Le Nobel de médecine arrive trois jours trop tard pour Ralph Steinman


Le Nobel de Médecine est arrivé trois jours trop tard pour l'un des trois lauréats, le Canadien Ralph Steinman, décédé vendredi d'un cancer du pancréas et dont les recherches lui avaient permis de lutter contre sa propre maladie.

Ce natif de Montréal âgé de 68 ans a été récompensé lundi par l'académie suédoise avec l'Américain Bruce Beutler, 53 ans, et le Français Jules Hoffmann, 70 ans. Les trois hommes ont été honorés pour leurs travaux sur le système immunitaire.

Peu après l'annonce du comité Nobel, l'Université Rockefeller de New York, où Ralph Steinmann travaillait, a annoncé qu'il était décédé le 30 septembre.

L'université a souligné que le biologiste cellulaire avait pu combattre son cancer et prolonger sa vie en appliquant les résultats de ses recherches.

L'académie suédoise n'était pas au courant du décès du Dr Steinman mais a assuré que cela ne remettait pas en cause le prix.

Comme depuis plusieurs années il savait être sur la short list pour le Nobel en raison de ses travaux déjà reconnus sur le système immunitaire, nous avons plaisanté, lui disant de tenir bon jusqu'à lundi, jusqu'à l'annonce du Nobel, a raconté sa fille, Alexis Steinman, à l'AFP.

Les travaux du Dr Steinman ont mis en évidence l'importance clé des cellules dendritiques du système immunitaire pour lutter contre les tumeurs, les maladies auto-immunes et les infections, y compris le virus du sida.

Les recherches de Ralph Steinman ont établi les fondations de nombreuses découvertes en immunologie, conduisant à de nouvelles approches innovatrices pour traiter le cancer, des maladies infectieuses et des troubles du systèmes immunitaire, a souligné le président de l'Université Rockefeller, Marc Tessier-Lavigne.

Né le 14 janvier 1943, Ralph Steinman obtient en 1963 un diplôme de l'université McGill à Montréal puis de médecine de l'université américaine Harvard en 1968.

Après avoir achevé son internat au Massachusetts General Hospital de Boston, il rejoint l'Université Rockefeller en 1970.

L'Américain Bruce Beutler, père de trois enfants adultes dont aucun n'est scientifique, se partage le prix avec le Français Jules Hoffmann pour des travaux sur le système immunitaire inné. Ils ont découvert des protéines qui reconnaissent les micro-organismes infectieux et activent le système immunitaire.

Je suis, bien sûr, absolument ravi mais ça n'a pas été une surprise totale car il y a généralement des signes les années précédentes, a dit M. Beutler interrogé par l'AFP.

Mais quand la nouvelle est arrivée j'étais un peu incrédule... et ça semble encore comme un beau rêve, a-t-il poursuivi.

Ce chercheur a aussi rendu hommage à son père qui a inspiré sa vocation scientifique probablement dès l'âge de six ou sept ans, l'emmenant dans son laboratoire dès 14 ans.

Bruce Beutler dit également avoir bien connu Ralph Steinman rencontré à l'Université Rockefeller il y a près de trente ans.

Je pense que c'est une grande tragédie qu'il n'ait pas pu vivre assez longtemps pour savoir qu'il avait eu le prix Nobel, a-t-il déploré. Alexis Steinman a raconté que son père espérait décrocher le Nobel mais ne pensait plus pouvoir l'avoir.

Après un diplôme de la faculté de médecine de Chicago et une année d'internat à l'Université du Texas, le Dr Beutler a travaillé à l'Université Rockfeller puis au Scripps Research Institute en Californie où il dirige le département de génétique.

Le biologiste français Jules Hoffmann a montré l'importance d'une première ligne de défense contre les micro-organismes en étudiant le système immunitaire de la mouche du vinaigre.

Son père, professeur de sciences naturelles à Luxembourg et collectionneur d'insectes, lui a communiqué sa passion des insectes, raconte-t-il dans une biographie.

( AFP )
Lundi 3 Octobre 2011