La tension monte au Sénégal


La tension monte au Sénégal
A un mois du premier tour de la présidentielle du 26 février, la tension monte au Sénégal où le Conseil constitutionnel doit dire vendredi si la candidature contestée du chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade fait partie de celles retenues, au risque de provoquer des réactions violentes.

Signe des craintes de violences suscitées par la décision des cinq "sages" du Conseil constitutionnel, le gouvernement a interdit les manifestations politiques de jeudi, dernier jour de dépôt des candidatures, jusqu'à lundi. Les leaders d'opposition rassemblés au sein du Mouvement du 23 juin (M23), ont dénoncé "l'illégalité" de cette décision "qui viole les libertés", et appelé "le peuple sénégalais à une résistance active".

"Coup d'Etat constitutionnel"
Ils ont réaffirmé leur rejet de la nouvelle candidature de M. Wade et "leur détermination à s'opposer à toute forfaiture et à tout coup d'Etat constitutionnel" que serait, selon eux, la validation de sa candidature. Selon Amnesty International, "il n'y a pas de justification apparente à cette interdiction qui porte atteinte au droit de manifester pacifiquement". Il s'agit d'une "décision des plus inquiétantes", affirme l'organisation, ajoutant que "le potentiel de déstabilisation est immense".

Mission d'observation
C'est dans ce climat d'anxiété que l'Union européenne (UE) lance jeudi sa mission d'observation du scrutin, composée de 90 membres, la première de cette importance au Sénégal, pays jusqu'alors considéré comme un modèle de démocratie en Afrique.

Opposition
Depuis des mois, la candidature du président Wade, 85 ans, au pouvoir depuis douze ans, cristallise toutes les oppositions, non seulement de ses adversaires politiques traditionnels, mais aussi de mouvements de la société civile. L'un d'eux, "Y'en a marre", créé il y a un an par des jeunes, dont les membres d'un groupe de rap, a renforcé la vague "anti-Wade" par sa capacité de mobilisation grâce à des initiatives originales comme "la foire aux problèmes" exposant les maux de leur pays: chômage, coupures d'électricité, coût de la vie.

"Non à la candidature de Wade"
Débat autour de la Constitution "Y'en a marre", avec d'autres organisations et partis politiques, fait partie du M23, créé juste après ce jour d'émeutes à Dakar en 2011 qui ont éclaté pour dénoncer un projet de loi visant à faire élire le président au premier tour avec un minimum de 25% de voix, retiré sous la pression. Depuis, le M23 organise chaque mois des rassemblements pour dire "Non à la candidature de Wade" jugée anticonstitutionnelle, la plupart du temps contrebalancés par des rassemblements du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir).

Rétablissement du septennat
Elu en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans après une réforme constitutionnelle en 2001 instituant un quinquennat renouvelable une fois, M. Wade se représente pour sept ans après le rétablissement du septennat en 2008, à la suite d'une nouvelle réforme constitutionnelle. Pour ses opposants, il se présente à un troisième mandat illégal, mais ses partisans affirment que le décompte doit se faire à partir de la première réforme constitutionnelle de 2001 instituant le quinquennat et qu'il s'agit donc d'un second mandat conforme à la Constitution.

Inquiétude à l'étranger
La tension actuelle, renforcée par des violences politiques qui ont déjà fait un mort et plusieurs blessés en décembre à Dakar, inquiète à l'étranger. L'ONU a appelé à un scrutin "apaisé", l'UE a jugé "essentiel d'empêcher tout acte de violence" et les Etats-Unis ont jugé "regrettable" que M. Wade se représente au lieu de prendre sa "retraite pour protéger et soutenir une bonne transition" au Sénégal. La France a dit avoir "certaines craintes".

Candidats
Parmi les principaux candidats figurent trois ex-Premiers ministres de M. Wade devenus opposants, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall, ainsi qu'Ousmane Tanor Dieng, leader du Parti socialiste (PS). Egalement en lice, la star de la chanson et homme d'affaires Youssou Ndour, lui aussi opposé à la nouvelle candidature d'Abdoulaye Wade. (afp/afo)
Jeudi 26 Janvier 2012
AFP




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