DAKARACTU.COM - Tout le monde, au sein du Mouvement des forces vives du 23 juin (M23), fait semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Sans doute pour remporter la guerre psychologique qui l’oppose au pouvoir d’Abdoulaye Wade, le M23 affiche une unité qui n’est que de façade.
Querelles de leadership, chocs d’égos, dissensions sur les actions à mener… Le M23 est miné par les travers qui vicient tous les grands ensembles. Regroupement d’organisations hétéroclites animées de calculs variés voire contradictoires, le mouvement cimenté par l’opposition de ses composantes à toute modification de la Constitution et à un troisième mandat de Wade est un mastodonte au fonctionnement lourd et à la décision laborieuse.
Les deux principaux camps qui y cohabitent vivent dans une méfiance l’un envers l’autre. Les partis politiques refusent d’y être dilués et surpassés en visibilité par les organisations de la société civile. Les secondes veillent à ne pas être phagocytées voire instrumentalisées par les premiers. Le 12 août, à la veille du séminaire destiné à définir une stratégie et une structure au M23, Bennoo Siggil Senegaal, la principale coalition politique membre du mouvement, a convoqué une « réunion d’harmonisation des positions. » Au cours de ce conclave, Bennoo a réfléchi sur les moyens de maintenir l’influence des organes du M23 en dessous de celle des dirigeants de partis. Et a décidé que le mouvement devait être dirigé par une structure légère, un comité de coordination de vingt membres dont la présidence tourne au gré des réunions. Cette manœuvre destinée à empêcher l’émergence d’une personnalité charismatique s’est heurtée à une résistance au cours du séminaire. Emmenée par Penda Mbow, la société civile a insisté pour qu’une de ses figures, en l’occurrence Alioune Tine, leader de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), soit porté à la tête du comité de coordination. Les représentants de Bennoo s’y sont opposés. Un compromis a été trouvé : élever Tine et Amath Dansokho au rang de figures symboliques duM23. Les leaders des partis politiques membres du mouvement vivent très mal la montée en puissance de l’activiste des droits de l’homme, Alioune Tine. Ils lui reprochent en privé de trop apparaître dans les médias. Et disent mezza voce qu’il prend trop de libertés, trop d’initiatives comme sa rencontre de fin juillet avec la délégation de l’Union européenne.
Le 6 août, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor, ténors de l’opposition regroupée au sein de Bennoo, n’ont pas fait partie de la délégation qui a rencontré à Touba le khalife général des mourides, Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké. Pour ne pas avoir à se ranger derrière Tine, chef de délégation et porte-parole du jour ? Dakaractu.com est en mesure de révéler que le matin de ce jour, l’ordre protocolaire de la visite défini la veille a été bouleversé par les politiciens qui ont estimé que ce sont huit représentants de leurs chapelles, et non Tine seulement, qui devaient prendre la parole. Le candidat indépendant Ibrahima Fall a rétabli le statu quo ante, qui a asséné : « Si tous ces orateurs doivent prendre la parole, je doute que le marabout ait le temps de les écouter tous. Et puis cette dispersion risque de donner une mauvaise image du mouvement. »
Pareils cafouillages découlent de la discordance des fonctions secrètes que ses membres assignent au mouvement. Alors que la société civile y voit une plateforme pour défendre des principes démocratiques, les partis politiques le perçoivent comme un tremplin pour être projetés sur les hauteurs du pouvoir.
Mais la plus grave menace à la cohésion du M23 réside dans les dissensions sur la stratégie à adopter. Au sein de Bennoo Siggil Senegaal déjà, des divergences marquées risquent de conduire à l’éclatement. Un courant de plus en plus radical menace son unité. Portée par des politiques membres de Bennoo et par des personnalités de la société civile (Mame Adama Guèye, Imam Mbaye Niang, Penda Mbow, Mamadou Lamine Diallo, Dialo Diop…), Alternative 2012 milite en faveur d’une ouverture de la compétition pour la candidature à des non-politiques. Réunis en séminaire le 15 août, les animateurs de ce courant ont fait le constat de l’échec des discussions qu’ils avaient entreprises avec les leaders de Bennoo Siggil Senegaal. Résolus à ne pas se fondre dans des partis politiques, les membres d’Alternative 2012 sont convenus d’ouvrir un second round de discussions avant de choisir la conduite à tenir. Vont-ils se démarquer comme « Y en a marre » ? La force populaire la plus en vogue du M23 mène ses actions en solitaire. Après s’être abstenu de faire partie de la délégation qui a effectué le 6 août le déplacement sur Touba, le mouvement dirigé par les rappeurs Fou Malade, Thiaat et Kilifeu s’est rendu seul au ministère chargé des Elections pour déposer un mémorandum demandant la prorogation de 45 jours du délai d’inscription sur les listes électorales qui devait prendre fin le 16 août à minuit.
S’il tente de parler d’une même voix, le M23 ne regarde pas dans la même direction. Survivra-t-il aux dissensions appelées à s’aggraver au fur et à mesure qu’approchera la présidentielle de février 2012 ?
Querelles de leadership, chocs d’égos, dissensions sur les actions à mener… Le M23 est miné par les travers qui vicient tous les grands ensembles. Regroupement d’organisations hétéroclites animées de calculs variés voire contradictoires, le mouvement cimenté par l’opposition de ses composantes à toute modification de la Constitution et à un troisième mandat de Wade est un mastodonte au fonctionnement lourd et à la décision laborieuse.
Les deux principaux camps qui y cohabitent vivent dans une méfiance l’un envers l’autre. Les partis politiques refusent d’y être dilués et surpassés en visibilité par les organisations de la société civile. Les secondes veillent à ne pas être phagocytées voire instrumentalisées par les premiers. Le 12 août, à la veille du séminaire destiné à définir une stratégie et une structure au M23, Bennoo Siggil Senegaal, la principale coalition politique membre du mouvement, a convoqué une « réunion d’harmonisation des positions. » Au cours de ce conclave, Bennoo a réfléchi sur les moyens de maintenir l’influence des organes du M23 en dessous de celle des dirigeants de partis. Et a décidé que le mouvement devait être dirigé par une structure légère, un comité de coordination de vingt membres dont la présidence tourne au gré des réunions. Cette manœuvre destinée à empêcher l’émergence d’une personnalité charismatique s’est heurtée à une résistance au cours du séminaire. Emmenée par Penda Mbow, la société civile a insisté pour qu’une de ses figures, en l’occurrence Alioune Tine, leader de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), soit porté à la tête du comité de coordination. Les représentants de Bennoo s’y sont opposés. Un compromis a été trouvé : élever Tine et Amath Dansokho au rang de figures symboliques duM23. Les leaders des partis politiques membres du mouvement vivent très mal la montée en puissance de l’activiste des droits de l’homme, Alioune Tine. Ils lui reprochent en privé de trop apparaître dans les médias. Et disent mezza voce qu’il prend trop de libertés, trop d’initiatives comme sa rencontre de fin juillet avec la délégation de l’Union européenne.
Le 6 août, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor, ténors de l’opposition regroupée au sein de Bennoo, n’ont pas fait partie de la délégation qui a rencontré à Touba le khalife général des mourides, Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké. Pour ne pas avoir à se ranger derrière Tine, chef de délégation et porte-parole du jour ? Dakaractu.com est en mesure de révéler que le matin de ce jour, l’ordre protocolaire de la visite défini la veille a été bouleversé par les politiciens qui ont estimé que ce sont huit représentants de leurs chapelles, et non Tine seulement, qui devaient prendre la parole. Le candidat indépendant Ibrahima Fall a rétabli le statu quo ante, qui a asséné : « Si tous ces orateurs doivent prendre la parole, je doute que le marabout ait le temps de les écouter tous. Et puis cette dispersion risque de donner une mauvaise image du mouvement. »
Pareils cafouillages découlent de la discordance des fonctions secrètes que ses membres assignent au mouvement. Alors que la société civile y voit une plateforme pour défendre des principes démocratiques, les partis politiques le perçoivent comme un tremplin pour être projetés sur les hauteurs du pouvoir.
Mais la plus grave menace à la cohésion du M23 réside dans les dissensions sur la stratégie à adopter. Au sein de Bennoo Siggil Senegaal déjà, des divergences marquées risquent de conduire à l’éclatement. Un courant de plus en plus radical menace son unité. Portée par des politiques membres de Bennoo et par des personnalités de la société civile (Mame Adama Guèye, Imam Mbaye Niang, Penda Mbow, Mamadou Lamine Diallo, Dialo Diop…), Alternative 2012 milite en faveur d’une ouverture de la compétition pour la candidature à des non-politiques. Réunis en séminaire le 15 août, les animateurs de ce courant ont fait le constat de l’échec des discussions qu’ils avaient entreprises avec les leaders de Bennoo Siggil Senegaal. Résolus à ne pas se fondre dans des partis politiques, les membres d’Alternative 2012 sont convenus d’ouvrir un second round de discussions avant de choisir la conduite à tenir. Vont-ils se démarquer comme « Y en a marre » ? La force populaire la plus en vogue du M23 mène ses actions en solitaire. Après s’être abstenu de faire partie de la délégation qui a effectué le 6 août le déplacement sur Touba, le mouvement dirigé par les rappeurs Fou Malade, Thiaat et Kilifeu s’est rendu seul au ministère chargé des Elections pour déposer un mémorandum demandant la prorogation de 45 jours du délai d’inscription sur les listes électorales qui devait prendre fin le 16 août à minuit.
S’il tente de parler d’une même voix, le M23 ne regarde pas dans la même direction. Survivra-t-il aux dissensions appelées à s’aggraver au fur et à mesure qu’approchera la présidentielle de février 2012 ?