de laisser le Ministère de la fonction publique avec autant de pouvoirs. Les concours de recrutement actuels sont de véritables tricheries intellectuelles et scientifiques. Ce ne sont pas des meilleurs jeunes diplômés qui y accèdent. J’ai un ami qui a eu le privilège et la naïveté de passer en 2002-2003 le concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration du Sénégal. Son constat a été acerbe. Pendant son passage des épreuves écrites il a vu des compatriotes, des jeunes filles pour la majorité rendre des copies vierges et elles ont été déclarées admissibles et admises à l’issue des épreuves orales. Beaucoup d’entre elles travaillent et occupent de fonctions importantes dans des régies financières du pays à l’instar du ministère des finances, des trésors publics et la douane sénégalaise. Elles sont devenues des agents inéluctables dans l’obtention par exemple d’un poste budgétaire. Le jeune douanier français ou américain se distingue du douanier sénégalais par sa réussite saine. Le jeune douanier sénégalais après trois mois de travail, il raisonne déjà en termes de million et de luxe prolixe.
Une éducation des jeunes filles et étudiantes dans les canapés.
L’éducation des jeunes Sénégalaises et sénégalais devient un lieu de la bêtise professorale. De nombreux jeunes sortants des universités et des grandes écoles choisissent de nos jours le métier d’éducateur ou tout simplement d’enseignant comme une zone sécuritaire avec une immoralité accrue qui consacre cette politique éducative du canapé. Lycées, collèges, universités et grandes écoles du pays sont devenus des tribunes où se tiennent au mépris de la loi les exhibitions physiques, le chantage et le harcèlement sexuels. Ces aspects ont été formalisés comme étant les premiers niveaux d’une évolution scolaire où la réussite aux examens est soumise aux fourches caudines d’un système éducatif gagné par une asthénie générale. Certains enseignants sénégalais exerçant dans des collèges et lycées sont fiers d’avoir comme petites copines, leurs propres élèves des classes de cours moyens (CM), de 6ème, 5ème, 4ème en âge de mineur. Que font l’Etat et les parents de ces mineurs ? Rien du tout. Je sais de quoi je parle. Je mets au défi l’enseignant qui viendra démentir mes propos. En effet, ces jeunes filles sont livrées à ces « criminels » sexuels qui polluent à 85% l’éducation nationale. Là encore, la République de l’impunité n’est pas au courant de ces abus. Le ministre actuel de l’Education et de l’enseignement supérieur, universitaire de notoriété n’a aucune solution pour éradiquer cette bêtise colossale éducative et abyssale. Toutes ces pratiques qui ont gangrené le système éducatif du pays sont apparues avec les recrutements massifs d’enseignants aux références et aux aptitudes pédagogiques incertaines et sur lesquelles l’Etat a très souvent fermé les yeux.
Conclusion.
In fine, le jeune Sénégalais vit dans une dyslexie politique et culturelle. De nos jours, le jeune qui refuse d’intégrer une loge confrérique, ne peut aspirer à une réussite sociale. La politique et les loges ont pris le dessus sur toutes nos valeurs traditionnelles. La devise devenue courante au sein de cette jeunesse est « vaut mieux mourir à l’âge de 50 ans riche que mourir à 90 ans et pauvre ».
Au Sénégal, la notion des classes sociales a une forme d’interprétation spontanée. Les hommes politiques sénégalais de tout bord c’est-à-dire opposition et pouvoir sont la première caution de cette perdition. Une partie des intellectuels qui essaie de résister à la terrible machine d’enrôlement, est confinée au dernier rang de la société.
L’éducation des jeunes sénégalaises est menacée par une frange d’enseignants spécialisée dans la politique éducative des canapés. La jeunesse sénégalaise manque de repère positif et elle a besoin comme toute la société d’une éducation politique.
A mon avis la jeunesse sénégalaise face à son devenir, reste permissive sur tous les fronts à partir desquels son changement devrait se construire. Son immaturité s’observe essentiellement au premier poste de la question citoyenne. Elle est déjà happée par le pouvoir ; en persistant, elle sera prise par le pouvoir. N’en déplaise à ceux qui me contrediront, ils doivent savoir comme l’a dit Pierre BIRNBAUM un éminent professeur français de la sociologie politique : « Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde et les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques. »
NIANG Bassirou,
Docteur en Sciences économiques et de gestion Université Gaston berger de Saint Louis
DEA, Sciences des Organisations et des Institutions, Université Montpellier3
DESS, Management des affaires, Université Montpellier1
bibassniang30@hotmail.com