Le Père et le Fils…, notre droit de réponse à Karim Wade !


«Que servirait-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme» (Marc 8, 36). Léon Tolstoï, dans un de ses ouvrages, nous raconte l’histoire d’un riche fermier russe qui avait entendu dire que dans une tribu très lointaine, il y avait des terres fertiles qu’on pouvait se procurer à très bas prix. Cet homme, ayant réalisé toute sa fortune, alla trouver le chef de la tribu. Pour la somme qui était proposée, le chef de la tribu lui dit qu’il pouvait partir le matin au lever du soleil et jalonner sa route. Tout ce qui serait à l’intérieur lui appartiendrait, à la condition qu’il soit revenu avant le coucher du soleil.

L’affaire conclue en ces termes, l’homme partit dès l’aurore d’un pas pressé, jalonnant sa route, allant de plus en plus vite, convoitant ces terres fertiles. Le soleil montait. Quand il fut arrivé au zénith, notre homme n’avait pas encore atteint la moitié de son but. Il a hâté le pas, s’est presque mis à courir, puis a amorcé son retour alors que le soleil avait déjà amorcé sa courbe descendante. En revenant, il a vu un bosquet et un terrain qu’il convoitait ; il les a contournés et jalonnés. Et le soleil descendait de plus en plus vite. Notre homme, puisant dans ses dernières ressources, s’est mis à courir, à courir. Au moment où le soleil se couchait, il arriva devant le chef de la tribu. Mais là, comme le soldat de la bataille de Marathon, il est tombé mort. Lui qui voulait tant de terres, un trou d’un mètre cinquante lui suffisait maintenant ! (extrait d’un prêche de Fernand Legrand)

Moumen Diouri dans son ouvrage A qui appartient le Maroc, a théorisé l’appauvrissement des populations comme moyen de domination. Il y décrit comment par l’entremise de l’Omnium nord africain (Ona), Hassan II a réussi à faire main basse sur toutes les richesses de son pays, appauvrir les populations et les maintenir ainsi en situation d’asservissement. L’adage ne dit-il pas que «ventre vide n’a point d’oreilles».

Au Sénégal nous avons «nos Ona». On pourrait les appeler Anoci ou encore Apix ou tout simplement «Haute autorité…». Mais les prédateurs oublient souvent que l’excès d’ambitions est la mère des échecs.

Quelques exemples : échec dans la gestion de l’Anoci, échec politique lors des dernières élections locales, échec dans le cadre des constructions des infrastructures routières, scandales financiers à répétition dans ce qu’il est convenu d’appeler la coopération internationale et qui n’est en fait qu’un système de collecte de dons et autres prêts nébuleux non contrôlés, échec patent de la gestion de l’énergie avec le plan Takoul, et enfin échec même dans l’ultime tentative de victimisation.
Au vu de tout cela, on peine à comprendre que Abdoulaye Wade veuille, à tout prix, nous faire croire aux capacités exceptionnelles de son fils à manager les affaires de l’Etat.

Contrairement à ce que plusieurs pensent ou répètent par suivisme, j’ai toujours eu la conviction que Abdoulaye Wade n’était pas intelligent. Rusé peut-être, mais pas intelligent. Autrement comment accepter, qu’il ignore à ce point la psychologie du peuple sénégalais ? Comment un homme, après avoir été porté à la tête d’un pays, peut penser que ceux-là qui l’ont choisi sont incompétents au point de ne pouvoir diriger un ministère ?

Wade a dit lui-même qu’au début il voulait avoir un gouvernement restreint ; mais qu’à la pratique, il s’est rendu compte qu’aucun Sénégalais ne pouvait exécuter le travail qu’il voulait leur confier. Il a fallu donc qu’il multiplie les postes afin d’alléger le travail à ces incapables. Le seul à même d’abattre avec brio la masse de travail d’un vrai ministre de Wade, c’est son fils. Résultat des courses, il lui confie tout.

Wade ne le sait peut-être pas, ou feint-il de l’ignorer, mais nous étions là depuis le début. En 1988, alors qu’il était jugé pour le flagrant délit le plus long de l’histoire du Sénégal (dixit son avocat Me Francis Szpiner), nous nous levions à 4h du matin, quittions le campus universitaire et essayions de déjouer la vigilance des policiers pour nous rendre au Palais de justice, lui apporter notre soutien. Nous y avons rarement vu de vrais jeunes militants du Pds à l’époque. Nous n’y avons non plus jamais vu le fils, qui aujourd’hui, clame fièrement qu’il ne peut laisser le père aller seul à Benghazi. Nous lui signalons qu’à l’époque son père courrait un danger beaucoup plus grand et qu’il était volontairement absent. Nous y avons quand même aperçu une fois Syndiély le bras levé en signe de victoire.

Les psychanalystes devraient se pencher sur les rapports entre le père et le fils. Il y a comme qui dirait un complexe d’Oedipe non résolu. C’est peut-être cela qui expliquerait le désir ardant de plaire à la mère et qui est traduit par cette phrase assez complexe à décoder : «…, je dirais à ta maman que tu as bien travaillé.»

Toute lecture au second degré de la relation entre le père et le fils fait penser que Abdoulaye et Karim se haïssent. Autrement comment comprendre les mauvais traitements qu’ils s’infligent l’un et l’autre ? On ne peut aimer son enfant et l’exposer autant que Wade le fait ; et on ne saurait aimer son père en le poussant à saborder 26 années de haute lutte et de gloire.

En moins de dix ans, la présence du fils a fait perdre au père presque la moitié de son potentiel sympathie et mis en lambeau une œuvre de plus d’un quart de siècle ; fruit d’un travail acharné.
Le père, en confiant au fils des missions dont il sait qu’il n’en a ni les compétences ni le courage, ne cherche-t-il pas à le punir pour sa longue absence à ses côtés durant sa lutte pour l’accession au pouvoir ?

Le fils, en encourageant un père avide d’éloges et qui n’est plus très lucide, à toujours aller dans des impasses, par des prises de décisions impopulaires, ne cherche-t-il pas à se venger d’un vieux père qui l’a souvent abandonné au profit d’une lutte qui n’était pas la sienne ?

Théodore MONTEIL
Dno Union citoyenne Bunt Bi
Membre de Bennoo Siggil Senegaal
Vendredi 8 Juillet 2011
Theodore.MONTEIL